Le 2 avril dernier, le ministre en charge du sport a pris une décision d’importance en nommant un nouveau staff au sein de l’équipe nationale de football du Cameroun, remplaçant ainsi l’équipe dirigée par Rigobert Song, dont le contrat n’a pas été reconduit. Cette décision a été accueillie avec mécontentement par la Fecafoot, et cette dernière a publiquement exprimé son désaccord. Fort de cela, la Fecafoot a ensuite manifesté sa volonté de nommer à son tour un staff correspondant à ses propres vues. Elle regrettait de ne pas avoir été associée à cette nomination qui, selon elle, lui revenait de droit. Ce mécontentement sera poursuivi par une lettre adressée au ministre du tutelle. Dans une réponse d’une longueur inhabituelle, le ministre du sport va répondre au président de la Fecafoot pour éclairer sa lanterne sur les aspects juridiques et politiques de sa décision.
Cette lettre revêt une importance particulière, pouvant être considérée comme une lettre de principe, qui, potentiellement constitue une jurisprudence classique. Il est intéressant de comprendre l’essence même du droit et ses fondements, c’est ce que cette lettre s’efforce d’expliquer de manière détaillée. J’ai suivi plusieurs débats à ce sujet, certaines personnalités médiatiques ont choisi de discréditer le ministre en le qualifiant d’analphabète ; une accusation infondée qui ne contribue en rien au débat intellectuel. Ces attaques sont le reflet d’un manque d’objectivité et d’une tendance à privilégier les émotions plutôt que la rationalité. Je me demande bien si on traite le ministre d’analphabète, comment devrons nous traiter ceux que ces personnalités défendent. D’autres anciens journalistes de renom on même parler de l’image du Cameroun qui serait défigurée. C’est vraiment un nanisme intellectuel que de dire cela quand un staff a montré son incapacité à diriger une fédération.
Les seules voix raisonnables dans ce débat sont celles de Valère Bessala et de Nyemeck, des intellectuels chevronnés capables d’apporter une contribution constructive à la discussion. Venons-en à la lettre du ministre Mouellé et commentons-là en profondeur. Il est important de souligner dès le départ que cette lettre est empreinte de courtoisie et de bienveillance. Cependant, elle constitue également un blâme émanant d’une autorité hiérarchique envers un subordonné, comme en témoigne la remarque selon laquelle ministre déclare : « Vous vous opposez à la mise en œuvre de la décision bénéficiant du Très Haut Accord de Monsieur le Président de la République relative tant à la désignation qu’à la contractualisation des membres du nouveau staff d’encadrement des Lions indomptables ».
Pour étayer sa position, le ministre rappelle les fondements juridiques de la situation, notamment l’article 9 de la convention entre le Minsep et la Fecafoot, ainsi que les précédents cas de recrutement impliquant Clarence Seedorf, Antonio Conceicao et Rigobert Song. Cette démarche vise à rappeler au président de la Fecafoot qu’il ne semble pas tirer les leçons du passé, agissant plutôt comme un étudiant récitant une leçon préprogrammée. Dans le second paragraphe, le ton se fait plus incisif, marqué par une forme d’humiliation euphémique vis-à-vis de l’arrogance du président de la Fecafoot. Ce dernier est présenté comme quelqu’un qui ternit l’image de cette institution, c’est pourquoi cela nécessitait une réhabilitation et une réorientation dans un climat de sérénité.
Le ministre insiste sur le climat de désordre et de malaise qui y règne et qui nécessité le visage d’une nouvelle ère. Au troisième paragraphe, une mise en garde est clairement énoncée par le ministre, qui rappelle l’autorité dont il tire son pouvoir d’action, à savoir le discours du 10 février : « Dans son discours à la jeunesse du 10 février 2024, le président de la République a prescrit au gouvernement en général et au ministre du Sport en particulier la mise en œuvre urgente d’un certain nombre de mesures correctives ». Cette mise en garde se présente comme la correction faite à un élève récalcitrant et cancre par son professeur. En agissant ainsi, le ministre englobe le président de la Fecafoot et son équipe, les traitant tous avec le même mépris. « les résultats médiocres » . Il se présente comme l’exécutant zélé de l’État que dis-je le bras séculier, tel un lieutenant chargé de neutraliser un bataillon ennemi et de les écraser. L’emploi du terme « stratégie » souligne la prévoyance du ministre, ceci indique qu’il guettait depuis longtemps l’opportunité d’intervenir. Ici l’adversaire blessé doit être achevé car il peut se relever.
Son implication tardive, mais déterminée, révèle une minutie calculée. Il ne faut pas oublier qu’il s’appelle Narcisse : dans l’histoire les narcisses sont dotés d’une grande beauté, qui veulent avoir sous leur pieds tous les hommes et toutes les femmes, ils sont amoureux de leur propre image, c’est pourquoi ce ministre fait généralement les discours sans papier, objectif d’être fascinant, propre à tous les Sawa dont il est proche parent. ce qui est d’ailleurs bien pour un orateur politique. On sent que le ministre Narcisse a enduré les caprices d’Eto’o, attendant patiemment le moment opportun pour agir. Alors les narcisses pour faire du mal, pour poignarder quelqu’un ils sont en mesure de se blesser d’abord pour avoir la passion de la blessure qu’ils vont infliger à l’autre. Il a supporté les frasques d’Eto’o pour attendre le bon moment et le frapper.
