DEBALOI Debaloi est l’un des doyens de la musique camerounaise. Musicologue, il a encadré plusieurs artistes camerounais et étranger ; c’est une mémoire vivante de notre culture. Afriksurseine l’a rencontré et au cours d’un échange fructueux et enrichissants, il nous livre ses souvenirs. Ils sont merveilleux lisez plutôt.
Bonjour Debaloi ! Vous êtes très connu dans le monde du show business camerounais. Mais il y a ceux qui vont vous découvrir pour la première fois, pouvez-vous vous présenter à ceux-là ?
Je suis ravi que vous vous penchiez sur ma modeste personne. Je suis Joseph-Marie Debalois Fiatchoua ; soixante ères révolues, humble accompagnateur d’artistes des belles années de la musique camerounaise je peux citer : ( Ekambi Brillant de regrettée mémoire, Eboa lotin, Tokoto Ashanty, Marthe Zambo, Henry Njoh, Gerard Djoumbissie , Talla André marie, Sam fan Thomas ect….cela fait presque 4 décennies ; après certains estiment que je suis le patriarche et l’archiviste de la musique moderne du Cameroun période 1960/2000 ancien étudiant a l’institut supérieur des techniques audiovisuelles et radiophoniques de la rue Vaugirard a Paris membre créateur de de l’émission « canal tropical » RFI avec feu Gilles Obringer, j’ai fait des chroniques dans Bingo, Afro Star, Music Star, Challenge Hebdo …. Toute ma vie n’a été qu’au service de l’agréable bruit et ses orfèvres, aujourd’hui, nous pouvons parler de ce vécu avec autorité.
vous êtes considéré comme l’un des dictionnaires de la culture camerounaise. Au lieu de vous demander quel a été votre parcours musical, je préfère vous poser une question qui va édifier nos jeunes. Quel a été selon vous le parcours de la musique camerounaise ?
Dictionnaire de la musique camerounaise, archiviste des musiques afro descendants Ekambi brillant nous a surnommé » INA » institut national des archives » j’ai passe toute ma jeunesse à suivre les artistes et leurs produits sonores, les rythmes du pays de Manu Dibango ont tutoyé le sommet du monde par la qualité et l’inspiration débordante de leurs œuvres dans les années 60 /80 qui correspond a l’ âge d’or des rythmes comme le Makossa,le bikutsi, le Magabeu, l’assiko jusqu’à son déclin en début 1990 avec l’arrivée sur la scène du soukous congolais, le zouk antillais et le zouglou ivoirien elle a résiste comme elle pouvait, hélas les pouvoirs publics n’ont pas assure, les quelques producteurs et acteurs ont passe le temps a guerroyer, les médias n’ont pas protège ce patrimoine, le tribalisme est venu donner le coup de grâce la jeune génération se jette dans la bataille sans véritable soutien en diluant l’originalité de nos rythmes qui pour ma part ne reflètent plus la camerounite naturelle un nouveau chantier s’ouvre mais on regarde le budget du ministère des arts et de la culture, le secteur privé doit s’y pencher véritablement.
Pouvez-vous nous parler de votre style de musique et les influences qui ont bousculé votre instinct musical ou alors pouvez-vous nous citer quelques modèles camerounais que vous avez voulu ressembler ?
Personnellement, je préfère les chansons à texte ( Eboa Lotin, Francis Bebey, Charles Lembe et la salsa mâtinée d’afro jazz en tant que chroniqueur, j’écoute tout ce qui est agréable a l’oreille.
Quelles sont les difficultés rencontrées dans votre métier au niveau du Cameroun ?
Les difficultés sont inhérentes à la valeur et la considération que notre pays a envers les activités et les acteurs culturels, mais la passion nous guide et nous résistons.
Avec ces balbutiements démocratiques et tous les mouvements spiritualistes, quel peut-être le rôle d’un artiste dans la société ?
L’artiste est essentiellement un guide de la société, détendeur du pouvoir mystique que leur apporte la muse inspiratrice ; les gouvernements ne devraient pas regarder leurs doigts quand ils montrent la lune ; nos sociétés seraient bien apaisées si on écoutait la musique qu’entre le genou et le bas ventre tout ce qui se passe actuellement en Afrique aurait pu éviter si on faisait confiance à ceux qui captent les ondes célestes hélas ce n’est pas demain la veille..?
Jacques Brel disait que « la chanson, c’est un métier de femelle ou d’enfant, on se sent suivi par une masse de gens qui ont le même âge que vous et brusquement, vous avez 40 ans et plus personne n’est là. Il vaut mieux abandonner. » Quelle réflexion vous suggère cette interprétation de la musique ? Évoque-t-il de façon sous-jacente la précarité qui guette les artistes à la fin de leur carrière ?
Tout artiste ou opérateur culturel qui ne prends pas sa carrière comme un métier subira les affres de la retraite tôt ou tard vous connaissez la fable de la fourmi et la cigale.
Avez-vous un mot pour les promoteurs de la musique camerounaise ?
Qu’il travaille pour le bien de l’art et qu’il soit professionnel, c’est un métier qui leur fait gagner de l’argent, c’est une entreprise qu’il dirige, et comme toute entreprise, il faut prévoir organiser, commander etc. Il est nécessaire de respecter les acteurs.
Votre mot de fin.
Merci à tous ceux qui travaillent pour le rayonnement de la culture, ils sont des immortels.