Féfé, de son vrai nom Félix Sabal-Lecco était un batteur exceptionnel. Son départ soudain, survenu dans la nuit du 3 au 4 mars 2024, a ébranlé le monde de la musique. Personnellement informé d’abord par les réseaux sociaux, je me suis senti obligé de vérifier cette triste nouvelle auprès de deux de ses proches, Justin Bowen et Arol Ketchiemen, dont les voix lourdes de chagrin au téléphone m’ont confirmé la perte immense que nous venions de subir. Peut-être ignoré par beaucoup, Féfé était un musicien talentueux qui avait une performance hors du commun.
Il incarnait l’essence même d’un artiste véritable. Le mystère qui doit entourer un artiste. C’était un visage rarement dévoilé, car il avait choisi de cultiver son art dans les sphères intellectuelles. Issu d’un milieu savant, son père ayant occupé des postes prestigieux au sein du gouvernement camerounais, Féfé a dû braver les réticences parentales pour suivre sa passion musicale. Les hommages affluent de toutes parts, tant sur les réseaux sociaux que dans les témoignages émouvants de ceux qui ont croisé sa route. Batteur et percussionniste de génie, compositeur de musiques de films et de documentaires, Félix Sabal-Lecco a partagé la scène avec des légendes telles que Manu Dibango, Sting, Peter Gabriel, Herbie Hancock, Paul Simon, Michel Jonasz et Prince. Sa virtuosité a été louée par Jimmy Batterie, un autre maître du rythme, un autre grand batteur qui évolue aux Etats-Unis.
Le batteur dans un orchestre est le pilier du groupe, le gardien du tempo, celui qui donne le rythme et l’élan à chaque performance. Il comprend le langage de chaque instrument, et traduit avec maestria les émotions de la musique à travers ses percussions. Sa présence est la garantie d’une ambiance festive, d’une énergie frénétique qui transportait le public dans un tourbillon d’émotions. Autrement dit il est l’architecte du rythme, le communicateur silencieux au cœur de la musique, capable de donner le ton et de faire danser le public. Féfé, avec sa maîtrise de la batterie, portait tout un orchestre sur ses épaules, adaptant son jeu à chaque rythme, à chaque mélodie.
Interrogé souvent sur ce qui le rendait fier, Féfé répondait simplement avoir vécu sa passion, avoir partagé des moments de bonheur avec ses amis et avoir transmis son savoir aux jeunes musiciens passionnés. Ainsi, son souvenir continuera de résonner à travers le temps, rappelant à tous que la musique est bien plus qu’une simple harmonie de sons, elle est l’expression de l’âme humaine. En cet instant solennel, nous nous inclinons devant la mémoire de l’Homme de valeur qu’il fut, et qui continue de vivre puisque l’artiste ne meurt pas, il disparait. Féfé, que ton âme repose en paix.