Il y a quelques mois, disparaissait le professeur Kengne Foudop, éminent géographe et grand homme de lettres. Ancien doyen de la faculté de lettres de l’université de Dschang et professeur titulaire des universités, il dirigeait la revue de géographie du Cameroun. C’était une voix qui faisait autorité. Il a écrit de nombreux articles et publié une cinquantaine d’ouvrages sur le monde rural. C’était un savant. L’homme était très discret. Un intellectuel de grande valeur, passionné par l’écriture et la recherche, il avait compris sa société et savait l’analyser. C’était un impératif pour lui parce que la géographie est une science concrète qui a une prise sur le réel. Bon communicateur, il était aimable, accessible pour ses étudiants contrairement à la majorité des professeurs des universités souvent froids, distants, méprisables et inaccessibles.
L’homme a mené une vie pleine, une œuvre dense et riche parsèment sa vie. La seule énumération des ses titres en dit long sur son engagement intellectuel. Avec le professeur Kengne Foudop, les débrouillards avaient leur auteur et ceux-ci entraient triomphalement dans notre société du moins par la littérature. Il a formé une génération d’enseignants de géographie, l’homme était une référence comme l’a dit un de ses amis Jonathan Magné Lebon: » Merci professeur ! pour votre Nième contribution à l’enrichissement des connaissances de la géographie. Je rappelle qu’en tant que président des géographes du Cameroun, vous les honorez de part la qualité de vos publications. L’honnêteté intellectuelle déjà est saluée à sa juste valeur. Le poids de vos thématiques, à forclusion, la véracité de vos écrits appuyés sur une documentation solide et sans pareil à l’international prouvent que le champ d’expérimentation de la géographie va crescendo et par ricochet, peut servir de cadre d’intégration scientifique et économique à la nouvelle génération.
J’ose croire que mes sentiments sont en parfaite harmonie avec vos objectifs que je vous sais hautement décisifs pour le véritable développement économique du Cameroun. En tout cas, le monde entier vous lit, vous commente, vous expérimente… Soyez les « start up » d’une géographie sans complaisance, et d’une économie émergente. C’est très humblement que nous vous le demandons professeur » C’est dire à travers d’un tel propos qu’il serait passionnant d’étudier la place de la personne humaine chez un géographe parce que c’est une matière qui se trouve au carrefour des autres sciences. C’est une science carrefour en d’autres termes. Je peux affirmer que le professeur était le géographe classique de cette matière au Cameroun. S’il était peu connu, c’est parce que les hommes au Cameroun sont bornés dans la politique, une politique qui les « dépasse. »
Maintenant que l’homme de lettres a disparu, ses œuvres traverseront le temps, on espère d’autres savants de sa carrure, pour reparler de la crise de l’humanisme. Il ne nous reste qu’à pleurer l’homme qui est tombé nous accompagnons des chants funèbres. Mais la mort n’en est que plus frappante lorsqu’un savant comme celui-là s’en va dans l’anonymat. C’était un homme qui avait imposé dans la culture intellectuelle non seulement une dimension sociale de ses enseignements, mais également une dimension politique. C’était un maître du savoir, le maître de son domaine, mais surtout de la littérature ; il connaissait les mœurs et les idées ; il savait analyser l’air du temps, la sensibilité d’une époque, la conjonction des forces poussées par l’espace géographique. La science en un seul mot, l’histoire dans un esprit géographique. C’était un professeur contemporain. C’était un enseignant humaniste, tourné vers…Il faut prendre son temps pour revoir son parcours et, l’apprécier.