Mag-Afriksurseine-Mars-2024

le village Yangba entre dans l’histoire avec la création d’un CES.

Le petit village de Yangba dont mes écrits chantaient autrefois la splendeur picaresque,  vient d’avoir son premier collège d’enseignement secondaire. C’est une véritable prouesse recherchée de longue haleine ; le village Yangba  est un endroit charmant et rafraîchissant, qui a vu naître des élites comme Wouri Jean Claude délégué de l’enseignement, Njoya Martin, le Commissaire Doukouing Janvier,Medjanc Luc, Louk Oumarou, Karang Thomas, Bantsiri Joseph, Thohé Antoine,   l’ingénieur Benjamin Tanga Louk, Yambeti  etc. Ce petit paradis sur terre ne laisse personne indifférente par son conservatoire de forêts, son espace agricole, ses jardins botaniques et surtout, par son espace d’attraction fort bien aménagé, qui forme un décor idyllique à l’entrée comme à la sortie du village. Yangba, on le savait, avait un avenir.

Je l’ai écrit  dans mon livre « Revoir Yangba et Nkongsamba » Grand Prix Aimé Césaire. Grâce à leur  vie rurale mouvementée et folklorique, les Baboutés, ressortissants de ce village redécouvrent depuis peu, leurs racines profondes la sagesse par l’école. Les récents moyens de télécommunication permettent en outre à de nombreuses personnes éloignées de quitter la ville pour le village et de profiter d’un cadre de vie plus agréable.  Il est aussi plus humain, on peut  bénéficier  des mêmes services qu’en milieu urbain, bien que plongé au cœur de la vie villageoise, comme à l’époque lointaine de mes débuts scolaires, il y a maintenant 50  ans de cela.

Mais aujourd’hui avec les réseaux sociaux, les frontières entre les villes et les villages ne sont plus longues.  Yangba n’est plus un univers clos ; les habitants sont groupés autour de leur église et de leur chef, avec un marché quotidien à la place du village, où on rencontre chaque jour de nombreux commerçants et  d’habiles artisans. Une puissante vie sociale recrée. L’entrée du village s’égrène sur une petite rivière nommée Medenou ; assise dans un ravin au flanc d’un coteau, la petite rivière limpide  où les premiers passants s’abreuvaient coule encore  se serrant  dans le  creux d’un ce petit vallon, à l’abri du vent. Le relief, le climat, les modes de cultures, l’abondance ou la rareté des points d’eau,  déterminent  la silhouette du village. Au-delà de la place centrale, le village éparpille ses rues et ruelles, qui accueillent des commerces en miniature.

Les habitations bordent les voies  et  sont séparées, par des grandes cours. Ponctuellement, le village s’anime le soir ;  ce n’est plus mon époque où le petit marché était pittoresque et où  venaient s’échouer les passants bizarres qui allaient à Tibati, en compagnie  des ânes ou  encore les chasseurs au bonnet pointu, revenant de brousse avec leur gibier à l’épaule, en récitant des formules propitiatoires pour l’acquéreur, et dont les petits que nous étions  les  regardaient avec un  air primitif ; sans oublier   ces femmes avec des longs cheveux naturels sur la tête, qui revenaient  des champs, le bébé à califourchon, et un fagot de bois sur la tête, le pas relevé, en chantant des cantiques.  Aussi, créer un CES dans ce village nous donne du courage pour continuer. Se réjouit particulièrement  le chef YANGOU qui envoie un message de remerciement au chef de Ngoro, au délégué Michel, au ministre de l’éducation secondaire et surtout au chef de l’état Camerounais.

 Pour moi qui suis le natif de ce village, c’est un événement historique quand je revois l’époque où nous étions à l’école primaire  sous la direction de Chateaubriand, avec les camarades comme Yoko Joel, Wuiri Michel, Beté Isac, Tolguenim Grégoire, Djengoué,  Banko Saloh, Djibril, manga Henriette, Goagui Joséphine, Ousséni patrice. Ce CES est un établissement d’espoir. Après une longue attente, il faut dire que chaque chose en son temps. C’est dans cet établissement que près d’une centaine d’élèves  devront suivre les humanités futures.  La survie d’une telle initiative dépend surtout de l’importance que l’état accorde à ces villages et à ces chefferies qui sont les creusets de la paix et du vivre-ensemble.

Sa majesté Yangou est le père du Yangba moderne, depuis qu’il est là, on a vu une percée fulgurante, de la jeunesse estudiantine, prometteuse d’un renouveau qui payera. Le peuple de Yangba se réjouit, parce que les enfants étaient souvent amenés à aller sur Ngoro ou à Bafia ou encore à Bandjock  pour faire le collège dans des conditions de vie précaires où ils finissaient comme coupeur dans les champs de canne. comme je l’ai dit dans mon livre, « Yangba est un symbole, une histoire, une relique, une légende pour ses fils, il n’aura  besoin que de cet instant éducatif pour retrouver un souffle qui remplit une autre vie. »

 

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