L’annonce de sa candidature dimanche dernier portant sur un 3e mandat, place le chef de l’État au centre des rivalités contre d’anciens membres du gouvernement et ex compagnons politiques. L’élection présidentielle du 26 août s’annonce riche en compétition.
L’opinion sait davantage sur la composition de la liste des candidats à la course pour l’élection présidentielle du 26 août prochain. La déclaration officielle d’Ali Bongo lancé dans la compétition, met fin aux supputations. « J’annonce officiellement aujourd’hui, que je suis candidat. Candidat pour poursuivre le travail. Candidat, pour amener le Gabon plus loin… ». S’est-il exprimé au milieu de la foule et de quelques officiels et cadres de son parti, membres de la délégation qui l’accompagnait à Nkok, un site industriel. Cette sortie du chef de l’État a été sans surprise, au regard de ses multiples déplacements dans les villes et campagnes du pays ces derniers temps et au cours desquels il affichait une certaine aisance auprès des populations. Il fait d’ores et déjà partie des challengers qui se sont déclarés aptes à conquérir le pouvoir. Ainsi, il affrontera dans la bataille politique bon nombre de personnalités auparavant issues de son cercle restreint, mais désormais séparées de lui en raison des intérêts et des grands enjeux du pouvoir. A l’instar de Pierre –Claver Mananga Moussavou, l’un de ses ex alliés et ancien vice-premier ministre, Raymond Ndong Sima, ancien premier ministre, Alexandre Barro Chambrier, ancien haut cadre du PDG, autrefois Ministre des mines, du pétrole et des infrastructures, qui est un rival important d’Ali Bongo. Leader du Rassemblement pour la patrie et la modernité(RPM), il est candidat pour le 26 août. « Ali Bongo Odimba doit comprendre le danger d’un nouveau passage en force ». S’est-il confié à Jeune Afrique. De son côté Mike Joktane, homme politique et évangéliste, président du Gabon Nouveau, jadis fidèle du président de la République, ne cache pas son ambition de renverser son ancien mentor. « Je suis sur mes pieds », a-t-il fait savoir. Jean Ping, sorti deuxième à l’élection présidentielle de 2016, tentera une fois de plus de faire barrage au patron du PDG. Dans ce tourbillon de forces contre Ali Bongo, l’autopsie de son mandat vient renforcer les arguments de ses protestataires. Mays Mouissi, financier et auteur d’un récent rapport sur la gouvernance globale d’Ali Bongo, fait état d’un « échec », d’une « incapacité à mettre en place un programme présidentiel », ou encore « des promesses exagérées, sans liens les unes avec les autres, avec une incohérence globale ». Il fait une analyse point par point des secteurs de l’éducation, la santé, les infrastructures, l’économie etc. De manière générale, il ressort de ses travaux un projet gouvernemental « détaché de la réalité ». En plus de ces visages, plusieurs autres rivaux seraient attendus dans la quête de la magistrature suprême. Face à une opposition divisée et sans assise réelle, Ali Bongo détient les cartes du jeu politique gabonais grâce à son contrôle de l’appareil d’État ainsi que des positions stratégiques qu’occupe l’élite de son parti au sein des institutions publiques. Critiqué pour son état de santé, il est apparu en public il y’a peu de temps sous un air plus ou moins convaincant. « Je suis en bonne santé ». A-t-il rassuré les fidèles et sympathisants de son parti. En 2009 il prend le pouvoir suite au décès de son père Omar Bongo. L’année 2016 marque une période de contestation de son autorité par son principal opposant Jean Ping qui dénonce une fraude électorale en faveur d’Ali Bongo, officiellement vainqueur à 49,8% des voix contre 48,2% pour son adversaire. L’éclatement de l’opposition et sa fragilité consolident le pouvoir de l’actuel chef de l’État, candidat favori de l’élection présidentielle.
Tchuisseu Lowé