Mag-Afriksurseine-Mars-2024

REMEMBER MADAME MOULIOM NEE ELISABETH YIANYINYI

MADAME MOULIOM

« Merci à vous, chers amis, chers connaissances, vous n’êtes pas venus ici pour moi, ni pour Emma, ni pour mamie Jeannette, ni pour Julie, pour Guy jr, et encore moins ni pour Christelle, Severin, Hélène, Pierre, vous êtes certes venus pour nous soutenir dans la peine, nous aider à sécher nos larmes, contenir nos douleurs profondes, mais vous êtes là pour qu’ensemble nous honorons la mémoire d’une femme, d’une mère, d’une grand-mère, d’un être de lumière que vous avez rencontré, connu ou non. A travers ce moment que nous allons partager ensemble, nous souhaitons honorer sa mémoire… et au-delà de sa personne nous souhaitons  rappeler ensemble combien la vie est précieuse, combien elle mérite d’être vécue, et comment ma mère en moins de 66 ans d’existence a été un exemple, un témoignage vivant pour montrer que ce n’est pas le nombre d’année qui compte, à la fin mais la saveur de la qualité qu’on met dans la vie que Dieu nous donne, même si on souhaite vivre le plus longtemps possible, je lui aurai donné encore au moins de 30 ans.

Mais hélas, le temps de vie sur terre ne nous appartient pas, mais ce qu’on y met dans ce temps dépend de la compréhension et de l’acception de notre mission de vie. » C’est en  ce terme empreint de mélancolie, le poète Serges Ngounga ouvrit la cérémonie avec des mots empreints de douceur, rendant hommage à sa chère mère, dans une oraison funèbre qui résonnait comme une ode à sa mémoire. Un livre naîtra pour perpétuer son souvenir. Madame Mouliom il y a presque deux ans avait quitté ce monde,  laissant derrière elle une vaste famille, l’âme alourdie de peine, de tristesse, de chagrin, et d’émotions tumultueuses.

Deux ans bientôt on ne l’a plus vue  arpenter les chemins à la rencontre de ceux qu’elle aimait servir et honorer, ou debout devant sa porte, saluant chaque passant du quartier ou du village, et on ne l’a plus vue   veiller avec tendresse sur ses plantations et labourer les champs qu’elle affectionnait tant. Maman Mouliom était une âme d’exception, une étoile dont l’éclat brillait d’un amour absolu et passionné. Depuis sa tendre jeunesse, elle a guidé ses enfants, partageant son savoir-faire et inculquant les valeurs de l’amour, du respect, de la sagesse et de la tolérance. Elle a donné sans compter, épousant la vie de tout son être, irradiant comme une lumière au sein de sa vaste famille.

Une femme éminente, qui trouvait sa joie dans la compagnie des âmes simples. Quand elle accueillait un visiteur, elle savait tisser des mots bienveillants et chaleureux pour lui témoigner sa gratitude et sa joie. Madame Mouliom est restée dans les mémoires comme une femme pleine de vitalité qui  possédait un  trésor de  générosité, de solidarité et de courtoisie. Ces richesses sont le fondement même de la grande famille humaine, indispensables à son épanouissement. Au cours de sa vie, elle s’est élevée au rang d’une femme remarquable. Je n’emploie pas ce terme pour évoquer des aspects superficiels tels que la taille de sa famille, son statut professionnel.

Ce qui définit une grande dame, ce sont les actions qu’elle accomplit et le talent qu’elle met au service des autres. Cela peut se manifester par sa présence imposante, sa capacité à s’exprimer avec sagesse, ou encore par le simple fait d’être en sa compagnie, une sensation de noblesse qui émane d’elle. Elle était une source d’enrichissement pour tous ceux qui la côtoyaient. Son influence était telle qu’elle inspirait confiance, et son charisme naturel suscitait l’admiration dès le premier instant. Même en son absence, sa lumière brillait parmi ses proches et amis, telles des étoiles scintillantes dans la nuit. Ses enfants ont réussi à bâtir leur vie avec dignité, et parmi eux, Serges Ngounga, l’écrivain, a œuvré avec ses frères et sœurs, ainsi que d’autres membres de la famille, pour s’assurer qu’elle ne manquerait de rien. Cependant, le tragique mardi 24 mai, lors de sa seconde attaque cérébrale, la nouvelle les a frappés de plein fouet. Elle nous quitte, laissant derrière elle cette terre marquée par la souffrance, la douleur, et les tourments.

