Monsieur le Gouverneur,
Je vous écris aujourd’hui à triple titres :
1°) En tant que citoyen camerounais épris de paix et de justice ;
2°) En tant que notable des coutumes Bamileké, clan des 9 notables de Bahouan ;
3°) En tant que descendant de la chefferie Bagam dans le Bamboutos, donc petit-fils Bagam.
Je voudrai d’emblée vous dire, que j’ai été choqué comme des centaines de milliers de camerounais, du ton menaçant et discourtois avec lequel vous avez écrit au monument traditionnel des Bamileké, le Fon de Bamendjou.
Je veux également vous rappeler qu’un représentant du Chef de l’Etat ne peut passer outre les instructions de son chef. Je me réfère aux hautes instructions du Chef de l’Etat, qui vous a sommé de libérer immédiatement Monsieur MOUYEBE ZOSSIE Martin, que vos services, par abus, maintenait en captivité et interdisant formellement toute ingérence de l’autorité administrative et les élites de la Région de l’Ouest dans la crise successorale à Bagam. Comment pouvez-vous qualifier un faussaire de chef légitime ?
Vous semblez ignorer que le document qu’il détient et présente comme testament de feu chef a été déclaré faux par le Tribunal de Grande Instance de Mbouda, qui a constaté que ce document intitulé TESTAMENT ne répond pas à la nomenclature des testaments telles que prévues par les articles 970 et suivants du Code Civil. Dans son jugement N° 12/CIV/TGI du 16 Mars 2023. Je crois qu’à l’issu de ce verdict, votre soi-disant « Légitime » devait être poursuivi pour faux et usage de faux.
C’est lui qui devait être incarcéré et non le chef que le village a choisi. Où tire-t-il sa légitimité à partir du moment, ou les veuves, les collèges des notables tous clans confondus, ne reconnaissent comme chef suivant nos us et coutumes, que celui que vous appelez « usurpateur ». Vous avez vu la réaction du peuple lors de son arrestation, et le défi humain, lors de son retour à la chefferie Bagam ? En matière de testament des chefs, le cas de la chefferie Bandjoun nous parle. Après les consultations d’usage, le testament de feu NGNIE a été rejeté. D’ailleurs, la loi prévoit une consultation des notables habilités et non la lecture du testament.
Je voudrai ici, humblement vous donnez un conseil ; ne provoquez pas un soulèvement du peuple, jaloux de ses us et coutumes. Dites au ministre et à l’homme d’affaires qui tirent les ficelles dans cette affaire, de se ressaisir. Quand le propriétaire vous surprend en train de voler sa chèvre, laisser tomber la corde et fuyez. Les peuples du Cameroun, toutes ethnies confondues, ont marre de voir leurs traditions, us et coutumes, foulés aux pieds par l’administration, au service de quelques riches élites et fonctionnaires, en quête de notoriété qu’ils ne méritent pas. Le Fon de Bamendjou est aujourd’hui la référence et le grand gardien de nos traditions.
Son honnêteté dans la désignation des successeurs des Chefs à l’Ouest n’a jamais varié, IL est respecté par tous pour cela. Un peuple qui n’a plus de tradition de ces ancêtres est un peuple perdu. J’appelle ici formellement les fils et filles Bamileké, à saisir cette occasion pour redonner à nos chefs traditionnels, leur pouvoir confisqué par l’administration. Ce qui se tente à Bagam peut arriver dans tous les villages. Seule l’union des populations derrière leurs chefs légitimes, peut faire reculer les prédateurs, fils de roturiers devenus riches, qui veulent tout contrôler dans leurs villages.
Monsieur le Gouverneur, la longue durée de votre séjour à l’Ouest ainsi que votre origine d’une zone où la tradition est encore respectée, vous commande de dire la vérité à Yaoundé. Réglez cette affaire amiablement pour éviter un soulèvement dans votre région. La réplique à visage découvert des notables de Bagam toutes classes confondues, adressée au préfet des Bamboutos suite à sa correspondance, annonce les couleurs de ce qui risques d’arriver. On ne peut pas vaincre tout un peuple décidé à mourir pour sa tradition. Veuillez agréer, Monsieur le Gouverneur, l’expression de mon profond respect.