Mag-Afriksurseine-Mars-2024

HOMMAGE A ROGER MOINDOU PAR MARTHE CECILE MICCA

par Marthe Cécile Micca

Cet article est une reproduction des mémoires oubliées, émissions télé web que j’animais sur la chaîne Diaspocam. J’ai retrouvé la trace de mes écrits. Les mémoires oubliées à l’époque, retournaient sur la colline du chimpanzé pourri, c’est à dire à Ebolowa pour exhumer un journaliste de classe exceptionnelle. J’ai nommé Roger Moindou et pour parler de ce dernier, j’avais invité l’écrivaine Marthe Cécile Micca qui, dès son âge l’avait fréquemment  écouté  sur les ondes de  la radio  sud. Pour le plaisir et les souvenirs, je retrace la vie de ce grand frère qui était tant aimé.

« Ebolowa la voix du sud… Moindou ! » c’est comme ça que les cops de Ngoa et Ekelé ont rendu célèbre la voix immortelle de Roger Moindou, dans tous les amphis de l’université de Yaoundé. Pour réchauffer les cours, les étudiants reprennent le célèbre journaliste. Cette interjection faisait référence à ce brillant homme mort à la fleur de l’âge. Il s’appelait Roger Moindou. Il était jeune, il était superbe et ravissant dans son élégance,  un grand séducteur. Il aurait été un bon  mannequin si un grand couturier  s’était présenté devant lui. Mais la beauté physique ne suffit pas à l’homme et Roger l’avait accompagné d’une beauté Morale.

Marthe Cécile, tu es écrivaine, mais tu vas faire œuvre d’historienne ce soir et  de  journaliste. Pourquoi parler de Roger qui vient d’une région distincte de la sienne  ?

L’écrivain n’a pas de pays, ni de région, l’écrivain travaille avec les mots, nous sommes constants dans l’histoire. La pensée d’un romancier pénètre tous les milieux et sert  tous les âges. L’écriture est un carrefour et à ce carrefour, on trouve l’écrivain qui d’aventure est un être multiforme. Si l’écrivain réduit son champ d’action, il devient étroit. Or, il est tenu de se mesurer  dans le temps et dans l’espace. Sa tâche est de manifester son humanisme partout où il pose ses pieds, et même s’il ne peut y aller, il voyage avec sa pensée, c’est pour cette raison qu’il est contraint d’être  présent en tout lieu et voir grand. Telle est la raison qui m’invite à parler de lui.

 

Le connaissais-tu ?

Oui… Je l’ai connu, je l’ai rencontré. C’était une rencontre de sensibilité, une rencontre passionnelle, une rencontre intellectuelle féerique, il prenait plaisir à  conter des histoires. C’est avec ses histoires qu’on s’endormait. C’était un homme qui avait mille contes à dire chaque soir à la station radio. C’était un brillant journaliste séducteur, il était fascinant, j’étais encore toute petite quand j’entendais ses histoires à radio Ebolowa. Les ROGER sont des personnes hyperémotives, souvent en retrait, mais réactifs, leur animal totem est le rossignol, ils sont complaisants, bons concepteurs et réalisateurs, ils ont une intuition remarquable, ils savent jauger les autres, à un trait du regard, ce sont des visionnaires, d’éminents inventeurs aussi ; ils sont dynamiques et particulièrement  sociables ; ils font tout pour réussir et ce qui leur permet d’avoir une immense  volonté dans tout ce qu’ils engagent, Roger était tout cela.

Peux-tu nous faire une brève biographie de Roger Moindou ?

Roger Moindou est le né 30 juin 1959 à Ngouétou, son père s’appelait Woura Lazare, et sa mère Mvissar Victorine tous deux sont Baboutés. Il fait ses études primaires à Mankin par Yoko et s’inscrit au lycée de Ntui, il obtient le probatoire au lycée polyvalent de Bonabéri en 1980 et le baccalauréat A4 en 1982 au lycée du Manengouba. Il s’inscrit à l’université de Yaoundé à la faculté des lettres et des sciences humaines et après deux années, il passe le concours de l’ESSTIC en 1987, il sort comme journaliste généraliste.

Ce qu’on peut dire de lui de façon remarquable c’est le fait  qu’il soit la première élite Vuté avoir pris à cœur l’esprit de rassemblement entre frères, c’est à Nkongsamba qu’il s’est réellement révélé en créant une association des ressortissants Mbamois et en organisant des soirées culturelles qui a eu d’immenses succès ; c’est à partir de ce moment là qu’il est devenu l’élite par excellence réclamée partout où se tenait un conclave des ressortissants. Ce qui est essentiel pour bien le comprendre, c’est qu’il est le produit des esprits anciens dont la mentalité fondamentale était basée sur l’hospitalité.

