Par Hermine Mouto
Pourquoi avons-nous senti ce besoin impérieux de décrire et de parler d’une artiste telle que Majoie Ayi ? Parce qu’elle est de toutes les artistes camerounaises, je dirai même africaine celle qui met la culture au service de l’art, ceci découle de sa capacité à intégrer la culture dans ses perspectives musicales. Elle adopte naturellement les principes enseignés par les écoles d’art en matière de musique, parce qu’elle exprime la créativité à travers le chant et la danse.
Comme le suggérerait Albert Camus, sa manière de chanter offre une clarté rythmique et d’introspection. Depuis le début de sa carrière, elle se distingue par ses textes, sa manière de citer des auteurs renommés, et son interprétation artistique de la musique et de la danse, considérées comme des reflets des sociétés et des modes de vie. C’est une moraliste comme Montaigne le faisait au 15ème siècle. Sa première œuvre marquante, « Les hommes paniques », entendue en 2005, révélait déjà son engagement et sa maîtrise artistique dans l’effervescence de faire paniquer ceux qui étaient à bord.
Majoie Ayi se positionne comme une conteuse, qui utilise la danse comme un langage complémentaire à sa musique, illustrant la capacité de l’art à transcender les mots et à établir des ponts entre différentes formes d’expression artistique telles que la musique, la peinture et la sculpture. Sa contribution au monde artistique ne se limite pas à ses performances. Ayi transforme la danse en une forme d’expression unique, où chaque mouvement s’harmonise avec ses paroles, créant ainsi une expérience immersive pour son audience. Cette approche fait d’elle une pionnière, élevant la chorégraphie à un niveau où elle ne se contente pas d’accompagner la musique mais participe pleinement à la narration d’une culture livresque.
Enfin, la manière dont Majoie Ayi intègre des citations dans ses œuvres enrichit le thème de la danse, soulignant son importance dans la construction de l’ambiance et dans le développement émotionnel de ses performances. Elle parvient à créer un écosystème artistique où la danse et la musique se nourrissent mutuellement, par le biais de la culture elle apparait riche de valeurs et d’histoires. Sa vision de l’art, qui place la culture au cœur de la création, est exemplaire et illustre parfaitement la puissance de l’expression artistique lorsqu’elle est ancrée dans une profonde compréhension de sa propre identité et de son héritage. Continue Ayi Majoie de nous faire danser en chantant.