Mag-Afriksurseine-Mars-2024

LE LIVRE DE LA DECHIRURE DU VOILE THIERRY MOUELLE II (interview)

 

THIERRY MOUELLE II est ce qu’on appelle, en jargon social, un homme de culture. Journaliste, essayiste, égyptologue, poète, romancier, enseignant d’université en stratégies et économie d’entreprise ; on croirait en avoir fini avec son curriculum vitae qu’on le retrouve aussi consultant international en management et stratégies des organisations. Il conseille autant les grands décideurs du secteur privé qu’il accompagne des structures étatiques dans la formulation et l’application des politiques sectorielles de haute valeur socioéconomique.

D’une culture générale phénoménale, j’ai toujours dit que THIERRY MOUELLE II est mon précurseur dans le domaine de la recherche intellectuelle. Je le réitère. C’est grâce à des émissions telles que « Les heures fugaces » qu’il a présentées dans les années 90 à la CRTV-radio, alors qu’il n’avait pas encore 20 ans révolus, que l’idée nette de mes activités littéraires d’aujourd’hui a pris forme. Thierry a vu défiler à son micro des élites intellectuelles telles que Luc Sindjoun, Hubert Mono Ndzana, Elouga Beng, Calixte Beyala, Daniel Anicet Noah, Tsade Eone, André Mvesso, Remy Sylvestre Bouellet, si ce n’est jusqu’au Prof. Gervais Mendo Zé, de regrettée mémoire, pour ne citer que ceux-là, parmi d’autres bien connu du monde africain.

Son passage à la presse écrite l’a amené à côtoyer des sommités telles que Mongo Beti, Fabien Eboussi Boulaga, Nkot Bisseck, Puis Njawe, et j’en oublie. Vivant principalement à Paris depuis quelques années, il est plongé dans l’écriture et a notamment publié en 2014 La Porte Secrète du Pharaon, un roman salué par la critique pour son style épuré et sa haute maitrise des arcanes de l’Égypte ancienne. S’en est suivi un essai, Historiographie africaine et archéologie de l’esclavage, précédant un recueil de poèmes, Les Essences de l’âme, et deux volumes de Le Pharaon Inattendu, roman dont il vient de compléter la trilogie en sortant tout récemment, Le Livre de la Déchirure du voile, un ouvrage de 658 pages, qui marque d’une pierre essentielle l’ensemble de la production littéraire d’un auteur qui s’impose désormais dans le paysage littéraire francophone.

Bonjour Thierry Mouelle II, j’aimerais pour les nouveaux lecteurs de notre nouveau site que vous vous présentiez succinctement.

TM II : Je suis né au Cameroun il y a une cinquantaine d’années, fils d’un Rev. Pasteur protestant, issu d’une lignée princière des terres Pongo dans la Région du littoral, et d’une mère, fille de roi, dans la région du sud-ouest, plus précisément chez les Moόngo, arrondissement de Tiko. Par le jeu des alliances matrimoniales traditionnelles, toute mon ascendance a des ramifications dans les Chefferies et les principautés de ces deux régions. Ce qui implique des racines directes avec les Pongo et les Moόngo que je venais de mentionner, mais aussi les Bakoko de Yassem, d’où vient ma grand-mère maternelle, elle-même fille de roi, notamment Son Altesse Royale Essawè Malèpè. J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer pourquoi la manière de me présenter prendra toujours cette forme.

Il me plaît néanmoins d’y revenir. Ce qui fait l’identité d’une personne tient essentiellement à la connaissance qu’elle peut afficher de ses différentes attaches familiales, à commencer par les deux branches de ses lignées maternelles et paternelles. Je ne suis donc que la petite continuité de ceux qui m’ont précédé, c’est-à-dire mes ancêtres. Je ne peux me présenter sans les avoir en mémoire, tout en rappelant que c’est grâce à eux que j’existe. Je suis Muel’a Muel’a Ibon ; Ibon’a Malolo, Malolo’a Ngundu ; Ngundu’a Tiko ; Tiko’a Mwenyan ; Muenyan’a Nguèbè ; Nguèb’a Biadi ; Biadi ba Koum ; Koum’Epongwè ; Epongw’a Mbedi ; Mbed’a Mbongo ; Mbongo’a Njoh. Avec cet arbre généalogique, une partie essentielle de mon identité est connue. Il y apparaît que je suis un descendant direct du patriarche Mbongo, fondateur des Bona Mbongo, plus connus de tous comme le peuple Sawa.