Carrière professionnelle

Il fait son stage à Yaoundé. Il entre à la CRTV à la station provinciale d’Ebolowa comme journaliste de 88 à 93. Peu à près  Il est appelé  au ministère du tourisme comme adjoint au chef de communication. Quelques années plus tard, il est chargé d’études au service du premier ministre. Pour se retrouver à la fondation Chantal Biya comme chargé d’études chef de service de la communication de synergie africaine. Et son dernier poste, il était enseignant à l’Enam et chargé de mission pour le compte du RDPC dans le Mbam et Kim.

Ministère du tourisme

Roger Moindou trouvait plaisir à  voyager.  C’était un homme accueillant et hospitalier, se retrouver dans un tel secteur était judicieux. Pour que le Cameroun soit un pays rayonnant, il était impératif  d’améliorer notre  vision touristique et c’est à lui qu’on suggère cette mission de réorganisation stratégique du tourisme camerounais. C’était un homme pondéré, extrêmement  discipliné, ayant un respect profond de ses aînés, un homme remarquable et remarqué. Journaliste généraliste, ayant une  maîtrise exemplaire des  techniques journalistiques, particulièrement strict, il racontait les scènes de la vie de tous les jours. Il nous a quittés à l’âge de 47 ans. On gardera de lui ses leçons, son humour et ses œuvres qui prolongent sa vie dans l’éternité.

Roger était un homme charismatique.

Une présence impressionnante, c’était un homme fascinant comme on pourrait dire n’importe quelle femme serait tombée devant lui, d’ailleurs à Nkongsamba, on parle de cette enseignante du CETIF qui va l’adopter et cela fera la une à Nkongsamba parce qu’on estimait  que c’était sa compagne,  va par  d’ailleurs lui coûter beaucoup des notes désastreuses pour s’être inséré  dans la cour des grands.

 

Un homme cultivé

D’une Culture éclectique, oui, il l’a été, parce que le journaliste ne se languit pas qu’on lui serve de considérations générales des abstractions, mais qu’on lui apprenne quelque chose de nouveau, d’original, en plus le communiqué doit apporter une information ponctuelle plutôt qu’une information générale ou idéologique, Roger Moindou maîtrisait ces enseignements-là ;

Les  caractéristiques de la radio du sud.

La voix du sud, c’était une radio calquée sur la chaîne nationale, les principales caractéristiques de la radio et de la télé sont l’instantanéité et la recherche des éléments sonores, c’est-à-dire un fait doit être traité dans les 24 heures, le journaliste doit être prêt à répondre aux demandes de la radio. C’est dire que Roger était un vrai professionnel.

Les médias de provinces férus d’histoire

Les radios de province ne sont pas des radios désertes, ce sont des radios vivantes Roger Moindou savaient capter ses auditeurs, il jouait un rôle prépondérant, le journaliste ne s’improvise pas un journaliste présente les faits. La magie des mots par exemple. C’est lui qui donne un ton qui relaie l’anticipation  les élections de 1992. Nous sommes aux heures des anticipations

Vie Associative

Lorsque Roger Moindou arrive dans une ville, il avait une particularité, il allait chercher tous les ressortissants du Mbam, c’est ainsi qu’il va créer l’association des jeunes Mbamois du Moungo qui organise en 1980 unes des soirées culturelles qui va révéler de glorieux  artistes de nos jours  qui étudiaient  à l’époque à Nkongsamba, comme Consty Bilong, Ngoyé jeka, Ndedi Eyango, à Douala il fait la même chose, il crée un concept de Nimkinim qui reste en vigueur jusqu’aujourd’hui dans tous les milieux voutés.

Vie familiale

Roger était père de 5 enfants, c’est un homme sobre qui menait une vie  modeste et ouverte, il était sans cesse  prêt à aider tous ceux qui venaient à lui.

Vie politique

La politique si tu ne la fais pas elle te fera, Roger n’était appelé à faire politique, mais il était appelé à œuvrer dans le social, il aimait la société, il aimait la famille, il aimait les paysans, il souhaitait  résoudre leur problème, mais sa notoriété va pousser les hommes politiques à lui présenter au-devant de la scène. C’est ainsi qu’il entre en politique comme on entre dans une église. Dans ce parcours politique, il conduira une mission du RDPC. Je ne souhaiterais  pas finir cette émission sans rappeler le souvenir de Soule Lambert qui était son tuteur à Nkongsamba et TSENVI joseph son cousin et IDRISS Mvoutsi son excellent  ami de tous les temps.

Ses échecs

Il n’est pas parvenu à réunir  tous les voutés. C’était là son impression, mais il est resté incompris, tu sais dans nos vies les gens sont enfermés dans leur coquille et ce n’est pas facile de casser la coquille qui est cloué sur le corps.

Mot de la fin

Comme mot de fin, nous tenons à remercier  la contribution de Doup Prévost, et Djamna Bernadette à Yoko, et la  disponibilité de  Marthe Cécile, qui vient  de démontrer que l’ écrivain, n’a pas de tribu,  il n’a pas de continent, il n’a pas de famille. Sa famille, c’est la famille humaine.

 

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