La plupart des textes que j’ai écrits et qui n’ont pas eu la portée souhaitée, me recommandaient une relecture. Pour moi, le texte littéraire est un être de langage qui est dans une démarche esthétique même s’il se suffit à lui-même, il doit toucher l’homme jusqu’à son éternité. L’écrivain poursuit un objectif social. Il est le promotionnaire de tous les livres. Il doit cogner à toutes les portes, afin que le livre touche à la partie la moins intellectuelle d’un être humain, parce qu’il a à sa disposition un outil où souffle l’esprit.
Le livre. Il est conféré à tout écrivain de chanter ses vertus, tout en rappelant ses limites d’aujourd’hui. Ne nous trompons pas, le livre nourrit notre soif de l’infini. Un instrument en quelque sorte, propice à tous les voyageurs de ce monde. Tous les livres ne sont pas inspirants, on le sait, mais chaque homme doit connaître sa pointure dès lors que sa taille s’augmente. Un livre n’est jamais loin, c’est la campagne qui l’est. Le lieu où le livre t’amène est un espace de paix ; quand on est un promeneur solitaire, et qu’on souhaite s’éloigner des miasmes de la ville, le livre favorise les plus beaux voyages littéraires. Aussi, je me suis toujours demandé pourquoi les Africains n’aiment pas lire ? Au cours de mes périples lointains, l’expérience que j’ai faite était est alarmant. Nous sommes dans un train ou dans un avion pour 6 à 10 heures de temps. Toute communauté confondue. Vous ne verrez aucun africain un livre à la main. Contrairement aux autres communautés qui non seulement peuvent tenir des livres, mais encore les lire à partir de leur smartphone. Cette deuxième situation peut avoir l’adhésion des autres, mais je suis pour ma part d’avis qu’il soit nécessaire d’avoir un rapport affectif avec le livre, le livre doit être physique. Les lectures sur Internet ne remplacent pas le livre. La lecture nous permet d’échapper à l’insoutenable possibilité du réel. Elle nous plonge dans le monde présent et dans le monde du livre. Elle nous épaule dans l’éducation notre regard et notre vision du monde.
La lecture nous fait rencontrer une autre époque ; elle détruit notre ignorance et installe le savoir dans le vide qui se trouvait dans notre corps, puisqu’elle touche d’abord nos champs sensoriels, avant de toucher nos champs cognitifs. Les africains ne lisent pas, c’est connu. Est-ce pour cette raison qu’ils sont peu développés ? Rien n’est moins sûr. Mais il est certain qu’ils ne lisent pas assez, ou qu’ils ne lisent pas du tout. Nous nous sommes privés de connaissance fondamentale pour notre progrès. Cette carence frappe surtout les jeunes. L’immense étonnement porte sur ceux qui sont dans les classes d’examen ou ceux qui sont à l’université. Comment peut-on se priver d’une chose qui nourrit notre être ?L’expérience est générale: les élèves et les étudiants lisent leurs leçons à l’approche des examens. Un mois avant, ils attellent. Ils lisent les romans mis dans leur programme. Un mois après, c’est terminé. On retient l’essentiel. C’est-à-dire les personnages burlesques de l’ouvrage. On passe son diplôme et on avance. Inculte. C’est pourquoi jusqu’en classe de master ou DEA aucun étudiant n’est capable de vous écrire une lettre de motivation ou une demande de stage assez structurée. C’est écœurant, on est tenu de savoir qu’il n’y a pas eu de miracle grec. Les savants du siècle passé, étaient des érudits. C’étaient des chercheurs. Tant que nous, africains ou noirs ne liront pas, nous resterons « sous-développés. » C’est la première cause de notre soumission. On se souvient toujours de cette déclaration qui veut que « la meilleure façon de cacher quelque chose à un noir, est de l’insérer dans un livre. » Malgré les nombreuses possibilités qu’on trouve à notre époque contemporaine pour acquérir une culture solide, les africains refusent de lire, donc de se développer.
Le retard du peuple africain aussi longtemps qu’il a négligé la science s’explique par là. C’est pourquoi on n’a pas encore inventé grand-chose, on ne crée rien, et on consomme tout. Et ce n’est pas pour demain que ce retard sera rattrapé. C’est la culture qui donne la liberté, on n’est pas libre sans culture. Le livre n’a pas de piquant et la lecture n’est pas une douleur, c’est un plaisir, elle enivre quand on la consomme. « Le livre est la première porte du savoir, et ceux qui continueront de lire domineront aisément le monde. » La littérature doit être présente dans notre vie quotidienne. Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui ne peut être compris qu’à travers une lecture curieuse. L’internet ne suffit pas, l’internet n’a pas tout, l’internet nous guide dans les choix, sa lecture est courte et évasive.
J’ai constaté que les enfants à l’école primaire lisent mieux, au secondaire et à l’université, ils réduisent ce temps, puis après, ils laissent cette beauté passer comme du vent. Un jeune ne doit pas oublier que demain, il sera grand. C’est à lui que reviendra de transmettre d’abord à son enfant les savoirs augustes avant que les enseignants ne prennent la relève. Mais nos parents laissent tout, à ces enseignants et la plupart de nos enfants africains s’égarent. C’est avec des arguments qu’on gagne les hommes ; ces arguments viennent avec la lecture, un orateur bienveillant est contraint d’être un bon lecteur, et un bon lecteur doit avoir lu de nobles livres. C’est une part cachée de la beauté de l’homme de démontrer qu’il a lu de merveilleux ouvrages. Le livre, c’est l’esprit ajouté à la vie, cela nous épargne un instant la recherche du divin. Un écrivain comme l’Argentin Borges est bien à lire ou l’Américain Jack London. Voilà un autodidacte qui m’a marqué en tant qu’écrivain. Il n’a fait aucune école, mais ses livres sont vendus à des millions d’exemplaires. Si on lit pour avoir des diplômes, les diplômes ne dépassent pas l’expérience pratique. Outre la lecture, on peut écouter ceux qui ont lu et observer les expériences. L’homme c’est aussi le terrain. La culture générale. Celle là ne s’acquiert pas par l’école. Chaque livre peut être un régal. Il y a tellement des livres bien écrits, des livres tellement drôles, souvent touchants qui sont des énormes coups de cœur pour tous les jeunes. Il y a les récits historiques et autobiographiques, homériques. Avec les livres, on peut pleinement profiter de la vie et meubler le temps. Plongeons-nous dans des lectures fabuleuses, chacun découvrira son choix et arrivera où il espère.