Je suis donc le Trois fois Prince, Soyamb Mul. Prince chez les Moόngo ; Prince chez les Bͻmͻnͻ bá Jεdú, où mon père, par sa lignée, a occupé le siège de Premier Notable des Bonakolo ; et Prince chez les Bakoko bá Yassem. Par les temps qui courent dans nos contrées, il est extrêmement important que chacun sache qui il est, et quelle est sa place. Je ne le fais pas par mégalomanie ou par quelque poussée d’orgueil, je le fais pour demain, pour la descendance, pour l’Histoire. Beaucoup d’entre nous ne sachant plus qui ils sont, vous imaginez ce qu’il en sera pour nos enfants ? Ce sont, certes, les conséquences de la colonisation, et sa politique de Tabula Rasa que j’évoque et explique abondamment dans mes écrits, mais cela découle aussi du laxisme de certains de nos aînés qui pensaient ne réussir leur vie moderne qu’en se reniant eux-mêmes, qu’en singeant les Occidentaux, allant jusqu’à interdire l’usage de leur propre langue dans leur maison, au profit des langues européennes. Quand on a donc l’occasion de rappeler les règles d’identification traditionnelle, il ne faut pas hésiter de le faire. Cela n’enlève rien à notre ancrage à la modernité. Mais une modernité dépersonnalisée, sans racines, a les mêmes problèmes que quelqu’un qui ne sait pas où il habite. Elle est tout simplement sans substance et ne grandit personne.

Aussi, du simple fait de me présenter comme autrefois nos ancêtres Kemiou, les anciens Égyptiens, qui identifiaient chacun par son nom SaRá, le nom de naissance, le nom de fils du Dieu solaire Rá, je redonne vie au Ka de mes ancêtres et, par mon arbre généalogique, me reconnecte directement à mon ancêtre le plus proche de Nyambè, Dieu, en l’occurrence le saint Ancêtre Mbongo’a Njoh. Faisant de moi, un Som-Som’a Mun’a Nyambè, un authentique fils de Dieu, en abrégé Soyambè, donc Soyamb Mul.

Beaucoup sont comme moi, mais ils l’ignorent totalement. En prenant cet exemple, ils sauront mieux qui ils sont véritablement et l’assumeront. Cela préviendrait de certains comportements indignes des fils de Dieu.

Tout ceci dit, et pour commencer cette part de modernité qui vous intéresse, j’ai fait une partie de mes études au Cameroun, ensuite aux Etats-Unis, en France, et au Japon. De toutes ces cultures j’ai tiré des parchemins doctoraux qui me permettent d’être l’un des spécialistes les plus en vue en matières de construction d’une image-pays (Nation Branding, en anglais) et d’élaboration des stratégies de développement. J’ai été journaliste et cadre dans des entreprises privées du domaine de la presse parlée, écrite et audiovisuelle, y compris celles que j’ai créées moi-même, et ai travaillé dans la banque et les nouvelles technologies. J’enseigne aujourd’hui la stratégie des organisations et l’économie d’entreprise dans des Grandes Écoles de commerce en France et en Afrique. En parallèle, je suis un consultant (niveau expert, selon la nomenclature de l’ONU). C’est à ces titres que j’accompagne les banques, les sociétés de télécommunication et de Nouvelles Technologies, et apporte mon expertise à la formulation et la mise en place des politiques sectorielles de haute valeur socioéconomique au profit des gouvernements. Et puis… je fais beaucoup de recherches en égyptologie, en histoire, pour nourrir ma littérature.

