Mag-Afriksurseine-Mars-2024

CAMEROUN : DOUALA SOUS LA COLÈRE DES CIEUX

Par le Pasteur Roncs Etamé

La ville de Douala a certainement péché. Dieu ne serait pas en accord avec certaines personnes d’entre nous. Et pour cause. Elle s’est retrouvée sous les eaux à la suite des pluies diluviennes et torrentielles qui se sont abattues sur elle durant le week-end du 22 au 23 Juillet 2023. Qui pouvait prévenir ces inondations ? Nous tous. Les inondations ne sont pas nouvelles sous les cieux. Quand Dieu a envoyé les eaux du déluge sur la terre, c’est parce qu’il en avait assez des déviances des humains. Du mal des hommes. Des péchés des hommes. De la désobéissance des hommes. Du non-respect de ses ordonnances. Nous n’en sommes pas si éloignés. Tous les pays du monde ont des problèmes des inondations. Ces problèmes sont distincts selon qu’il s’agisse des grandes métropoles ou des villages.

Les cas récurrents des inondations dans nos grandes villes ont des origines et des conséquences lointaines. Sans doute, faut-il que nous sachions d’où viennent les pluies qui causent ces nombreux dégâts. La pluie nous vient de l’eau des ruisseaux, des rivières et de l’océan. Lorsqu’il fait soleil, une partie de cette eau des ruisseaux, des rivières et de l’océan s’évapore et monte dans le ciel. En altitude, il fait de plus en plus froid. Cette vapeur invisible se transforme en gouttelettes. Elles sont si légères qu’elles restent suspendues dans le ciel. Elles forment les nuages. Vu d’une haute montagne ou d’un d’avion, on dirait une mer de nuages. Lorsqu’il y a du vent, les fines gouttes à l’intérieur du nuage se rassemblent et se collent. Elles deviennent de plus en plus volumineuses et pesantes. Elles ne peuvent plus flotter dans les airs et elles tombent. Ce sont ces gouttes de pluie qui nous retrouvent sur terre et causent ces nombreuses inondations si les eaux ne sont pas bien canalisées.

En vérité, nous sommes tous coupables du non-respect des lois environnementales. Coupables du non-respect des lois et règlements que nous avons adoptées. Nous nous sommes imposé ces lois. Nous sommes, pareillement, les premiers à ne pas les respecter chacun à son niveau. L’occupation des terres est réglementée. Nous sommes les premiers à les occuper de manière anarchique. Cette anarchie se fait avec la complicité des frères et sœurs en charge de délivrer des autorisations d’occupation des terres et des permis de bâtir. L’anarchie est criarde au quotidien. Elle se fait aussi parce que nous contournons volontiers les mêmes lois et règlements que nous avons permis à nos législateurs d’adopter. Nous refusons de nous référer aux architectes et aux ingénieurs aux motifs que nous n’avons pas de moyens. Nous refusons de choisir les architectes compétents pour confier nos projets de construction à nos accointances ou aux relations familiales.

Nous n’avons pas la capacité de nous prévaloir de nos propres turpitudes. Les dispositions provisoires que la mairie de Douala a prises pour parer au plus pressé et sauver les vies humaines à la suite de l’effondrement de l’immeuble auraient pu être évitées. Les seize vies perdues, 21 personnes blessées et cinq aux urgences auraient pu être épargnées. Oui, c’était possible s’il n’y avait pas eu un laisser-aller. Combien de projets de construction de ce genre sont en cours et pour lesquels les initiateurs sont sur le starting block ? Les mairies ont du pain sur la planche si la prise de conscience de la population et des responsables des services compétents n’est pas générale. C’est péremptoire et très facile de affirmer que la faute revient à l’autre. C’est vrai l’enfer, c’est les autres  disait Sartre. A bien y réfléchir, on se doit de s’interroger si les études faites sur l’augmentation de la population ont tenu compte des déplacements des populations à long terme et des éventuelles catastrophes, pandémies et guerre. Par ailleurs, les infrastructures mises en place ont-elles encore la capacité de supporter le volume d’eau et de déchets entraînés par les eaux.

Je suis convaincu que ce n’est pas la bonne foi qui manque. Elle ne manque ni aux leaders encore moins à la population. Nous avons les ingénieurs les mieuxqualifiés au monde. Ils se retrouvent dans tous les domaines. Ils ont été formés dans les meilleures écoles dans le monde et au Cameroun. Ils sont en mesure de faire toutes les études d’impact environnemental dans tous les projets pour lesquels ils sont sollicités. Nous avons la fine fleur des législateurs qui est capable de pinailler sur les détails au mieux des intérêts de la population. La preuve. C’est rarement que nous entendons que les pistes de nos aéroports sont inondées d’eau. C’est dans les cas extrêmes que nous entendons que les pistes d’atterrissage ne sont pas éclairées. Sauf quelques cas rares des oiseaux qui menacent les avions à ces endroits en raison de la proximité des immondices. Ce qui pourrait expliquer cela en un mot comme en deux est que le risque est très longuement mesuré.

Les facteurs de tolérance sont minimisés pour éviter des déconvenues. Il est envisageable d’imposer les mêmes coefficients de sauvegarde quand il s’agit des plans d’aménagement de nos villes et la sécurité de nos infrastructures stratégiques. L’avenir de nos enfants et des générations futures en dépend. Il est temps que nous développions une culture et des réflexes de sécurité. Cela est faisable. Cela est réalisable pour les services de tous et de chacun. L’intérêt collectif devrait être la motivation des Camerounais des villages et des villes. Loin de nous la prétention de donner la liste des solutions. Nous apportons des pistes de réflexions à celles que plusieurs de nos compatriotes n’ont de cesse de claironner. Peut-être qu’à force de répéter, nous allons développer une conscience commune.

Nous vivrions tous en paix et en sécurité si nous y mettions la volonté. Ou alors nous subirons tous chacun à son niveau les conséquences de notre désinvolture et le manque de volonté à adhérer à la sauvegarde de ce qui nous est tous cher. Notre pays. Nos terres. Notre patrimoine commun. C’est à ce prix que les problèmes d’urbanisations qui minent nos villes trouveront des solutions. Si chacun de nous développe sa niche là où il se trouve, il va se sentir dans l’obligation de la défendre bec et ongles. Cela risque de devenir la cour du roi Pétaud – (les mendiants s’étaient nommés un roi des mendiants qui, ne sachant  se faire obéir, crée  une confusion. Le  résultat – Si tout le monde est maître, on ne verra que du sang, des pleurs, des grincements des dents et des pertes en vie humains et des dégâts matériels.

Que Dieu nous vienne en aide.

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