Par Edouard Kingue
Saga Mboa Sawa
Ainsi donc Ngosso Din entre bientôt au Musée National Camerounais
Après une longue marche pour sa reconnaissance, c’est ce 24 août qu’est prévue l’entrée d’Adolf Ngosso Din au Musée national du Cameroun. Digne fils du foyer Bonadibondo à Bonadoumbe Douala, sa mère était originaire de Bosedi à Dibombari. Haut fonctionnaire de l’administration coloniale allemande entre 1884 et 1914, Secrétaire du gouverneur Théodore Seizt, il a alors 3O ans. Toujours comme secrétaire, il passe au service du roi Rudolf Douala Manga Bell. Accusés de haute trahison par les autorités allemandes, ils furent tous deux pendus le 8 août 1914 dans la cour de l’ancien commissariat de police de Douala. Ainsi meurt Ngosso Din, à 32 ans, sans avoir vu aboutir ses fiançailles avec Maria Mandessi Bell, mère d’Iwiye Kala Lobe et du poète sénégalais David Diop. Adolf Ngosso Din est une figure de la résistance et du nationalisme au Cameroun.
Après avoir été jugé et condamné par le régime de l’empire allemand et pour la même cause que son patron à savoir : Dénoncer et s’opposer bec et ongles à l’expropriation des terres en cours par les allemands, en violation flagrante des accords du traité Germano – Douala du 12 Juillet 1884 d’une part et d’autre part, dénoncer la pratique de l’apartheid et de la confiscation des libertés par le régime colonial allemand en place. Adolf NGOSSO DIN était la cheville ouvrière et la clé de voûte qui menait les combats sur tous les fronts (Allemagne et Cameroun) au péril de sa vie, étant donné qu’à un moment crucial du combat, le roi Rudolf DUALA MANGA BELL était assigné à résidence surveillée, et par conséquent, privé de liberté.
Bien que n’appartenant pas à la noblesse et faisant donc partie des moins connus de l’histoire des luttes et combats héroïques pour les libertés dans notre pays sous la domination allemande, il mérite autant d’être célébré pour le sacrifice suprême de sa vie au nom de l’intérêt général des camerounais. C’est pourquoi il s’est vu constitué en 2004, en l’honneur de sa mémoire et de tous les autres héros « anonymes » et « oubliés » du 08 Août 1914, l’ASSOCIATION ADOLF NGOSSO DIN POUR LA CULTURE, L’ETHIQUE ET LA PAIX en abrégée 2AND, pour rendre témoignage de son histoire, de son rôle prépondérant dans le combat de libération de notre pays à l’époque coloniale allemande et en fin, inspirer de fait la jeunesse camerounaise et africaine. Le voyage de NGOSSO DIN pour l’Allemagne en Novembre – Décembre 1913 pour défendre les intérêts menacés de son pays est significatif de son engagement auprès du roi Bell.
Le village de Bwadibo fut le lieu de passage et de rencontre de toutes les stratégies de lutte contre l’expropriation menée par Rudolf DUALA MANGA BELL et Adolf NGOSSO DIN. Ce fut le point de départ de ce dernier pour l’Allemagne, mission qui a permis de révéler au monde sa forte et riche personnalité. Par la suite, ce village fut fortement impliqué aussi dans la lutte pour l’indépendance tant politique qu’économique du Cameroun. En effet, le seul pont qui reliait l’ouest et la ville portuaire de Douala se trouvait effectivement à Bwadibo retenu comme site d’implantation du MONUMENT HISTOIRE ET SOUVENIR. Il conviendra comme lieu de pèlerinage de toutes les générations qui voudront voir l’image réelle d’un moment des plus importants de l’histoire du Cameroun. Ngosso Din a été habilité à entrer comme figure au Musée National Camerounais.
La différence entre un musée national et le Panthéon est que le premier est un lieu où sont exposés des objets, des œuvres d’art ou un patrimoine culturel, tandis que le second est un mausolée où sont inhumées des personnalités illustres de l’histoire. Le patrimoine culturel est l’ensemble des ressources héritées du passé que des personnes considèrent comme un reflet et une expression de leurs valeurs, croyances, savoirs et traditions. Il peut être matériel (comme les monuments, les musées, les objets d’art) ou immatériel (comme les langues, les musiques, les danses). « Il est temps d’arrêter de se taire face à des situations qui frustrent. Il est important d’arrêter le génocide intellectuel dans nos écoles primaires, secondaires et supérieures.
Le moment est venu pour nous de raconter la vraie histoire de notre pays à nos enfants », précisait, il y a quelques années, Kum’a Ndumbe Ill, arrière-petit-fils de Lock Priso, chef duala qui aurait refusé de signer le traité Germano-Duala le 12 juillet 1884. Au Musée national, sont conservés les éléments de la culture matérielle ancienne de quatre aires culturelles qui constituent l’ensemble du territoire camerounais, notamment l’aire culturelle Grassfields, Sawa, Soudano-Sahélien et Fang Béti. Cet espace, plein de symbole, a été construit en 1930 par le Gouverneur français Marchand. Puis, il a connu des extensions à partir de 1960 sous les auspices du tout premier Président du Cameroun Ahmadou Ahidjo.
Bâti sur une superficie de 5 000 m, le musée national, qui symbolise la régénération et la renaissance de la culture camerounaise comporte une trentaine de salles équipées où sont exposés entre autres des portraits des nationalistes, des sportifs, des musiciens ainsi que de tous ceux qui ont marqué l’histoire politique du Cameroun depuis son indépendance. Adolf Ngosso Din est né à Douala en 1884, année de la signature du traité germano-camerounais par les chefs traditionnels Douala. Il a grandi dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture allemande. Il s’y est mis avec tellement d’assiduité qu’il devint très tôt fonctionnaire de l’administration coloniale. Mais, jusqu’à la fin de ses jours, il est resté fidèle à son roi dont il est devenu le secrétaire. A ce poste, il avait accès à des informations de première main, dont celles relatives aux accords signés entre le peuple Douala et les allemands.
Lorsque la police allemande l’arrête à Berlin, le 15 mai 1914, et décide de l’expédier manu militari au Cameroun le 24 mai, Ngosso Din avait déjà accompli sa tâche : rendre publique, au cœur de l’Allemagne, la gestion scandaleuse du protectorat Cameroun par le gouvernement allemand. Le gouvernement camerounais a décidé d’honorer la mémoire d’Adolf Ngosso Din, pour sa contribution à la préservation des intérêts du pays et de ses droits , en faisant trôner son portrait au Musée national du Cameroun avant de rejoindre le Panthéon de nos héros nationaux, qui est à imaginer…