Calvin Douary :  Vous venez, en effet, de publier, il y a quelques semaines, le troisième volume de votre roman à succès Le Pharaon Inattendu, à savoir Le Livre de la Déchirure du Voile. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Thierry Mouelle II : Le Livre de la Déchirure du Voile est un roman qui met en scène des personnages fictifs pour porter, accompagner et élargir, les actions des personnages réels, connus dans l’Histoire. À l’exemple du personnage fictif Ruiz Caïmanera qui n’existe, dans ce volume 3, que pour porter, entre autres, les actions de Fidel Castro, dans son rôle de dirigeant cubain qui apporte une aide fondamentale au gouvernement MPLA d’Angola lors de la guerre civile qui oppose ce dernier à l’UNITA de Jonas Savimbi, lequel est soutenu par le système de l’Apartheid sud-africain, les Américains, le Zaïre de Mobutu et la Cote d’Ivoire de Félix Houphouët Boigny. Le personnage de Ruiz est un colonel des Forces Spéciales appartenant à l’armée de l’air cubaine. Par le biais d’un pont aérien, plein de suspens et de rebondissements, qu’il établit entre son pays et l’Angola, il conduit une troupe de militaires experts en armes de tous genres vers le front sud, au plus près de la grande Ligne de Front qui marque la division du monde en deux blocs idéologiques : les capitalistes et les socialo-communistes. Le faisant, il permet de faire entrer en scène un personnage réel, le général João Manuel Lourenço, l’actuel président d’Angola, qui dirige alors ce front le plus chaud côté angolais. On le voit à la manœuvre stratégique, aidant à comprendre le rôle fondamental que l’URSS et Cuba ont joué dans les luttes de libération de l’Afrique. Surtout, on le voit préparer toute la logistique destinée à réaliser une mission encore plus sensible : la libération de Nelson Mandela de sa prison de Robben Island. En réalité, c’est la mission secrète du colonel cubain. Soutenu par l’Etat-major à Luanda, dirigé par Eduardo Dos Santos aux commandes du pays depuis 1975, la date de l’indépendance, le général Lourenço va apporter à la mission cubaine toute l’aide dont elle a besoin pour réussir ce challenge fou. À ses côtés, se trouve Chris Hani.

C.J : Le chef de la branche armée de l’ANC ?

  1. M II : Lui-même. Et c’est un fait historique. Le chef du MK, a effectivement participé aux côtés du MPLA à certaines batailles. Et il m’a plu de tisser une intrigue basée sur ce fait historique, tout en me posant la question de savoir comment, avec comme alliées des États aussi puissants de l’époque tels que l’URSS, la Libye et Cuba, rien n’a été tenté, du moins publiquement, pour sortir Mandela de prison. Le lecteur découvrira alors l’essentiel des détails de la Guerre Froide sur cette partie du continent, et comment, à la faveur d’une telle initiative, on peut accéder à des moments forts de formulation des stratégies militaires d’infiltration et de déploiement des forces spéciales dans des territoires hostiles. Mais la mission va rencontrer quelques difficultés.

C.J. : Des difficultés de quelle nature ?

  1. M II : Ces difficultés étaient liées à la réticence de Chris Hani à voir une telle opération réussir sans la participation des hommes comme lui qui connaissent parfaitement le terrain. Il est apparu comme un malaise, le personnage allant jusqu’à dénoncer cette forme de paternalisme insupportable. Des moments forts du roman. Et là aussi, les techniques de narration et la structure du roman permettent de tenir le lecteur en haleine, ce d’autant plus qu’en même temps, d’autres actions se passent sur le territoire cubain.

C.J. : Racontez-nous.

T.M II : Le Livre de la Déchirure du Voile, comme les deux volumes précédents de Le Pharaon Inattendu, est construit en chapitres croisés. Le premier chapitre voit sa suite logique au troisième chapitre, le deuxième chapitre au quatrième, etc. Cette technique a permis de tisser deux intrigues en même temps, tout en les liant entre elles par l’action de deux personnages centraux, à savoir NεfὲrPtah et Père. C’est à travers leur regard croisé que le lecteur vit à la fois ce qu’il se passe en Angola, en Afrique du Sud et à Cuba. L’intrique de Cuba est, disons, la plus spirituelle. Elle expose cette part de l’identité de soi profonde. La majorité des acteurs sont des réincarnations des hauts personnages de la Cour du Pὲraâ RáMὲsSaSú (le véritable nom de Ramsès II), y compris NεfὲrPtah qui n’est autre que Ramsès II lui-même, né de nouveau… On connaît tous le proverbe qui dit que chaque enfant qui naît est un ancêtre qui renaît. C’est encore plus fabuleux lorsque l’enfant qui naît sait qui il est. C’est tout le charme de ce roman. Des personnages principaux qui connaissent parfaitement leurs multiples identités accumulées au fil des époques… et qui en jouent !

