La hausse des prix des denrées alimentaires au Cameroun, m’oblige à rédiger cet article pour exprimer terre-à-terre les causes négligées de cette tendance haussière de l’inflation. Cela devrait forcément interpeller les Camerounais qui doivent faire gaffe pour éviter l’ébullition de 2008 qui ne manquera pas à remettre le feu aux poudres. Il suffit de suivre les médias, les échanges sur les réseaux sociaux et les conversations de rue pour se rendre compte de la gravité de la situation. Quand dans un pays comme le nôtre, les prix du plantain, du gari, du riz, de la farine de blé, du maïs, du haricot, du sucre, d’huile végétale, du macabo, de légume, du bâton de manioc ou des arachides ne sont plus à la portée des ménages les plus pauvres, sachez que c’est le glas qui est en train de sonner. L’explosion n’est plus loin. Car la misère prolongée d’un peuple le rend amer, pessimiste, impitoyable et très souvent cruel. On n’a pas besoin d’être intellectuel pour comprendre la situation fragile et précaire dans laquelle se trouve notre pays le Cameroun. Quand on mange mal ou on vit mal, le chaos est dans le pré. C’est ce qui s’est passé en 2008.
En 2008, il y a eu des émeutes de la faim, c’étaient aussi les émeutes de l’inflation, car à cette époque-là, les prix flambaient, on assistait à une augmentation vertigineuse des prix des denrées, comme on le constate aujourd’hui depuis la crise ukrainienne.
Il y a trois responsables de la vie chère au Cameroun : le premier responsable repose sur les institutions qui sont les garants de l’activité économique. Le deuxième vient de l’extérieur puisqu’on en dépend à plusieurs niveaux. Le troisième, c’est nous-mêmes.
Mais avant tout, il ne faut pas confondre vie chère et pauvreté ou niveau de revenu bas. Tous ont les mêmes conséquences malheureusement, mais sont d’origines différentes.
Les petites causes de la vie chère au Cameroun
Nous connaissons le Cameroun. Ce pays appelé Afrique en miniature cultivait tout. En 1980, le kilo de viande était à 350 f, le régime de plantain vendu aujourd’hui à 5000 f coûtait 400 f, le plantain se vendait en tas et celui de 100 f suffisait pour nourrir une famille. Le macabo ou les patates étaient versés sur le marché, lorsque tu achetais un tas, on te donnait un pour cadeau. Le gari était à 10 f le verre 25 cl, le paquet de sucre coûtait 125, on le détaillait 5 morceaux à 10 f. La bière variait de 125 à 175. Il y avait ce qu’on appelait Jovajo. C’est avec Jovajo que j’ai appris à boire. C’est une bière qui nous faisait chanter. Au bar, on quittait le matin. Les avocats se vendaient en tas et le cinéma coutait 60 f l’entrée. Même si je n’ai pas bonne mémoire, les prix tournaient autour de ces montants que j’avance. (Article similaire) : https://o-trim.co/cmr
Et puis la population a augmenté à un rythme géométrique. L’arrière-pays s’est vidé, les villes comme Nkongsamba ont laissé partir les jeunes en aventure. Les terres étaient intactes et il y avait plus d’hommes pour labourer les champs ou cueillir le café les champs.
Oh mon Dieu… Je me rappelle bien ces périodes charnières. On nous priait de vivre. On nous payait pour manger. On disait que le Cameroun était l’Afrique en miniature et c’était vrai. Son agriculture était abondante, un élevage bovin fructueux, une eau poissonneuse ; une industrie florissante, des resplendissantes vergers inondaient l’espace jusqu’aux murs des maisons. On portait des vêtements multicolores pour aller à l’école et on venait nous soigner à la maison. Voir la nouvelle ville de douala dans cette vidéo https://o-trim.co/ncm
Il n’y a pas longtemps tout cela et nous sommes encore là et nous voyons le Cameroun sombrer au carrefour de son destin. Je n’accuse personne en particulier. Nous sommes tous responsables de notre pays.
En tout cas le problème de la vie chère est un problème de la lutte des classes. La condition ouvrière tout court. Si on parle de vie chère, c’est pour dire que le niveau de revenu est bas. Pour les personnes qui gagnent par mois des millions de francs, elles ne se sentent pas concernées par ce qu’on entend par vie chère ou inflation. Elles ne le savent même pas, puisqu’elles ne vont pas sur le marché. C’est la classe sociale la plus défavorisée qui subit les contres coups de cette surenchère. Pour un ménage qui n’a pas de revenu, la vie demeure chère même si les prix baissent de moitié. Ainsi, la lutte contre la vie chère suppose à la fois la baisse des prix et l’augmentation des revenus. D’où l’importance accordée à la production, laquelle permet à la fois de créer et de distribuer des revenus tout en augmentant l’offre. Il va de soi qu’une personne qui est dans le chômage, qui vit dans la précarité, qui subit des inégalités sociales, verra doublement cette vie difficile s’accentuer.
La vie chère d’aujourd’hui n’est pas seulement la conséquence de la guerre en Ukraine, elle remonte à nos erreurs du passé. Au niveau de notre politique de libéralisation, et les politiques néolibérales n’ont pas évoluées. Chez nous, on ne facilite pas à proprement parler la concurrence. Or la concurrence invite à l’attraction. Si je vends des brochettes quelque part, je ne dois pas chercher à avoir le monopole, je dois permettre aux autres de s’y installer près de moi, s’il y a dix ou vingt vendeurs, le lieu devient un lieu d’attraction. Cela permet à tout passant de s’arrêter pour manger, et les voitures de stationner.