Bien que son absence parmi les vivants nous plonge dans le chagrin, nous savons qu’elle a rejoint une place réservée dans le ciel, auprès d’un Père céleste qui l’aimait profondément. Maman Mouliom avait un amour dévoué pour ses enfants, sa famille, son pays, et elle s’efforçait de créer des opportunités, notamment en favorisant la création d’emplois. Son esprit, son engagement, et son savoir-faire étaient évidents pour tous, reflétant sa culture, ses racines, et son histoire personnelle. L’un des moments les plus déterminants  de sa vie fut d’élever dignement ses enfants après la mort de son mari, Emmanuel Mouliom. Elle a consacré du temps, demandant sacrifices et endurances, faisant preuve d’une volonté inébranlable pour éviter les écueils que rencontrent souvent les familles orphelines. La perte d’un mari qui laisse de jeunes enfants est une épreuve déchirante pour une femme.

Son fils, Serges, a souligné avec éloquence qu’elle n’avait pas perdu de temps. Mariée à l’âge de 24 ans et mère de quatre enfants, en moins de 27 ans, elle s’est engagée dans un tourbillon de veuvage. Cependant, cela ne l’a pas empêchée d’élever ses enfants avec des valeurs nobles, de travailler jusqu’à sa retraite en 2004, de contribuer à la consolidation et à l’unité de sa famille, de s’impliquer dans une vie associative riche, tout en conservant une vision spirituelle et religieuse qui lui apportait consolation, espoir, et un don de soi incommensurable envers les autres, marqué par l’amour, le désintéressement, et la générosité, parfois au détriment de sa propre personne. Madame Mouliom aurait pu, dans cet instant de veuvage,  comme beaucoup d’autres, se laisser abattre. Mais au contraire, nourrie par la flamme de l’éducation qu’elle avait elle-même reçue, elle a tracé son chemin avec une grande piété, s’engageant dans une vie de foi chrétienne et respectueuse des valeurs traditionnelles.

Nous avons perdu une femme exceptionnelle, qui restera à jamais un symbole pour nous tous. Sa disparition, nous l’espérons sincèrement, marquera le début d’une continuité pour une famille unie. La mort nous pousse à réfléchir profondément, nous obligeant à nous interroger sur nous-mêmes et sur notre propre existence. C’est pourquoi, de nos jours, on ne juge pas les défunts, on les pleure, on les honore, car ils représentent des exemples humains, des modèles providentiels qui nous encouragent à persévérer dans tout ce que nous entreprenons. Il existe un sentiment naturel, je crois, chez les âmes simples, qui s’épanouissent ou se répriment en fonction de l’environnement qui les entoure. Madame Mouliom avait la foi. Elle avait érigé Dieu au sommet de sa vie.

Elle a servi en tant que membre du conseil d’anciens de la paroisse de New-Bell aviation de 1997 à 2022, du conseil d’anciens de l’église de Koutaba centre urbain, et a été une pierre angulaire de l’église au sein de la cellule de Douala-Congo. Elle était également membre de l’Union des Femmes Chrétiennes et fondatrice de la cellule de prière de Log-Baba en 1990. Il est difficile d’exprimer tout ce qu’elle représentait pour la communauté chrétienne. Elle encourageait ses petits-enfants à travailler avec détermination et elle-même était l’exemple vivant de cette détermination. Elle a créé des plantations et crée un cheptel  pour lutter contre la pauvreté et soutenir son entourage. Voilà une dame  humaniste qui a consacré sa vie à apporter la vie de multiples manières, d’abord à ses enfants, puis à ses petits-enfants, et enfin à la vaste famille Bamoun, s’étendant des confins du Cameroun jusqu’à chez elle. Elle était comme la sève de la vie qui nourrit et fait grandir. Son départ coïncide avec ses soixante-six années. C’est une période de renouveau, même si son absence  laisse un immense vide.

Il est essentiel de reconnaître les mérites de chacun à leur juste valeur.  Le  3 juillet 2022, à la salle paroissiale de Corbeil Essonne, nous avons tenu à rendre un vibrant hommage à Maman Mouliom, dont la vie exemplaire et les idées pourraient inspirer de nombreuses personnes. Il était important de célébrer cette dame qui a accompli ses devoirs avec dévouement et distinction, comme l’a si bien exprimé le poète  Serges Ngounga : « À tous ceux et celles qui sont venus apporter leur soutien et leur sympathie, cela a été un réconfort immense pour nous dans ces moments difficiles. Au nom de toute la famille, je vous remercie. »

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