C.J. : D’où le titre du roman Le Pharaon inattendu…

T.M II : C’est exact ! Envoyé par les Absents, nos saints Ancêtres, pour savoir ce que nous sommes devenus, NεfὲrPtah, ce Pharaon inattendu, qui porte le nom de Kuando, dont on a vécu dans le volume 2 les conditions dramatiques ayant amené à ce qu’il soit nommé ainsi, s’ouvre aux subtilités du monde dans lequel il est venu naître. Il mène une enquête sérieuse pour comprendre pourquoi son peuple est à la traîne, comparé aux autres, et ce qu’il faudrait faire pour que cela cesse. Les divers techniques et moyens de communication entre ce peuple et lui-même, lui et ses ancêtres sont rompus ou totalement laissées à l’abandon au profit d’autres croyances et spiritualités…

C.J. : Situations que nous avons vécues en partie dans les deux premiers volumes du roman.

T.M II : C’est exact. On peut donc dire que la partie de l’intrigue qui se déroule à Cuba a ce volet de l’identité de soi, profonde, qui répond à la connaissance du passé le plus lointain et ses codes spirituels, mais elle explique aussi pourquoi certains Africains se retrouvent dans les territoires ultramarins de manière aussi massive.

C.J. : Vous faites allusion à l’esclavage ?

T.M II : Oui. Une pièce de théâtre enchâssée dans l’intrique, Rebeldes ou Non ou Jour des Rois, ouvre les premières pages du livre, et montre dans un style naturaliste, ce qu’est la nature de l’esclavage, le vécu des captifs, la violence dont ils sont victimes ; des situations qu’il est nécessaire de rappeler. Il s’agit du point le plus bestial de l’Histoire des peuples africains.

C.J : Votre style qui mêle ainsi le réel et l’imaginaire peut être déroutant. Ne peut-on pas vous accuser de jouer avec des mots dans une histoire aussi sérieuse que l’Égypte antique, par exemple ?

T.M II : Le réel et l’imaginaire sont deux perspectives à partir desquelles on perçoit l’existence. Si l’on n’utilise que le réel, on compte le présent, ou on narre le passé. C’est du journalisme ou l’écriture d’un manuel d’Histoire. Si on ne fait usage que de l’imaginaire, c’est soit de la science-fiction, soit des chimères, dans tous les cas, on est très souvent hors-sol. La combinaison du réel et de l’imaginaire permet à un romancier, tel que moi, de disposer d’outils de crédibilité et de probabilité. On « exagère » naturellement les faits réels, mais c’est pour leur donner ce caractère que je nomme « du donner à rêver » et qui permet à chacun de se voir dans l’action décrite par l’auteur, tout en reste dans le domaine de l’utile.

Pour un roman historique, comme Le Pharaon Inattendu, le mélange du réel et de l’imaginaire était ce qu’il fallait. Dire des choses graves avec un peu de légèreté, beaucoup d’humour et de poésie. Quel que soit le degré d’engagement qui porte l’intrigue, il reste qu’il s’agit avant tout de la littérature. Un art. Une distraction qui porte son esthétique, même si, en même temps, elle instruit. Pour ce qui est de l’Égypte antique, j’use de tout ce qu’il y a de sérieux, dont les connaissances scientifiques. Chacun de nous, en tant que Noirs africains, porte en lui une part de cet héritage et le vit quotidiennement.

D’autres peuples, hors d’Afrique, ont également bénéficié, et continuent de bénéficier, de ces connaissances africaines en médecine, en architecture, en science physique, en mathématique etc. Ce n’est donc absolument pas une fiction éloignée de la culture et de la cosmogonie actuelles dont nous nous réclamons au sud du Sahara et avec nos Afro-descendants des Antilles, des Caraïbes et des Amériques. Il faudra vivre la scène épique de guérison du colonel Ruiz Caïmanera empoisonné par une plante extrêmement dangereuse quand on n’en maîtrise pas l’usage, à savoir l’Iboga (p.214). On voit comment des militaires cubains afro-descendants font usage d’une connaissance poussée de la mise en harmonie du corps et de l’âme, telle que pratiquée autrefois dans les temples de Kemet. Ils arrivent à sauver un homme résolument condamné à mourir. L’Afrique initiatique a survécu à la violence systémique de l’esclavage et de la colonisation, c’est le message induit.

