Par Marlyse Sinclair
J’ai ressenti le besoin d’éclairer l’opinion en apportant ma part de réflexion à notre cher public, parce qu’il y a trop d’amalgames et une vision défectueuse des personnes qui ont réussi dans notre diaspora. On apprend dans la vie à travailler, à batailler pour avoir. Il existe d’excellents conseils qui montrent comment gérer son argent. L’occident nous donne des prouesses immenses, il n’est point question aux yeux du public d’être perçu comme une personne qui a utilisé le raccourci. Durant des années, une infime partie de l’opinion a ressassé et a fait véhiculer l’idée selon laquelle lorsqu’on était riche en occident, cela signifiait qu’on avait fait de la magie ou qu’on s’était prostitué. Les camerounais occupent la première place dans une telle analyse. Il est clair que cette assertion est vraie dans certains cas. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’il y a des gens qui se battent chaque jour et qui mènent une vie noble et réussie.
Les raisons pour lesquelles, on quitte notre pays ou notre continent sont simples : on espère trouver ailleurs un mieux être, soit sur le plan des études, soit sur le plan professionnel. En dehors de l’Italie, l’Espagne et d’autres pays comme la Grèce, la France, l’Angleterre ou l’Allemagne, les États-Unis et le Canada sont les pays qui ouvrent la porte aux travailleurs. Ce sont donc ces quatre pays qui seront considérés dans mon exposé. Une fois entré dans ces pays, la première remarque que j’évoquerai, c’est le fait que les conditions de vie sont extrêmement rudes. Chaque nouvel arrivant devra s’en rendre compte. Mais avec une persévérance, il verra qu’il y a toutes les possibilités de s’en sortir avec les papiers ou sans papier.
La France, c’est possible. Comment faire ? Il y a d’abord l’information. En occident, lorsqu’on arrive, l’information est capitale, sinon on ne saura où aller et à qui s’adresser. L’information concerne tout : le travail, les papiers, et les milieux à fréquenter, etc. Le travail ne manque pas, mais il est essentiel d’avoir la véritable information et fuir les fantasmes des anciens Parigos qui rendent tout énigmatique. Je parle en d’autres termes du relationnel ; en occident, le relationnel est un impératif. Sans relation sure, on est perdu. Une fois cette étape réussie, on peut bosser dur et gagner sa vie. Bosser et épargner. On peut arriver à tous les sommets sans tricher. J’’ai vu des personnes se construire au Cameroun sans avoir des papiers. Envoyer des voitures, faire venir des frères ou sœurs, mais c’est parce qu’ils avaient une vie rangée. Une personne qui limite ses achats en vêtement, limite ses sorties dans les soirées mondaines, qui a moins d’appels venant du Cameroun, peut s’acheter une maison ou ouvrir son échoppe. Celui ou celle qui mène une vie disciplinée réussit sans avoir recours à la prostitution, et quand cette personne réussit, ne songez pas à des choses louches. Je m’inscris en faux contre cette idée. L’Europe est une opportunité pour les battants.
Ce qui tue les Mbenguistes, c’est la famille africaine qui croit qu’on doit tout leur envoyer, et quand on le fait chaque fois, on est sûr de se retrouver sans rien parce que c’est sans arrêt. Pourtant, si on utilise son argent pour ses propres besoins, on roule carrosse, point besoin d’être louche de faire la prostitution comme les gens aiment dire où penser, l’occident n’est pas l’Afrique, ici il n’y a pas des retards de salaire, dès que tu travailles ton argent, on te paie que tu aies les papiers ou pas, on te paie. Un employé ne s’aventure pas à te priver de ton salaire sous prétexte que tu es sans papiers, c’est lui qui sera dans les problèmes si tu portes plainte. Quand tu réussis en utilisant ton intelligence, on estime que c’est la prostitution, pour les hommes, on croit que c’est un fêtard ou c’est un magicien. Nous sommes généralement de mauvaise foi, l’occident est ouvert à la richesse, celui qui est malin y puise et s’investit dans son pays. Ne passons pas le temps à spéculer au lieu de se pencher sur les potentiels à exploiter. En effet, peu de gens prennent le temps de chercher ce qui fait la force de certaines personnes en occident ou alors leurs atouts intrinsèques.
Une vendeuse de prune dans le 18ème n’est pas à se moquer, il est nécessaire d’aller voir ce qu’elle a construit dans son pays. Les prunes rapportent, mais comme c’est une petite activité, on ne croirait pas à cette vendeuse qui se construit trois étages, on dira tout simplement, « ce sont toujours les prunes qu’elle vend là ? » et pourtant, ce sont bien ces prunes-là qui lui rapportent 300 euros par jour. Je ne sais pas s’il serait nécessaire de fertiliser le corps pour réussir. Il y a des données qui confirment que l’africain a un savoir entreprenant, à l’étranger, que le capital humain est laborieux, que les gens qui sont déterminés s’inventent pour réussir, qu’ils bénéficient grandement de nombreux avantages, de son humanité, qui reprend sa force de caractère héroïque. L’africain est par essence un être héroïque, il a tout bravé jusqu’ici ce n’est pas en temps moderne qu’il sera dépassé.