Marc Brys est arrivé dans la nuit du dimanche, aussitôt arrivé, dans la journée du lundi, il signait son contrat en la présence du ministre du sport Narcisse Mouellé Kombi. Une démarche exécutée à l’arrachée alors que son arrivée officielle était prévue pour le 12. La décision du ministère est intervenue suite à l’intention exprimée par la Fecafoot de nommer un autre entraîneur autre que le Belge. Pas de temps à perdre. Le téléphone de Marc Brys a sonné toute la journée du samedi, avec des messages insistants lui demandant d’être à Yaoundé dès le lendemain. « Vous devez être à Yaoundé dimanche soir au plus tard » lui clamait-on. Face à ces exigences, Marc a répondu qu’il avait réservé son voyage pour le 12 avril. « Mon voyage est prévu pour le 12 mais comme vous le souhaitez, je ferai de mon mieux » répliqua-t-il. « Votre mieux ne suffira pas », lui a-t-on rétorqué. « Si vous n’êtes pas là dimanche, il sera trop tard. Attrapez le prochain avion même en plein vol. » Il n’en fallait pas plus pour que le nouvel entraîneur se précipite vers l’aéroport.
Certains racontent qu’il aurait même passé la nuit là-bas pour s’assurer de ne pas manquer son vol. C’est ainsi que le ministère et le président de la Fecafoot ont joué un véritable scénario à l’américaine. Cette nomination suscite beaucoup de discussions, car elle semble être le fruit d’une manœuvre pour évincer le groupe d’Eto’o, qui, par patriotisme, avait tout donné pour le football, mais dont la gestion était souvent critiquée. Malgré sa volonté, il s’y prenait mal dans un pays obnubilé par le pouvoir comme le Cameroun. Il y avait en lui cet excès de confiance, souvent fatal dans l’histoire des hommes. En refusant d’écouter les autres, on risque de se retrouver isolé et condamné par ses propres proches. Cette situation risque d’enterrer les ambitions démesurées de certains, qui voyaient dans le football un tremplin pour leur réussite personnelle.
Avoir des ambitions est légitime, mais il est primordial de se former pour diriger les hommes. L’histoire entre la Fecafoot et le ministère est loin d’être terminée. On avait cru qu’Eto’o serait l’homme de la situation, mais son passage à la tête de l’équipe nationale a été marqué par des résultats peu convaincants. Malgré son prestige et son palmarès, le Cameroun est devenu la risée du football africain. Si son bilan peut sembler mitigé, Eto’o a pourtant séduit les dirigeants du football camerounais par son implication auprès des Lions Indomptables. Mais son désir de centraliser l’attention sur sa personne a souvent occulté les jeunes talents émergents. C’est un revers pour cet homme qui avait mis tout son cœur au service du Cameroun. Quel gâchis de perdre une telle solennité, une telle popularité. Nombreux sont ceux au Cameroun qui auraient aimé occuper sa place pour en faire un meilleur usage.
