Originaire de la grande métropole de Kumba, si ma mémoire ne me trahit pas, Super Makia de son vrai nom Mbeng Jocop Makia, est l’un des colosses légendaires du Cameroun des années 70 et 80. Mort tout récemment en 2019, il était héritier spirituel de Joseph Bessala, son idole, il est mort comme ce dernier dans l’oubli et la disette. En effet l’homme avait émergé de façon éblouissante sur la scène sportive, fascinant dès ses débuts avec son corps luisant, musclé et taillé pour l’exploit. Dans la catégorie des poids lourds, sa petite taille n’était nullement un handicap, mais plutôt une singularité qu’il transcendait par des mouvements d’une intelligence rare, guidés par une force et une forme physique sculpturales.
Lors des fêtes, Makia devenait la star de l’événement, accomplissant des scènes extraordinaires comme tirer des voitures à l’aide de ses dents ou se faire briser de grandes pierres sur la poitrine. Précurseur de l’haltérophilie, son nom reste gravé dans les mémoires, même si, pour beaucoup, il n’aurait pas été rappelé sans cette photo qui a resurgi sur les réseaux sociaux depuis hier. Dans le panthéon des personnalités des arts et de l’haltérophilie, omettre Super Makia, le champion d’Afrique, serait impensable.
Ce sport olympique, qui demande de soulever des charges titanesques à l’aide de masses de fer, trouve en lui un maître incontesté. L’épaulé-jeté et l’arraché, ces mouvements qui définissent la discipline, étaient pour lui des jeux d’enfant. Inégalé dans son art, il s’illustrait aux fêtes nationales tel un héros des jeux olympiques antiques. Pourtant, les origines de Super Makia révèlent qu’il fut d’abord un redoutable boxeur poids lourd. Sa force de frappe, sa technique impeccable et sa vitesse de pointe lui permirent de régner sur cette catégorie. Mais, faute d’adversaires à sa mesure, il se tourna vers des exhibitions spectaculaires.
Longtemps mascotte de la société Guinness Cameroun, il parcourut le pays, symbole vivant de la force et de la résilience, participant à toutes les promotions de la marque. Dans les années 90, sa présence au combat de Catch, alors en vogue, témoignait de sa volonté de combat. Super Makia, véritable sculpture vivante, armure de chair et de muscles, manipulait les objets lourds avec aisance. Sa dimension symbolique dans le monde sportif, particulièrement dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest du Cameroun, reste immense.
Au-delà de ses exploits physiques, il joua un rôle essentiel dans l’animation sportive et le rapprochement des cultures francophones et anglophones. Les fervents d’haltérophilie doivent honorer les pionniers, les initiateurs, les grands dirigeants, et surtout ces athlètes prestigieux qui, par leurs performances et leurs personnalités, ont marqué leur époque et inspiré des générations. Super Makia demeure un phare dans cet univers, une légende vivante dont l’héritage continue de résonner dans les cœurs et les esprits.