Mag-Afriksurseine-Mars-2024

 Le continent Africain peut-il avoir ses ressources financières propres ?

Par Christian Ahanda

Depuis un certain temps, nous observons une croissance de la bancarisation. Les premiers concernés sont les salariés et les fonctionnaires, qui sont les éléments des « classes moyennes », intéressés par les choses basiques en l’occurrence le crédit à l’habitat et le crédit simple. La deuxième est celle des petits entrepreneurs c’est- à-dire les petits hommes d’affaires, qui ont souvent la culture de l’encaisse liquide et qu’il faut attirer avec des options souples de crédit à court terme. Les émigrés de retour, soucieux de sécuriser leur patrimoine contre les convoitises des proches, constituent également une cible particulière dans des pays comme le Sénégal ou Ghana.

Les marchés financiers africains peuvent jouer un rôle de plus en plus important dans l’apport de capitaux au secteur privé et pour l’épargne locale, en proposant des possibilités d’investissement alternatives. Les pays exportateurs de matières premières lancent des fonds pour rentabiliser l’excédent de leurs revenus. Tel est le cas du Nigéria , l’Angola et de  l’Angola, suivant les expériences du Gabon avec son Fonds pour les générations futures lancé en 1998. Le Mozambique, la Sierra Leone, la Tanzanie et d’autres s’engagent aussi dans la création de fonds d’investissement publics avec comme mission d’atténuer l’impact de la volatilité des cours (fonds de stabilisation), de financer des programmes sociaux (fonds de développement) et de faire fructifier la rente pétrolière ou minière (fonds d’épargne). Selon certaines estimations, bien gérés, ils pourraient potentiellement couvrir la moitié des besoins annuels en infrastructures du sous-continent d’ici 2020.

Le capital-investissement connaît une forte expansion en Afrique subsaharienne. Cette croissance est notamment due à quelques fonds panafricains et sud-africains à la tête de deux des fonds de pension (Ethos et Brait) les plus importants en Afrique.

Certaines expériences en direction des PME sont intéressantes, comme celle qui s’inspire du principe du « capital patient », caractérisé par des fenêtres de sortie plus longues, des délais de grâce étendus et des taux de rendement plus réalistes. Plusieurs facteurs constituent encore des freins pour son essor : risque politique, faible taille des opportunités d’investissement, coûts d’entrée élevés, conditions de sortie difficiles, cadre juridique et réglementaire inadapté, environnements opérationnels difficiles… Ce mode de financement est parfois accusé de contribuer à l’évasion fiscale, avec des montages souvent opaques, combinant les exemptions dans les pays d’accueil avec celles proposées par des juridictions offshore. Le rôle des organisations multilatérales restera essentiel dans l’encadrement de cette activité, pour instaurer plus de transparence.

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