Mag-Afriksurseine-Mars-2024

LES AVENTURIERS ET LES MALADIES (suite)

PAR JULES TCHAYA

L’aventure… On est charmé le premier jour ;  mais les jours suivants. On devient pessimiste. Le climat… il faut s’adapter, puis résister au premier choc psychologique qui provoque de petit palu. Là encore ça peut se régler car,  celui qui vous accueille dispose une petite potion indigène dans un coin de la maisonnée. Le cas de Tahirou, Cela fait 6  jours qu’il se tort sur son lit, ses camarades insistent pour l’amener à l’hôpital ; ils n’obtiennent que son refus, « je ne bouge pas .» Dit-il. La voix grave. Dans cette même chambre, se trouvent deux autres aventuriers dans un  état critique. Ils ne savent  à quel saint se vouer. La chambre, du fait de ces  malades, ressemble à une caverne de rats. Des tas de nourritures avariées dans un coin, ils continuent de les manger. La vie des aventuriers est sujette à de nombreuses embûches ; la première difficulté est la maladie, beaucoup tombent malade en cours de  route. Le nouveau  climat réveille tous les malaises enfouis dans le corps d’un aventurier.

Puisqu’il ne fait jamais des  visites. Il faut prier pour ne pas tomber malade lorsqu’on est encore en route. Les pays du nord savent pourquoi ils laissent les noirs venir chez eux ; ce n’est pas pour vos beaux yeux, il y a au-delà de tout cela, un marché Noir. Nous n’allons citer aucun pays. Autrefois, si on avait dit à certains aventuriers tombés dans les filets des esclavagistes, il  n’aurait pas cru. pourtant ça existait depuis longtemps, mais personne n’en parlait. L’esclavage ce n’est rien, il y a pire. Ce sont  les maladies. Généralement un malade est promis à la mort. Puisqu’il n’y a personne  pour te garder, personne. La raison est simple, vous n’êtes pas venus ensemble, et la deuxième raison, vous avez des moyens limités, l’argent que vous disposez, c’est pour payer votre transport et continuer la route, il n’y a pas de boulot pour l’aventurier sur son chemin sauf s’il faut  porter des pierres dans un chantier à Calabar. L’aventurier, c’est un être solitaire, il a son destin entre ses mains.

Mais au-delà de toutes les peurs, il y a une situation que les aventuriers ne vous diront jamais, c’est ce que je vais tenter d’expliquer ici maintenant. L’hôpital est fait pour les malades. Eloigné  de son pays, l’aventurier est un cobaye ; toutes les expériences de la médecine peuvent s’effectuer sur lui. On peut facilement te  diagnostiquer un mal de pied pour te  soustraire une  jambe tout simplement parce qu’un étudiant veut soutenir sa thèse qui porte sur les os, ou alors te faire opérer la tête alors qu’il n’y a en réalité aucun mal. Et le grand drame, c’est quand on te précipite dans une fausse opération afin de te prendre un rein. Oui, les reins… les noirs ont les bons reins et le Moyen-Orient en fait constamment des commandes. La commande des reins des noirs est un marché qui fonctionne admirablement dans les cercles fermés d’hôpitaux de ces pays du nord. On avait remarqué qu’une personne qui venait pour une simple indigestion était dirigé au  bloc opératoire, en réalité c’était pour te mettre sous anesthésie générale. Pourquoi ? Parce qu’un étudiant attendait l’éventuel cobaye  pour exercer sa pratique. Tant qu’il n’avait pas eu de cobaye, il devra attendre même dix ans.

photo National G

Quel étudiant pourrait faire dix ans avant de soutenir. D’où les nombreuses commandes à des infirmières toujours prêtes à informer de la présence d’un africain comme on les appelle dans ces pays. Des malades opérés qui avaient survécu ne marchaient plus de la même façon, ils dandinaient. Ils urinaient à toute heure. Voilà la raison qui pousse les africains à ne pas se rendre à l’hôpital et la plupart crèvent  à la maison. Pourtant  l’hôpital n’est pas diabolique, les soins sont gratuits, s’ils y  vont, ils seront bien soignés, mais il faut avoir une personne qui vous rend visite. Une fois abandonné, sache que tes jours sont comptés. Le conseil que je donne ici, c’est premièrement d’aller à l’hôpital mais de s’assurer qu’on sera visité, sinon on conclut très vite que tu es abandonné. Beaucoup sont morts à la maison par peur de se rendre à l’hôpital se concentrant sur les  prières des pasteurs. Fausse idée, il y a des  ONG qui  s’occupent bien  des étrangers, Caritas donnent les médicaments gratuits. L’aventure, l’aventure l’aventure. Elle n’est jamais coquette et on y tombe dans ces  maisons  dont les bas-fonds sont surélevées.

 

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