La cité de Nkongsamba jadis troisième ville du Cameroun peine de nos jours à se reconstruire. Nostalgique n’est pas ? Chef-lieu du département du Moungo dans la région du Littoral, la cité subit de plein fouet l’exode rural et le manque d’infrastructures économiques. Après Douala et Yaoundé, Nkongsamba suivait le classement des grandes villes dans les années 70 – 80. Cette cité essentiellement agricole a perdu l’essentiel ou la base de son économie vers les années 90 après la chute des prix du café et du cacao, principales richesses de la zone du Moungo à cette époque. En raison de la fermeture des usines de décorticage de ces deux produits agricoles et du départ de leurs promoteurs majoritairement expatriés, l’agglomération a pris un coup sévère.
Entre l’abandon des plantations par les paysans en crise financière et le chômage des conducteurs d’engins qui transportaient les matières agricoles, l’on note également l’arrêt du chemin de fer qui reliait autrefois Nkongsamba et ses environs notamment Loum, Mbanga, Penja, Njombé. À cet effet, le manque d’infrastructures a contraint la jeunesse scolarisée et non scolarisée des lieux à trouver refuge dans les villes de Douala et de Yaoundé, voire à l’extérieur du pays où l’on compte une diaspora importante. La ville n’est plus que l’ombre d’elle-même ; les vieux quartiers laissent des traces d’une situation inamovible où seuls restent quelques parents habitués aux récits des souvenirs du beau temps où Nkongsamba attirait les investisseurs et les visiteurs, curieux de découvrir les attraits de la ville. Pourtant, sur le plan éducatif, des têtes pensantes sont passées par là. Le lycée du Manengouba, le collège Sainte Jeanne d’Arc, les collèges Mbamy Fochada et Lélé ont doté Nkongsamba d’une renommée indéniable sur le plan local et international.
Mais la ville se porte mal aujourd’hui. Outre l’absence des structures génératrices de revenus, les routes sont maintenues dans un état piteux entraînant une bonne dose de poussière en saison sèche et un amas de fange pendant les intenses pluies. Quant aux jeunes issus des familles dépourvues de moyens financiers pour les envoyer hors de la ville, leur sort semble scellé. Pour les uns, les travaux champêtres pour une production minime deviennent l’unique solution ; les autres se livrent à la drogue et au vol. Le métier de conducteur de moto bat son plein. Que il est-il indispensable de faire pour redorer à Nkongsamba son blason d’antan ? Le recours à une politique agricole qui passe par la production en masse des denrées alimentaires (ananas, papaye, plantain, piment, soja, gombo et bien d’autres cultures maraîchères), pourrait susciter l’espoir grâce à la construction des PME capables de les transformer sur place et de les commercialiser au niveau national, sous-régional et continental. D’autant plus que l’agriculture constitue un levier pour l’emploi des jeunes ainsi qu’un élément de poids pour la croissance économique.