Un vibrant témoignage de Samuel Eto’o Fils a profondément touché notre rédaction ce jour sur les réseaux, et nous ne pouvions manquer de le partager, tant il résonne avec une profondeur qui touche l’âme humaine. Ce récit nous révèle le caractère humaniste de l’homme, au cours de sa rencontre dans la vie avec un vieillard inconnu, spectateur silencieux de sa destinée qui à l’époque, était en marche. Nous avons tenter de faire une réécriture de ce vibrant témoignage. Eto’o raconte qu’à l’aube de sa carrière, lorsqu’il signa son premier contrat de football avec le club AVENIR, il fut frappé par la présence constante d’un vieil homme à chacun de ses matchs. À chaque rencontre, sans faillir, ce vieux monsieur se tenait à l’entrée du stade de Bepanda, un vieux discret, mais imposant par la fidélité de son geste.
Et à chaque passant, il murmurait ces quelques mots : « Dites à mon fils Samuel que je suis là pour lui. » Touché par cette attention bienveillante, Eto’o veillait à ce que les portiers laissent entrer cet homme, qui malgré ses 76 ans, se tenait avec peine sur ses jambes fatiguées. Il avait peu de moyens, mais sa présence était une preuve d’admiration qui transcende les âges, un amour inconditionnel pour ce jeune talent. Eto’o, facilitait, son entrée au stade. Un jour, après un match difficile, le vieillard, dans un geste aussi humble que poignant, tendit à Eto’o trois doigts de banane qu’il avait gardés précieusement, Eto’o prit la banane tout en craignant de les consommer. Cet acte, aussi simple soit-il, portait en lui une noblesse rare. L’homme demanda à Samuel de le raccompagner jusqu’à chez lui, ce dernier rentrait toujours à pieds, ému Eto’o le racompagna. Ce jour-là, Eto’o se souvient avoir reçu 1500 FCFA comme prime de match, une modeste récompense pour sa victoire.
Mais ce qui comptait vraiment, il remit cette somme au vieux. Le vieil homme, avec un sourire triste, lui confia que son état de santé ne lui permettait plus de venir au stade, ses forces l’abandonnant peu à peu. Toutefois, il formulait un dernier souhait : que Samuel vienne, après chaque match, lui raconter le score, quel que soit. Eto’o, le cœur serré, promit de toujours honorer cette demande, reconnaissant la sympathie de ce spectateur d’un autre âge. Le vieux ne se sentait plus en santé lors de ce dernier passage au stade. Eto’o l’avait ressenti, une tristesse dans son regard, une fatigue lointaine. Alors il lui ai dit, le cœur serré : « Papa, après chaque match, je passerai chez toi. » Il m’a répondu avec cette voix empreinte de sagesse et de douceur : « Tiens bon, mon fils, tiens bon. » Eto’o ajoute alors ceci « Chaque jour, après les entraînements, je rassemblais ce que je gagnais, ces modestes 1000 FCFA par séance, et je me rendais chez lui. Je lui remettais toute la somme, ainsi que mes primes de match.
Il vivait seul, sans enfants, perdu dans un monde qui semblait l’avoir oublié et j’étais pour lui ce fils qu’il n’avait jamais eu, un soutien aussi bien moral que matériel. Un jour, alors que la vieillesse continuait de lui voler ses forces, il m’appela et me dit d’une voix grave, presque prophétique : « Mon fils, ne change jamais. Continue de faire ce que tu fais, car tu iras loin. Dieu t’a déjà choisi. Il te reste une seule chose à accomplir pour moi : enterre-moi. » Ces mots me bouleversèrent, comme une prémonition du destin. Ce matin-là, avant de partir pour disputer un match, je l’avais vu une dernière fois. Il semblait fragile, comme une flamme vacillante. Lorsque je suis revenu ce soir-là, il était décédé, selon sa voisine. Le vide qu’il laissait derrière lui me submergea. Il était parti, laissant derrière lui ses souvenirs et ses paroles gravées dans mon cœur.
Dans l’urgence de la situation, j’ai demandé à un responsable de me prêter 300 000 FCFA pour organiser ses funérailles. Une semaine plus tard, il fut inhumé au cimetière de New-Bell. Ce fut un moment de douleur, mais aussi d’un profond respect pour cet homme qui avait partagé avec moi tant de leçons de vie, dans l’ombre de ses dernières années. Depuis ce jour, à chaque fois que je passe près de sa tombe, je dépose une gerbe de fleurs. Un humble hommage à celui qui, en silence, m’avait tant donné, et qui, par ses paroles, avait su m’enseigner la force de la persévérance et de la foi. Et c’est ainsi que, malgré toutes les épreuves et les tentations de la vie, je sais que Dieu ne me laissera jamais tomber. Car en aidant cet homme, c’est moi-même que j’ai trouvé, et chaque jour, je porte en moi la certitude que j’accomplis un destin déjà tracé par des mains invisibles. »