Dongmo Philippe dit the Big Manu est un artiste camerounais qui fait dans le Reggae depuis quelques années en Belgique. venu pour jouer au football, c’est plutôt dans la musique qu’il va virer l’équipe d’Afriksurseine l’a rencontré et au cours d’un entretien à bâtons rompus il nous a livré l’essentiel de son parcours.
Bonjour très cher Philippe Dongmo, nous sommes heureux de vous rencontrer aujourd’hui, vous êtes un artiste très réservé, vous vous faites rare, c’est à force de patience qu’on a réussi à vous avoir, on dirait que vous n’aimez pas vous faire connaitre. C’est curieux pour un artiste. Mais avant de commencer le débat, pouvez-vous nous dire qui est Dongmo Philippe ?
Bonjour Monsieur . Moi également, je suis particulièrement ravi de faire cet entretien avec vous en ce jour. Dongmo Philippe, c’est un artiste camerounais résidant en Belgique comme vous venez de le dire. Je suis né à l’Ouest Cameroun et plus précisément à Dschang qui est une ville universitaire où j’y ai passé mon enfance avant d’aller à Douala, Yaoundé et puis en Belgique. Je suis arrivé en Belgique comme étudiant et parallèlement, j’ai joué au football amateur. Mon nom d’artiste « Big Manu » vient d’ailleurs du foot en Belgique. La musique étant une passion pour moi depuis mon enfance, lorsque j’étais en dernier année de master 2 en Gestion et finances. J’me suis résolu à sortir un album solo où je suis auteur compositeur et chanteur. Et ceci, par le soutien de « Mr Lino » l’un de mes grands frères qui est chanteur musicien. Lui il est parti de la France pour le Cameroun et y est en train de donner un coup de main aux jeunes talentueux.
Depuis quelques années, vous avez disparu de la scène et des réseaux qu’est ce qui s’est passé dans votre vie pour qu’il y ait une telle disparition, vous étiez en voyage, vous prépariez un autre album, où étiez-vous ?
Il est bien vrai que depuis un certain nombre d’années, je suis un peu absent, c’est tout simplement parce que j’m’étais aussi déterminé à faire une formation en comptabilité qui m’a pris beaucoup d’années. Mais j’en suis venu à obtenir mon Bachelor en comptabilité option Gestion. Cependant, je suis en période latente et d’un moment à l’autre, je vais apparaître cette fois-ci à nouveau avec plus d’expériences. La musique reste un grand médicament pour moi.
On vous connaît comme artiste-chanteur, vous avez pour pseudonyme Big Manu, pouvez-vous nous dire votre genre musical ?
Très tôt dans ma vie j’ai commencé à écouter du reggae, des artistes comme Jimmy Cliff U-Roy m’ont fasciné. Je fais essentiellement du Reggae (Reggae classique et Reggae à trait continu) et une sorte de French Pop accompagnée de mes propres révélations.
Pourquoi avoir choisi ce style plutôt que d’autres ?
De prime à bord, je suis quelqu’un qui a beaucoup d’amour pour le continent africain et puis c’est ce qui m’a conduit à chanter du Reggae pour exprimer mes pensées dans le même sens que Tiken Jah, Alpha Blondy, Bob Marley…Etc. Tous ces noms que je cite sont des légendes pour moi. ils ont révolutionné la musique au plus haut point. Nous aujourd’hui suivons leur pas et j’en suis fier. Se faisant, dans mes chansons, je demande aux Africains de s’unir et de renforcer leur éducation pour devenir plus forts. Car le peuple a d’énormes talents. L’Afrique n’est pas démuni, mais plutôt désuni. Par ailleurs, je fais également des chansons passionnées où je reconnais la place et la valeur de la femme dans la société comme les artistes : le seigneur Rochereau ( Tabu Ley), Rabbi(petit Pays), Sergeo Paulo, Fally ipoupa, Héritier Watanabe, Jhonny Tezanou,Mr Lino, André Marie Talla…etc
On constate que beaucoup d’artistes camerounais quittent le Cameroun pour venir s’exercer, mais une fois en Europe, on n’entend plus parler d’eux ; pouvez vous nous dire les raisons d’un tel revirement de la situation ?
Effectivement, c’est un problème crucial pour le Cameroun. L’artiste camerounais n’est pas vraiment reconnu et traité à sa juste valeur au Cameroun, il est bien que certains y trouvent leur compte, mais à mon humble avis ceux qui y s’en sortent puisent abondamment leur ressource lorsqu’ils viennent faire une tournée en occident. Un jeune artiste camerounais qui après quelques années n’a plus de succès, se trouve obligé de venir se chercher en Europe parce qu’en Afrique, ce dernier commence à broyer du noir et à voir même mendier. Pourtant, les gens s’épanouissent de ses œuvres. Une fois arrivé en Europe, beaucoup ne sont plus trop disposés à sortir un album, car, ça coûte plus cher le studio et les producteurs n’ont d’ailleurs pas parfois assez de temps. Ces artistes sont parfois obligés de faire un métier inadapté pour gagner leur vie. Alors qu’au Cameroun, ils ont suffisamment de temps pour travailler et arranger leurs chansons, et ceci avec un coût de production plusieurs fois moins élevé par rapport en Europe. Ainsi, c’est la raison selon moi, fait évoluer graduellement la musique camerounaise actuellement.
Est-il abordable de faire la musique en France ?
Absolument, si on a le temps et les moyens financiers suffisants pour se faire produire, ou si on a de la chance d’être accepté par un producteur
Comment trouvez-vous la musique camerounaise aujourd’hui ?
A mon avis, je constate que le niveau de la musique camerounaise est en baisse et cela depuis quelques années. Autrefois, les puissants artistes qui étaient respectés en Afrique étaient les artistes camerounais et Congolais (RDC). Mais de nos jours, on ne voit pas assez la relève, le plus souvent, c’est un ancien chanteur camerounais qui revient fréquemment faire de la bonne chanson après les belles lurettes. Même lors des fêtes camerounaises en Europe, il est nécessaire de mettre la musique congolaise de jeune génération (Fallyipoupa, maître Gims, Héritier Watanabe, Ferre gola… Etc) et les anciens Makossas camerounais pour que la fête soit superbe. Ça veut dire que la jeunesse n’a pas encore rattrapé le niveau d’Antan. Pourtant, lorsque j’écoute la musique du Tanzanien « Diamond » et du Nigérian « Flavour ». Je constate une grande similitude avec le makossa camerounais du point de vu instrumental. Et curieusement, les Camerounais adorent particulièrement sans même le savoir.
Votre mot de fin.
Je vous remercie beaucoup de m’avoir fait cette interview. C’était une surprise particulièrement agréable de ma part.
Bonne journée.