Propos recueillis par Adèle Chimène Ekango
La santé mentale, pilier essentiel du bien-être psychologique, physique et social, occupe une place de plus en plus préoccupante dans nos sociétés modernes. Aujourd’hui, les troubles mentaux chez les enfants et les jeunes sont en constante augmentation, avec des chiffres alarmants : sur 16 enfants âgés de 1 à 19 ans, 10 sont touchés par ces maladies. Une réalité qui interpelle et appelle à une réflexion profonde. Pour approfondir ce sujet complexe et bénéficier d’un regard d’expert, nous avons rencontré le Dr Ayissi Ayissi Martial Yannick, chercheur en santé mentale, handicap mental, psychique, gériatrie et gérontologie. Spécialiste habilité et consultant, il partage son temps entre deux facultés : la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines (département de psychologie) et la Faculté des Sciences de l’Éducation (département de l’Éducation Spécialisée). Son engagement est à la fois hospitalier et universitaire. Lors de cet échange enrichissant, voici ce qu’il a déclaré :
« La santé mentale fait partie intégrante du bien-être général et en constitue une composante essentielle. Elle est déterminée par un ensemble complexe de pressions et de vulnérabilités d’ordre individuel, social et structurel. La nécessité d’agir de toute urgence dans le domaine de la santé mentale est évidente. Il existe des stratégies abordables, efficaces et réalisables pour promouvoir, protéger et rétablir la santé mentale. Les problèmes de santé mentale incluent les troubles mentaux, les handicaps psychosociaux ainsi que d’autres états mentaux associés à une souffrance significative, une altération du fonctionnement ou un risque de comportement auto-agressif. Les personnes souffrant de problèmes de santé mentale sont plus susceptibles de ressentir un moindre bien-être, mais cela n’est ni systématique ni inévitable.
L’évolution la plus importante réside dans notre manière d’appréhender les troubles mentaux. Initialement, la psychiatrie était une science essentiellement clinique, où les symptômes servaient à définir des syndromes tels que la dépression ou la schizophrénie. Cependant, il a toujours été difficile, voire impossible, de retrouver des maladies unitaires sous ces syndromes. Aujourd’hui, notre conception des troubles mentaux doit évoluer : il s’agit de les décrire de manière plus fine et, surtout, individualisée. Nous recommandons également aux étudiants de jouer un rôle actif en matière de sensibilisation. Cependant, il est crucial que les étudiants relais gardent une certaine distance émotionnelle. Si l’empathie est essentielle pour offrir une écoute de qualité, il est tout aussi important de ne pas se laisser submerger par l’émotion. Pour cela, une formation est souvent nécessaire, voire fortement recommandée. Par exemple, la formation PSSM (Premiers Secours en Santé Mentale), qui se déroule sur deux jours, permet aux jeunes de se confronter à des cas concrets. »
