Mag-Afriksurseine-Mars-2024

LES ELITES, l’histoire d’un mot

Le mot élite est peut-être l’un des termes les plus polysémiques, employés dans le débat public. Il est usité pour désigner au sein d’une société un clan de personnes ayant, dans une place prépondérante ou dominante due à certaines qualités valorisées socialement, on peut citer les élites universitaires par exemple ou élite sportive. Par contre pour certains détracteurs, on évoque tantôt pour dénoncer la démission de ceux qui sont censés portés ce statut, et lancé le développement de leur terre d’origine ou pour déplorer la perte de repères moraux et le déclin de valeurs traditionalistes qui font qu’on appelle élite, une personne qui ne mérite pas d’être considérée comme telle tout simplement parce qu’il n’est pas un bon exemple. Mais le mot est ambitieux, peut-être faut-il davantage retracer la véritable histoire de ce mot. Ce que je n’oserai pas. Je ferai exactement un bref aperçu.

Est qualifié d’élite celui qui est meilleur dans un domaine, ça peut être sur le plan du cursus universitaire, et qui occupe un poste important dans l’administration. Ou celui qui a fait un bon commerce et a ouvert une grande boutique qui ravitaille sa contrée en produit agro-alimentaire. Généralement, dans nos petits villages, on qualifie d’élite celui qui arrive au village avec une grosse bagnole, ou alors qui s’est distingué par la construction d’une gigantesque maison. Mais à mon sens, c’est une vue de l’esprit, parce qu’on ramène l’élite à la dimension matérielle. Pour moi, est élite celui qui peut apporter sa contribution au développement de sa région et qui par son action peut impacter par des faits positifs l’amélioration de la vie de ses semblables. Aussi, une personne qui viendrait montrer comment construire un pont pour faciliter la traversée d’un fleuve est une élite, de même le coiffeur qui après de longues années est venu créer un grand champ qui donne des produits vivriers est une élite ou alors celui qui par ses petits motos taxi facilite le transport. On ne peut pas réduire considérablement l’élitisme à une doctrine universitaire.

Pour certains, les élites sont les ressortissantes d’une autre planète surtout les détenteurs de pouvoir. Le problème ici, c’est de savoir si les élites. On les aura sous la main ; on a l’impression que les élites ne se feront voir qu’au soir de leur vie. L’élitisme donne une image, mais ne confère pas le pouvoir, une élite intellectuelle a-t-elle forcément de l’argent pour développer son terroir, on sait qu’il lutte pour sa propre survie. Mais il peut aisément apporter son excellente contribution ne serait-ce que par sa visite. Il peut former intellectuellement les jeunes qui sont autour de lui. Son véritable parcours peut être exactement un archétype pour les autres. C’est la vie réelle qui forge le véritable caractère. Dans le siècle passé, c’est à partir par exemple de l’immense courage d’un Douala Manga Bell que NGosso Din le suit et accepte le destin de son maître, parce que son mentor montre la force mentale qu’il opte pour le sort. Le général de Gaulle dit non et beaucoup de français prennent son chemin. Une véritable élite est modelée et honore sa société. Il peut aisément être courageux qui dit non à une injustice sociale.
Mais aussi, l’élitisme ne se décrète pas, il faut que la société te reconnaisse comme telle. Il est arrivé dans un village qui attendait les élites pour commencer une cérémonie sont arrivés les personnalités à la richesse douteuse, l’éthique doit incarner l’élite.
La capacité intellectuelle ne définit pas la véritable personnalité de l’élite si on a affaire à une personne arrogante, dans nos villages, on a du mal à voir certaines personnes censées être l’élite côtoyer des jeunes de vingt ans, certains critères sont nécessaires pour cela, il faut une évaluation de la personnalité, l’expérience de la vie, la capacité à diriger un groupe.
Une élite doit aider les vastes projets liés à l’éducation, la santé, l’aide sociale le développement rural, mais agir seul est impossible pour les élites, il faut se constituer collégialement, elle vise à fédérer les élites en vue de dégager une synergie pouvant être utile dans la reconstruction de leur région et de son développement durable.

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