Mag-Afriksurseine-Mars-2024

LE PASTEUR RONCS ETAME EXPLIQUE LE SENS PROFOND DU VERSET  » TU ES POUSSIERE ET TU RETOURNERAS POUSSIERE »

LE PASTEUR RONCS ETAME

C’est une expression un peu sommaire, prononcé lorsqu’on enseveli un corps à sa dernière demeure. Cependant, peu de personnes comprennent l’émotion que ressentent les prêtres ou les pasteurs à ce moment précis. La rigidité cadavérique, ce phénomène étrange, survient généralement entre deux et six heures après la mort. Elle commence habituellement par la tête et s’étend progressivement sur tout le corps, atteignant sa complétude après huit à vingt heures, parfois même dix à douze heures, avant de disparaître complètement au bout de deux ou trois jours, bien que dans certains cas, elle persiste jusqu’à cinq jours.

Tout cela dépend de nombreux facteurs, notamment la température et la force des muscles. Ensuite, viennent toutes les autres formalités, jusqu’à l’oraison du pasteur ou du prêtre. Au cours de leur cérémonie, ils accomplissent de nombreux rituels méconnus du public présent. La tradition veut que l’on embellisse les réalisations terrestres du défunt, car c’est à ses véritables qualités, à son éducation, à sa contribution à la société, à son parcours sans tache, que l’on rend hommage en sa présence spirituelle. Oui, son esprit est encore parmi nous, il observe tous ceux qui sont présents, une réalité que beaucoup ne réalisent pas.

La mort, bien qu’un phénomène courant, reste enveloppée de mystère. Les paroles prononcées devant la tombe sont gravées dans les mémoires. On entend souvent des expressions telles que « C’est un homme bon  qui s’en est allé ! » ou « Une bibliothèque vivante s’est éteinte ! » C’est une perte inestimable pour notre communauté. La grande faucheuse nous a privé d’un frère, d’un ami formidable, d’un confident,  d’un cousin, et convivial, mais surtout, un homme de caractère, bienveillant, courtois, généreux, avec des convictions sociales et politiques fermes, un esprit brillant doublé d’une responsabilité exceptionnelle.

Aujourd’hui, nous nous rassemblons, amis et membres de la famille, recueillis devant sa dépouille pour lui rendre un dernier hommage. Il est important de se souvenir que le défunt est toujours présent d’une certaine manière, c’est pourquoi il faut lui  demander pardon avant que la tombe ne se referme sur lui, afin  d’apaiser son esprit. Bossuet était un évêque hors du commun, un homme dont la maîtrise des mots, la virtuosité de la plume, la perspicacité intellectuelle et la noblesse de ses idéaux ont conféré une grandeur sans égale aux vivants et aux défunts. On racontait que les morts se pliaient à ses paroles, car il savait leur parler.

Pourquoi agissait-il ainsi ? Parce que les défunts ne souhaitent pas partir, ils sont liés au corps de celui qui les a quittés, et la seule personne qui puisse ressentir leur présence est le prêtre ou le guide à qui ils s’adressent à travers des signes et des symboles, implorant qu’on les laisse encore vivre. Comme les prêtres les pasteurs ont ce génie du verbe, une agilité de la plume, l’intelligence des mots, la dextérité rhétorique et la noblesse des idées qu’on doit adresser aux morts.  Le prêtre ou le pasteur suivent le rituel qu’ils ont  appris et répondent  par le silence au défunt, citant les paroles mystérieuses de la Genèse : « C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. »

Le défunt accepte ce rappel de son destin mystérieux, et la tombe se referme. Le pasteur continue de s’adresser au défunt comme s’il était toujours vivant, évoquant les aspects attachants de sa personnalité florissante. Par exemple, il déclare : « Homme de dialogue et d’expérience, il se faisait le devoir d’aider les autres par ses conseils qui se nourrissaient de sa vaste culture et de sa pratique des choses de l’existence. » Cela ne fait aucun doute, car la mort n’est pas une fin en soi. Elle fait partie intégrante de la vie. Mais le mort insiste et  manifeste une réticence à quitter ce monde, s’accrochant à l’espoir que le pasteur, qui détient en ce moment le pouvoir de lui insuffler la vie, puisse le ramener. Cependant, le pasteur insiste à son tour et répond en silence : « Il faut que tu retournes… » lui faisant comprendre que la mort est présente dans la vie elle-même et que là où il s’en va sera meilleur que l’endroit où il reste.

Le défunt doit considérer la mort comme le point de départ d’une transformation, la métamorphose ultime vers l’exaltation de l’esprit. Son espoir réside dans le fait que ce qui a été perdu sera retrouvé. La mort, aussi douloureuse qu’elle puisse paraître à nos yeux humains, est un passage vers une nouvelle naissance. Vivre, c’est naître à nouveau constamment, et la mort ne peut être qu’une ultime renaissance. Avec ces mots réconfortants pour la famille et pour le défunt, chacun prend conscience, et le pasteur a accompli sa mission. Dans son silence, il scelle le pacte de la non-violence et, après quelques jours, il s’en va. Le pasteur ou le prêtre, par son éclectisme et son ouverture d’esprit, offre ainsi un hommage empreint de respect, même à l’invisible force qui guide nos vies.

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