j’ai pris conscience que parmi nos désirs, certains sont d’origine naturelle tandis que d’autres sont vains. Parmi les premiers, il y en a qui sont nécessaires à notre bonheur, d’autres contribuent à la sérénité de notre corps, et enfin, certains sont indispensables à notre survie même. Lorsque nous déclarons que le plaisir est notre but ultime, nous ne faisons pas référence aux plaisirs débauchés ni à ceux liés à la seule satisfaction matérielle, comme le prétendent ceux qui méconnaissent notre philosophie, la contestent, ou en déforment le sens. Le plaisir auquel nous aspirons se caractérise par l’absence de douleurs physiques et de troubles émotionnels.
Ce n’est pas la débauche incessante, les excès des jeunes ou les plaisirs de la table qui mènent à une vie heureuse. Non, le bonheur réside dans la vigilance de la raison, qui examine avec minutie ce qu’il convient de choisir et d’éviter, et qui repousse les opinions vaines responsables des plus grandes perturbations de l’âme. Au cœur de tout cela, la sagesse est la source primordiale et le plus précieux des biens. Elle dépasse même la philosophie, car elle est à l’origine de toutes les autres vertus. Elle nous enseigne que le bonheur ne peut être atteint sans la sagesse, que l’honnêteté et la justice sont indissociables du bonheur.
Les vertus découlent toutes de la réflexion, et la vie heureuse est intrinsèquement liée à elles. En cette vie, nous cherchons à expliquer à ceux qui semblent ne pas avoir saisi ce concept. Non pas pour prétendre que nous sommes les plus vertueuses loin de là, mais pour faire comprendre que ces vertus existent et qu’elles peuvent être appliquées dans la vie quotidienne. Un individu seul ne peut incarner toutes les composantes de la vertu, mais en tant que membres de la famille humaine, il est essentiel que chacun d’entre nous cultive au moins une vertu. C’est ainsi que le monde deviendra plus beau. Le monde est en soi une splendeur que nous devons préserver, car il était beau dès l’origine, avant que nous ne commencions à le revendiquer pour nous-mêmes. La beauté de la vertu est comparable à celle de la nature. Il suffit d’observer certains paysages, qu’ils soient luxuriants ou désertiques, pour comprendre comment la vertu devrait être incarnée. Restons vertueux pour le plaisir de notre vie.