Le serpent était-il la première nature d’Eve ?
Par Priscilya Manga
Comment est-il possible que ce soit une femme qui le dise à une autre femme ?
« Une minute de silence pour craindre la femme ! » C’est le rituel que bon nombre d’hommes s’imposent de nos jours. Le serpent était-il la première nature d’Eve ?
« Sincèrement je n’aime pas ton style. Si c’était moi qui portais ce tailleur, il m’irait à la perfection ». « Tu as raison de mettre du make up parce qu’en vrai, on dirait mon frère ». « C’est dommage car ta femme était belle avant mais maintenant avec sa prise de poids ce n’est plus le cas ». « Cesse de perdre le temps à notre frère et donne lui un enfant », etc. Des propos outrageants et dénigrants comme ceux-là sont légion et la régularité de leur fréquence devient inquiétante. Il serait plus logique de penser qu’ils proviennent de l’ignorance des hommes. Cependant, lorsque l’on s’aperçoit que ce sont précisément des femmes qui s’adressent ainsi à leurs semblables, alors on est à mesure de se poser certaines questions.
L : Haine sans gêne !
Généralement les relations entre les femmes sont de nature conflictuelle. Elles sont plus promptes à se juger entre elles, à se souhaiter du mal et même à se haïr profondément. Vous vous attendez le plus souvent à des choses impardonnables comme causes de leurs conflits mais vous êtes choqués par la petitesse et la banalité de ce qui les s’opposent. Une femme est capable de te détester juste parce que tu as porté un sac qu’elle a toujours rêvé avoir mais qu’elle ne peut pas s’offrir. Elle est capable de te vouloir du mal sans que vous ne vous connaissiez juste parce que tu affirmes ta confiance en toi et tu assumes ton authentique beauté publiquement, chose qui pourrait attirer l’attention de son homme vers toi. Une femme est capable de te garder rancune pendant des années juste parce tu es le reflet de ce qu’elle ne sera jamais et que tu possèdes ce qu’elle ne pourra jamais avoir dans sa vie. Une femme est capable de te haïr juste parce que tu es toi et tu ne seras jamais elle. Ce sont là quelques exemples des comportements bien étranges que nous observons au quotidien chez la gent féminine. En outre, il serait normal de restreindre son cercle d’amies pour avoir plus de quiétude et optimiser l’état de sa santé mentale.
C’est ma BESTIE : mythe ou réalité ?
Avec tout ce qui a été dit précédemment, ça ferait peur à n’importe de vouloir trainer avec une femme. Mais après tout, qui pourrait mieux comprendre une femme si ce n’est une autre ? Elles ont des codes de langage qu’elles seules peuvent comprendre. Par exemple, lorsque tu es déprimée, tu as besoin de sortir faire du shopping, te faire belle dans un institut de beauté, aller te défouler dans un night-club ou encore te remettre au sport. Tu es capable de le faire seule mais il n’y a pas meilleure sensation si tu le fais avec ta bestie. Lorsque tu as un potin à raconter, tu penseras d’abord à lui dire. Lorsque tu as un évènement à célébrer tel qu’un nouvel emploi, une promotion, un mariage, une naissance ou une nouvelle acquisition dans le monde des affaires ; tu souhaiteras le fêter avec ton ou tes amies de toujours. De ce fait, une relation de confiance et de loyauté vous liera à jamais.
C’est le genre d’amie à qui tu confies tout et même des secrets qui auraient dû rester secrets. Mais par confiance tu te confies à elle avec la ferme assurance qu’elle ne te trahira jamais. Dans bien des cas, celles qui ont aveuglement accordé leur confiance à leurs besties hier, regrettent amèrement aujourd’hui. Combien d’entre nous ne regrettent pas une amitié hypocrite et fallacieuse ? Où tu te dis intérieurement : « Que n’ai-je pas fait à cette fille ? Je lui ai tout donné. TOUT ! Qui ne la connait pas dans ma famille ? A mon mariage, on aurait dit qu’elle était la mariée. Elle s’y était tellement impliquée.
Comment a-t-elle pu me trahir ainsi ? On peut faire ça ? ADAMA ? » Néanmoins il serait injuste de ne pas reconnaître l’existence d’une espèce en voie de disparition. Car, oui sa rareté reflète son inestimable valeur ; sa loyauté est un courant d’air frais en plein harmattan et sa présence un phare dans la pénombre de la nuit. Cette espèce humaine dont la survie est menacée, existe encore de nos jours : de VRAIES AMIES ! Si tu en as une, estime-toi opulent, car c’est un luxe envié par beaucoup.
La trahison : new love language en 2024 ? Julie, 25 ans, se livre sans langue de bois :
« Vos histoires de Besties là ne m’en parlez plus s’il vous plaît ! J’ai reçu ma dose de trahison et elle se périme à ma mort. Celle qui se faisait passer pour ma meilleure amie, comme ma sœur d’une autre mère m’a poignardée dans le dos en m’arrachant mon mari. Pour la petite histoire, lorsque j’étais à six mois de grossesse, j’avais remarqué certains signes précurseurs d’une potentielle tromperie de mon conjoint. Tout à d’abord, je voulais des preuves de sa trahison si elle était avérée avant de le confronter.