Ils ont un symbole de renouveau. La politique n’a pas de prix, j’aurai évalué la force diplomatique et politique de l’homme Narcisse. Les grands hommes politiques savent émouvoir avec les fleurs du mal, souvenons nous de Kontchou Augustin qui savait parler. Ce sont des personnalités qui ont su infléchir le cours du destin de la vie politique camerounaise grâce à leur culture. Ils savent passer de l’académie des sciences au gouvernement des hommes. Ils savent incarner, à un certain moment particulier de l’histoire, la mission qui leur est dévolue. Ils savent délivrer la politique du langage pour l’exprimer dans le langage de l’histoire. C’est une grâce qui n’est pas donnée à tous ceux qui s’engagent politique. Des grands hommes, il peut y en avoir quelques uns par génération.
Narcisse a fait ce qu’on appelle la Révolution tranquille, les hommes politiques de cette carrure apparaissent lorsque l’histoire génère de grandes circonstances, lorsque les tensions fondamentales logées au cœur d’une nation ou d’une époque s’exacerbent. Mais c’est justement parce qu’ils devinent ces conséquences néfastes bien avant qu’ils savent les maitriser et s’en emparent pour les refonder. Sans grands hommes un pays ne peut avoir de la valeur. Le ministre exprime clairement son mécontentement concernant les performances médiocres de l’équipe, utilisant des termes forts pour souligner sa frustration. Son choix de mots, tels que « résultats médiocres », va au-delà de simplement critiquer une mauvaise prestation, suggérant une réelle indignation. Il semble vouloir provoquer une réaction du président de la Fecafoot, peut-être même le pousser à répondre de manière similaire pour justifier une action ultérieure plus répressive. Cette lettre peut être perçue comme une sentence de mort avant l’exécution.
Elle prescrit un éloignement imminent de l’arène sportif du Numéro 9. Le ministre révèle publiquement le nombre important de candidatures reçues pour le poste, y compris celles provenant de la Fecafoot elle-même, c’est pour mettre ainsi en lumière ce qu’il considère comme une supercherie de la part du président. En dévoilant le montant élevé des salaires de ses candidats – 2 500 000 euros – le ministre sous-entend sans le dire des pratiques douteuses dans les négociations entre les responsables de la Fecafoot et les entraîneurs potentiels, il jette une fois de plus le doute sur l’intégrité des contrats. Dans les paragraphes suivants, le ministre offre une leçon magistrale, qui expose la philosophie fondamentale du football camerounais, il souligne sa propre expertise sur le sujet. Il faut noter aussi que la lettre du ministre méprise implicitement la lettre d’Eto’o fils, parce qu’il est conscient que ce n’est pas ce dernier qui l’a écrite puisqu’il n’a ni les compétences intellectuelles ni les connaissances juridiques nécessaires pour la rédiger.
En réponse aux accusations contenues dans la lettre, le ministre déclare que le choix et la désignation de l’équipe d’encadrement ont été effectués dans une perspective téléologique et stratégique, avec pour objectif principal d’améliorer les performances des Lions Indomptables. Il souligne le rôle souverain de l’État dans l’interprétation et l’application de ses propres règles, affirmant que la décision a été prise dans l’intérêt du peuple camerounais et de son équipe nationale de football. Cette partie du texte est particulièrement dense et nécessite une réflexion approfondie pour en saisir toute la portée. Dans cette partie de la lettre du ministre, il a atteint son objectif et met en lumière le monopole d’amour de la patrie cher au président Paul Biya. Pour lui et sans le dire, le président de la Fecafoot et son équipe travaillent dans l’incantation, des vrais illusionnistes, par ce qu’ils ont tenté de créer autour de leur propre destinée leur propre fascination. Le ministre reprend la propriété des Lions Indomptables confisqué depuis un certains et remet au peuple.
Leur bien. À ce stade, le ministre n’est plus en colère ; il adopte plutôt un ton de dérision et de confiance, utilisant des termes tels que « téléologique », « fifting spirit » pour évoquer l’esprit de conquête et d’authenticité. Il s’agit d’une sorte de triomphalisme verbal, il use le langage sportif comme une arme institutionnelle pour exécuter sa volonté. Le paragraphe précédent annonce l’échec potentiel du président de la Fecafoot et de son administration, quand il signale que le ministère des sports a pris toutes les mesures nécessaires pour assurer une transition en douceur. C’est à la fois une mise en garde et une invitation à la prise de conscience, qui demande à la Fecafoot l’importance de préserver l’image du pays.
Que retenir ?
Pour conclure ce commentaire, j’ai écouté attentivement une influenceuse en vogue ainsi que RFI, et les deux ont presque suivi la même ligne de pensée.
Parmi ces deux voix, celle de l’influenceuse semble être la plus originale. Ce régime est impitoyable dit-elle ; il se moque de la renommée d’un individu. Quand tu deviens nuisible, ils t’éliminent et t’offrent une sépulture digne de ce que tu as été. Dès qu’un décret est signé par le chef de l’État, il doit être respecté ; sinon, tu te transformes en hors-la-loi dangereux, et personne ne te tendra la main. J’ai toujours conseillé à Eto’o fils de rester discret et moins omniprésent, mais il n’a pas compris. Nous avons pris la nomination de Song avec humour. Je sais une chose : Eto’o ne voulait pas voir émerger d’autres jeunes lions, car il aspirait à être l’homme de tous les temps.
Chacun verra comment les jeunes auront désormais la passion de gagner. Mais, avide de gloire et voyant qu’il ne contrôlera plus les lions, il est possible qu’il démissionne bientôt. Le ministère fera tout pour l’écarter de l’équipe. Se sentant frustré, il cherchera à partir pour préparer de nouvelles stratégies afin de rallier les foules, car il y tient. Mais ce genre de calculs dans un pays comme le Cameroun montre une méconnaissance profonde de ses hommes. Il n’aime pas la défiance, et ils ont tous les moyens pour réduire les hommes véreux au silence.