C.J. : On remarque comme une similitude entre nos héros contemporains et les héros antiques. L’irruption des figures emblématiques telles que Fidel Castro, Nelson Mandela, Chris Hani, ou le général Manuel Lourenço dans l’intrigue, confirme-t-elle cette idée ? Ces personnages incarnent-ils des héros anciens Égyptiens dans votre roman ?

T.M II. : Je pense qu’ils incarnent plutôt certaines de leurs valeurs. Je ne sais de quel Pharaon ou général de Kemet le général Manuel Lourenço serait l’incarnation, mais je sais au moins une chose, il incarne certaines valeurs de l’antiquité africaine. Certaines valeurs de l’Afrique au sommet de sa puissance.

C.J. : Quelles sont selon vous, ces valeurs ?

T.M II. : Ce sont les valeurs essentielles listées dans les 42 Idéaux de la Maât et les 77 Commandements de la Maât. Ils ne vont pas certes les appliquer toutes, ce serait faire d’eux des saints vivants, mais on peut les reconnaître, du moins l’essentiel d’entre elles, dans des notions telles que la Solidarité, la Justice, la Vérité, et l’Harmonie sociale. Tous les combats menés par ces hommes, dans le roman comme dans la vie réelle, se reportent à ces quatre principes directeurs. C’est cet idéal de vie qui a nourri le courage de Fidel Castro, de Nelson Mandela, du général João Manuel Lourenço, de Chris Hani et bien d’autres, en menant la lutte pour l’émancipation et le bien-être de leurs peuples. Le lecteur trouvera d’ailleurs des scènes où les héros de l’Histoire africaine, de la très haute antiquité à nos jours, de manière non exhaustive, sont évoqués et valorisés.

C.J. : Comment construit-on dans sa pensée des personnages aussi complexes que ceux de Le Pharaon Inattendu ?

T.M II : Pour ce qui concerne les personnages réels, on apprend en détail leur vie. Ce qu’elle a de simple et de complexe. Une fois qu’on a cerné leur psychologie, on opère son choix. Un parti pris délibéré. Puisque chaque écriture a une visée, un but. On leur fait dire ce qu’ils auraient dit dans des contextes similaires, en évitant de les faire intervenir dans des polémiques qui échapperaient à leur couloir idéologique. Pour les personnages fictifs, tout part d’un schéma basé sur l’identité du personnage, le cheminement social qu’on lui donne, son profil psychologique etc. On crée un être humain qu’on fait évoluer dans le temps et dans un environnement précis, avec ses codes et ses exigences, etc. Le reste appartient à l’imagination. On en a, ou on n’en a pas.

C.J. Dans La Porte Secrète du Pharaon, un de vos romans, publié en 2014, vous évoquez l’histoire fascinante des Obélisques, ces monuments en forme d’épée dressée verticalement dans certaines grandes villes à travers le monde.  Qu’ont-ils de particulier ? Pourquoi impressionnent-ils tant le public ?

T.M II : Les obélisques, de leur nom originel africain, les Tekhen, sont des objets rituels d’une puissance phénoménale. Ils peuvent troubler ou encourager la cohésion d’un peuple en tant que conducteur d’énergies subtiles. Celui dressé Place de la Concorde à Paris que les Anciens Kemiou, surnommaient la Divine Âme d’Ipt-Isút, y est depuis 1830, comme conséquence d’une tractation politique entre le Pacha Mehmet Ali, de la dynastie arabe des Mehmet et le roi Charles X de France, le même qui, sous la menace de 528 canons qui bloquaient toutes les entrées et sorties des ports d’Haïti, contraignant Jean-Pierre Boyer, le président de l’île indépendante depuis le 1er janvier 1804, à signer en 1825 un pacte de reconnaissance d’une dette équivalant à 21 milliards de dollar en guise de dédommagement des anciens propriétaires d’esclaves devenus libres par acte de guerre et d’indépendance –sinon il lui promettait une guerre totale et permanente jusqu’à ce que Haïti fût détruit. Le paiement de cette dette, qui prit 150 ans à être épongée, constitue d’ailleurs l’une des raisons du sous-développement de ce pays. Ce « malheur » préfigure le sort des pays africains, avec le phénomène des Accords Secrets passés avec la France à la veille des pseudo-indépendances. Ils s’inspirent largement du Pacte d’Haïti, initié par Napoléon 1er et finalisé par Charles X. Mais revenons au Tekhen. Ces faits sont évoqués dans Le Livre de la Déchirure du Voile.

