Louboutin, tenues moulantes et extravagantes, longues perruques, chef-d’œuvre poudré au visage, rasage à point ou encore smoking italien ; tout y est pour un tapis rouge à Cannes. L’avez-vous remarqué également ? Depuis quelques années, déjà, nous constatons que la priorité est donnée à notre image lors des circonstances malheureuses et ceci, au détriment du respect des émotions des plus éprouvés. Cela peut passer inaperçu, car, aujourd’hui, la récurrence de ces habitudes nous pousse progressivement à les accepter comme une norme dans nos mœurs.
Toutefois, il serait probablement temps de nous remettre en question en ne craignant pas de nous interroger sur le véritable sens que nous donnons aux funérailles dans un pays comme le Cameroun. Pour certains, le fait de correctement se vêtir ou de faire des dépenses ostentatoires lors des obsèques d’un proche est tout à fait courant. Cela est simplement leur façon d’honorer et de célébrer la vie du défunt ou de la défunte. Car ce dernier ou cette dernière aura marqué sa génération en réalisant des exploits que beaucoup n’ont pas pu faire. Pour l’illustrer, prenons l’exemple des obsèques du très regretté Ange Didier Houon dit Dj Arafat en 2019, le célèbre artiste ivoirien du coupé-décalé qui a marqué son temps.
Ce furent un événement hautement mémorable et difficilement effaçable de par sa grandeur international et sa richesse en émotions. Nous nous souvenons avec beaucoup de tristesse que le monde entier a pleurée et pleure encore comme un seul Homme le départ d’une légende qui a marqué à jamais les esprits. De ce fait, l’hommage rendu à la personne disparue aussi grandiose soit-il peut être compréhensible. Pour d’autres par contre, c’est une occasion inattendue morbide certes, d’exhiber leur richesse, leur pouvoir, leur appartenance à un groupe particulièrement restreint et respecté par tous. Pour ces derniers, en dépit, du fait qu’ils ne fussent pas nécessairement présents pour le/la disparu (e) de son vivant, n’hésitent pas à étaler leurs biens et à transformer un événement malheureux en célébration exubérante d’une classe sociale particulièrement restreinte dite élite.
Toutefois, pour une autre catégorie de personnes, c’est l’occasion rêvée d’aller à la chasse. Parce qu’à la recherche d’hommes fortunés, certaines usent de leur charme naturel en mettant leurs atouts physiques en valeur. Ceci, en espérant repartir avec des offres alléchantes qui leur permettront de gravir les échelons dans la société. Provocatrices, aguicheuses, elles prennent des snaps entre deux larmes de blush afin de partager leur douleur sur leurs réseaux respectifs. Des exemples de ce type de comportement, il y en a à foison chaque vendredi lors des mises en bière dans le pays. Beaucoup s’insurgent en sous-marin, mais combien abordent réellement le sujet sur une table de discussion ? Il ne s’agit pas ici de s’ériger en moralisateur, mais de s’arrêter un moment et de se poser les bonnes questions parmi lesquelles : les funérailles sont organisées pour honorer les vivants ou les morts ? A chacun d’y répondre !