C’est un exemple vivant à Kekem, les voitures qui passent par-là s’arrêtent automatiquement pour s’abreuver et manger. Kekem est devenu un grand pôle économique. Ce qui a obligé les hommes d’affaires d’investir dans l’élevage pour faciliter l’approvisionnement en viande, c’est la même chose pour Château-Rouge dans le 18ème à Paris. Il est dit que le tout premier commerçant dans les années 60 fut Camerounais, un chinois l’a suivi le lendemain. Voilà ce que Château-Rouge est devenu aujourd’hui. Je prends un exemple banal pour me faciliter la tâche. Tous les secteurs économiques doivent chercher à casser le monopole d’une activité. Une bonne vision économique, privilégierait le marché total, on parlera de marché absolu. Une sorte de libéralisation totale du commerce. On pourrait ajouter la libéralisation financière, avec un petit clin d’œil de l’état. La priorité dans ce contexte doit être donnée au secteur privé.
Le prix imposé par l’extérieur sur nos matières premiers faits peser notre balance commerciale. La balance de paiement sera forcément déficitaire.
Cause de la vie chère
Les routes, les routes sont mauvaises, l’état des routes ne facilite pas l’acheminement des marchandises vers les grandes villes. Les paysans en payent le prix. Les transporteurs taxent très chers pour acheminer les marchandises. Le résultat, c’est l’augmentation des transports qui se répercute sur le prix des denrées sur le marché.
La communication est aussi un grand facteur, ce stimulus est en train dans nos mœurs et la grande partie de nos ressources va dans la téléphonie. Au lieu de s’acheter à manger, il y a des personnes qui préfèrent acheter du crédit pour leur téléphone. Bien évidemment, on n’en aura pas assez pour nos repas dans les prochains jours. Par ailleurs les enfants issus de la paysannerie, trouvent le travail de leur parent comme de l’esclavage. Ils les délogent de cette sphère dès qu’ils sont épanouis.
Je n’oublie pas le cas du fonds monétaire international et de la banque mondiale qui sont les deux grands criminels qui tuent nos pays africains, ce sont eux qui provoquent le déclin de la production. Ce qui aggrave le chômage, la misère, et notre grande dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
Les tracasseries policières. Les usagers camerounais vivent sous les entrailles des tracasseries et de la corruption policière, une population tenaillée par la misère qui travaille durement dans les champs pour écouler ses marchandises entre Souza et douala ou entre Djombé et douala par exemple, rencontre plus de dix contrôles de police sans oublier la présence des gendarmes routiers sur la même voix.
L’insertion des bens skin sur la route qui est d’ailleurs une bonne chose a privé le secteur agricole de sa main d’œuvre. Cette armée de réserve qui travaillait dans les champs s’est procuré les motos et ont quitté les plantations.
La production agricole n’a pas été proportionnelle à l’augmentation de la population depuis 30 ans ; c’est normal lorsque la demande est supérieure à l’offre, les prix ne peuvent qu’augmenter. Voilà trois petites choses évoquées que si elles sont réglées, vous verrez les prix baisés.
Nous pensons que pour lutter contre la vie chère ou même contre l’inflation, c’est aussi la lutte contre le sous-développement, c’est-à-dire, contre le chômage, contre le sous-emploi, contre l’asservissement, contre les débâcles financières, contre les inégalités sociales, contre l’impuissance et l’inaction sur le plan économique. Pour lutter contre la vie chère, il faut exécuter des faits concrets comme la réduction de certaines taxes internes et ou douanières comme dans les produits pharmaceutiques. Une baisse effective et durable des prix. Une baisse effective et durable des prix.
Il faut augmenter les revenus des plus pauvres, les mieux lotis n’ont que faire de la vie chère, ils achètent leur marchandise en gros, bénéficiant dans ces conditions de certaines réductions. Il est donc nécessaire de se tourner principalement vers les personnes défavorisées. Relancer le plein-emploi, et lancer des grands travaux. Il faut revoir certains partenariats avec certains pays surtout ceux qui ne paient pas les droits de dédouane.
Le sucre est cher au Cameroun tout simplement parce que la moitié de production sucrière est vendue dans la sous-région. Il ne faut pas oublier que les congolais comme les gabonais achètent les produits vivriers avant la récolte dans la plupart des champs de l’ouest qui est le grenier du Cameroun. Et qui va laisser le cash pour aller subir les tracasseries sur le chemin des marchés ?
Une autre chose regarde la sécurité de la population. Il faut la sécurité, une mégapole doit tourner le jour comme de nuit ; c’est comme ça une capitale, s’il y a l’insécurité, les gens ne s’investissent pas dans les activités de nuit et la population ne sortira pas, cas des « phénomènes des microbes ». Interdire les bens skin de circuler à une certaine heure est infructueux. Il faut plutôt développer l’esprit sécuritaire avec tous ses réflexes. Il ne faut pas attendre d’être surpris pour prendre des décisions de sécurité. Il faut protéger les épargnes, les hommes ne travaillent pas pendant des années pour qu’on vienne arracher leur argent.