C.J. Et si on revenait effectivement sur la nature des …

T.M II : des Tekhen ?

C.J. : Oui, plus connus sous l’appellation d’obélisques.

T.M II : Permettez-moi juste de vous citer un extrait de la page 366 de La Porte Secrète du Pharaon : « Ces monolithes ont toujours été des vecteurs d’énergie et non du simple mobilier urbain. Ils sont dressés à des endroits stratégiques précis où ils canalisent l’énergie déambulatoire de la Force, la Beauté et la Sagesse. Cela est inscrit dans la nature pierreuse qui les compose, et les mots qui sont gravés sur leur surface sont le souffle qui donne vie à la chair des dieux, car la pierre est la chair des dieux. Les Tekhen contiennent donc des forces qui permettent à l’esprit de dominer la matière et le temps. Où qu’il se trouve, le Tekhen possède le pouvoir de donner au peuple le désir de prendre en main son destin en tant que nation. Quelle que soit la durée des temps d’incertitude, le Tekhen couve le moment où un fils, une fille, une femme, un homme, investi de l’esprit de l’équilibre, se mettra debout et montrera la voie de l’épanouissement à toute la nation. Le Tekhen de Washington, le Washington Monument, édifié en l’honneur du premier président des États-Unis, George Washington, pour n’être qu’un amoncellement de blocs de granit, de grès et de marbre renforcés de structure métallique, peine à maintenir fermement l’équilibre de l’homme en lutte contre ses instincts grégaires. » (p.366).

C.J. : Comment les lecteurs ont-ils accueilli Le Pharaon Inattendu Vol.3 – Le Livre de la Déchirure du Voile, votre dernière publication devrais-je rappeler ?

T.M II. D’abord par un étonnement, vu le volume du livre, 658 pages. Les lecteurs africains étant habitué à des romans (surtout édités par des maisons françaises) de petit volume écrits par des Africains. Mais les mêmes éditeurs de France sont capables de traduire de l’américain au français des pavés de 900 pages et les proposer au même lectorat… allez-y comprendre la logique. Ensuite, les mêmes lecteurs m’ont marqué une admiration qui, cette fois m’a plutôt surpris, moi. Dans l’absolu, c’est un roman adulé par ses lecteurs. Quand on veut rire, on rit en le lisant. Quand on veut méditer, il y a de quoi faire. Des passages entiers vous arrachent un fou rire ou des larmes d’émotion. Les ingrédients d’une belle écriture. Ce roman est extrêmement bien accueilli.

C.J. : C’est également ce qui m’est revenu comme information. Quelles sont les prochaines rencontres prévues avec vos lecteurs cette année ? Avez au programme des journées dédicace ? Y a-t-il d’autres lieux indiqués pour les achats ?

T.M II : Pour le moment aucune date de dédicace n’est définitivement arrêtée. Ceci est due à mon extrême mobilité, et mon emploi du temps extrêmement complexe. Mais mon éditrice et moi, nous y travaillons. Tous les matériaux nécessaires à un tel show case sont déjà prêts. Ça ne saurait tarder. Sans doute aux premières semaines de la rentrée. Ceci dit, mes livres sont disponibles sur toutes les plateformes d’achat de livres, à commencer par le site de l’éditeur, www.ekima-media.com, www.amazon.com, www.amazon.fr , www.fnac.com etc. On peut également les commander dans toutes les librairies de France. Une simple recherche sur Google renseigne assez sur mes livres et comment se les procurer au plus près de chez soi. Ils seront disponibles en Afrique, notamment au Cameroun, au Bénin, en Côte d’Ivoire et bien d’autres pays, très prochainement. Mon éditeur y travaille. Dans l’attente, les lecteurs de ces pays peuvent déjà les acquérir en version numérique via les plateformes déjà mentionnées.

C.J. Je vous remercie pour votre disponibilité, et la qualité de nos échanges.

T.M II : J’y ai pris un très grand plaisir, croyez-moi. Merci à vous.

Info : Le Pharaon Inattendu Vol.3 – Le Livre de la Déchirure du Voile, Ekima Media, Lyon 2023. Un roman de Thierry Mouelle II.

 

 

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