Mag-Afriksurseine-Mars-2024

L’ECRIVAIN YANA BEKIMA PARLE DE SON LIVRE « L’EUROPE » 

yaya bekima

Yana Bekima est un écrivain au style fluide et captivant, qui a fait sa renommée avec son roman  » PLEURE Ô ESEKA ». Ce livre a été publié en hommage à la tragédie ferroviaire qui a frappé la ville d’Eseka, plongeant tout le Cameroun dans le deuil. Cette œuvre poignante a marqué les esprits et a poussé l’auteur à écrire un autre ouvrage intitulé « L’EUROPE ». Ce dernier a suscité un vif intérêt, car il aborde la question brûlante de l’immigration qui occupe actuellement une place centrale dans l’actualité européenne. Nous avons eu l’opportunité de rencontrer Yana Bekima et de discuter de son livre. Découvrez ce qu’il a à nous dire à propos de « L’EUROPE ».

Êtes-vous préoccupé par le sujet de l’immigration clandestine qui est actuellement très présent dans les débats ?

En effet, les gens voient juste les bateaux qui arrivent en Europe. L’on ne sait rien des péripéties qui précèdent : l’atrocité du désert, de la mer et autres. J’ai rencontré plusieurs migrants qui ont vécu ce voyage et qui m’ont raconté leurs aventures. Cela marque.

Votre intention à travers cette nouvelle est-elle de dissuader les individus souhaitant immigrer clandestinement ?

Vivre en Afrique peut être très dur. Parfois les gens qui partent ne fuient pas uniquement la guerre. Les causes du départ sont multiples et multiformes, mais la plupart du temps beaucoup cherchent une vie meilleure. Malheureusement, la plupart des personnes en migration choisissent la voie rapide… et parfois fatale…

Quel impact a la situation de la famille restée en Afrique sur les personnes qui ont émigré ?

Cela pèse sur les épaules des nouveaux arrivants qui vivent des moments d’angoisse. Déjà, après quelques mois, les sollicitations des leurs commencent à se multiplier, sans même connaître les réalités en Europe.

Les conflits familiaux sont-ils également abordés dans le contexte de l’Europe dans votre œuvre ?

En effet, plusieurs scènes, dans cette nouvelle, mettent aux prises Koum le héros avec sa famille ; et en l’occurrence avec sa maman Sita Margot, de même avec son épouse Elena. Dans la nouvelle l’on note que les rivalités fraternelles et familiales, la pression exercée par les parents encouragent parfois les migrations clandestines.

Il semble que vous ayez effectué des recherches pour rédiger cette nouvelle, pas vrai  ?

En effet, le narratif de plusieurs personnes migrantes ou en migration qui ont rallié clandestinement l’Europe m’a inspiré et aidé à faire passer le message à travers les personnages et même les émotions aux lecteurs.

Quelles sont les étapes ou les méthodes que vous suivez pour rédiger une nouvelle ?

Écrire une nouvelle, comme le dit l’écrivaine Karine Giebel, c’est tenter en quelques lignes, de donner vie à un personnage, de faire passer au lecteur autant d’émotions qu’en plusieurs centaines de pages. C’est un genre littéraire exigeant, difficile et passionnant.

D’après vous, quelles sont les répercussions de ces migrations sur les individus qui décident de partir ?

Malheureusement elles sont multiples et il y a des conséquences regrettables qui en découlent. Des milliers de perte en vies humaines, avec de nouvelles formes d’esclavage, des conditions lamentables des sans-papiers qui n’ont pas de logement, surtout en hiver, où ils sont condamnés à errer toute la journée et à passer la nuit n’importe où.

Quelles solutions ou stratégies sont envisageables pour remédier à cette situation ?

A mon humble avis, pour résoudre les problèmes migratoires en Afrique Subsaharienne, les gouvernements doivent prendre à bras le corps leurs responsabilités en accélérant l’implémentation des solutions suivantes :

1 – Accentuer la lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes et partout afin de mettre fin à la faim

2 – Créer des opportunités d’emploi aux jeunes, sans discrimination dans les pays d’origine.

3 – promouvoir une politique de répartition égalitaire des ressources

Nous avons perçu une certaine réticence de votre part à l’égard du terme « migrant ».

En effet, ce terme fait référence pour toute personne qui quitte son pays de manière irrégulière. Or ce n’est pas souvent le cas de toutes les personnes qui émigrent. Ce terme efface une multitude d’individualités et de diversité de vécu et colle une identité indélébile liée au mouvement, qui ne reflète pas souvent la réalité ou la volonté des personnes sur l’ensemble de leur parcours de vie.

  Quel est votre point de vue sur le phénomène migratoire ?

Nous n’allons pas ouvrir ici un débat sur les statistiques. Mais nous savons très bien que le nombre de personnes qui tentent de quitter l’Afrique subsaharienne a considérablement augmenté ces dernières années. Il faut dire que certains Européens ont créé une telle misère et d’énormes déséquilibres dans les pays africains, qu’il ne faut pas s’étonner de l’importance de ces flux. L’être humain cherche un endroit où survivre surtout après 400 ans d’esclavage et 350 ans de colonisation.

Quelle est votre opinion sur l’inquiétude identitaire actuellement observée en Europe ?

Je crois qu’il faut d’abord penser aux Africains qui ont vu déferler sur eux un monde qu’ils ne connaissaient pas lorsque les Européens sont arrivés en Afrique. Les Africains qui arrivent en Europe emportent avec eux leur bagage identitaire, ce petit bout d’identité, du moins ce qu’il en reste. Cependant, les Européens ne devraient pas en avoir peur.

Yana Bekima nous  vous remercions

Merci de m’avoir reçu, c’est à moi de remercier www.afriksurseine.com et toute son équipe.

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