Je me sentais tellement mal d’être potentiellement trompée, en plus dans mon état. Je me sentais mal dans ma peau avec ma récente prise de poids, moi qui suis un avion de chasse à la base, je me sentais énorme franchement. Le seul refuge que j’avais c’était la nourriture clairement et mes moments passés avec Camille. Elle était au courant de tous mes doutes, de toutes mes inquiétudes et incertitudes. Elle m’avait conseillé de le quitter à la naissance de la petite.
Elle faisait partie de ma vie, c’était elle la marraine de ma fille. Mais imaginez le coup de massue que j’ai reçue en ayant appris que c’était elle qui s’occupait très spécialement de mon mari dans mon dos pour revenir le soir me consoler. Le niveau de malice, une vraie psychopathe cette femme. Le pire est que la découverte de la vérité m’a fait accoucher prématurément. Ma fille aujourd’hui a des soucis de santé en partie à cause d’elle. Pour finir je me suis séparée du père de ma fille et quant à elle, elle s’est mariée avec lui. Et oui, ils se sont mariés ! Aujourd’hui, il a perdu son travail et elle le déplume en justice.
Comme quoi, on ne récolte que ce qu’on sème dans la vie ! » L’histoire de Julie nous renseigne sur le degré de perversion que les femmes peuvent avoir entre elles. Des cas comme le sien, il en existe une ribambelle. L’adultère occupe le trône des rois en matière de motifs de divorce. Une étude a révélé que seulement 16 % des femmes trompent leurs conjoints contre 28 % des hommes qui cèdent à la tentation au cours de la première année de mariage. Sans vouloir justifier et étayer cette déviance avilissante, l’écart reste assez important. En outre, il serait néanmoins intéressant de nous questionner sur le taux relativement élevé d’infidélité non pas de l’homme mais de la femme ces dernières années ?
Pourquoi cette antipathie entre les femmes ?
Sans avoir la prétention incongrue de détenir la science infuse, nous allons ensemble essayer d’apporter des éléments de réponse à cette interrogation épineuse. Généralement lorsqu’une personne est en désaccord avec une autre, une réaction primitive émanerait sur un état d’emportement, de colère et de défense. Par définition, la colère est un état affectif violent et passager résultant d’un sentiment d’agression ou d’un mécontentement. Ce mécontentement à son tour pourrait émaner d’une autre émotion comme la peur. Sentiment d’angoisse éprouvé en présence ou à la pensée d’un danger réel ou supposé, d’une menace quelconque.
Le plus souvent et particulièrement en Afrique vous entendrez des phrases telles que « Pourquoi elle et pas moi ? », « qu’a-t-elle que je n’aie pas ? », « elle a quoi de plus que moi ? » ; ou encore typiquement et trivialement camerounaises comme : « elle veut trop nous montrer quoi ? », « elle c’est qui ? », « tu n’es rien », « donc, nous on prie mal ? », etc. Toutes ces expressions convergent vers une même idée : la menace. La question c’est pourquoi te sentir en danger face à une autre femme comme toi? Pourquoi la présence de cette dernière suscite en toi ce manque de confort, cette gêne, cette peur ? Ne serait-elle pas le reflet de tes nombreuses incertitudes ? Ne serait-elle pas la représentation de ton non accomplissement personnel ? Sa simple présence ne te mettrait-elle pas en face de ton manque de confiance en toi ?Tout en laissant le soin à chacune d’apporter ses éléments de réponse, il serait sagace d’avoir une réflexion commune sur les différentes voies de sortie face à cette incommodité.
Solidarité féminine : importance et leadership
Grande ennemie peut-elle être, meilleure elle est en alliance. La femme possède cette dualité impressionnante en elle. Elle peut aussi bien te donner la perfidie humaine en cadeau, tout comme elle a l’expertise du don de soi, de l’amour. Ainsi, on peut bien se demander pourquoi se faire tant de mal, quand on peut rentabiliser le bien ? Cela peut se faire avec bienveillance sans pour autant exclure la méfiance. Tout est question d’équilibre ! C’est dans ce clivage qu’apparait l’importance de la solidarité féminine. Il serait beaucoup plus intéressant de se soutenir entre nous plutôt que de se tailler mutuellement.
Personne ne peut mieux comprendre ce que vit une femme qu’une autre femme. En assemblée, à défaut de nourrir des séances de commérage, elles peuvent bénéficier de l’expérience de chacune dans divers domaines de la vie et obtenir l’appui dont elles avaient besoin depuis des années. Entre conseils, assistance, soutien moral, et j’en passe, la liste des avantages résultant d’une simple décision personnelle est non exhaustive. De plus, lorsqu’elles s’asseyent pour un objectif commun, elles donnent raison à ceux qui pensent que la puissance est une femme. Elles deviennent dangereuses, , instoppables, invincibles et redoutables pour le monde.
Car, désormais conscientes de leur pouvoir et de leur puissance, elles brisent tous les tabous, tous les codes et avancent vers la même direction telle une meute de louves assoiffées d’or. C’est dans ce sillage qu’est naît l’expression BOSS LADY ! Cependant il ne faudrait pas tomber dans le piège de l’usurpation de l’identité masculine (confère mon dernier article). La femme est une mine d’or quand elle prend conscience de sa place et de son potentiel qui reste encore sous exploité.