Mag-Afriksurseine-Mars-2024

Une grande première avec Antoine Bovoum, président d’ASPACVA

Antoine Bovoum

Monsieur Bovoum Antoine est Président d’Aspacva, une association dont le siège à Yaoundé rassemble les Vutés du Cameroun. C’est un homme qui a montré sa volonté de rassemblement et sa passion pour le travail.  Ayant la lourde responsabilité de présider les destinées de cette association  depuis quelques années, l’écho de son mandat fait rayonner l’image des Vutés  dans les  quatre coins du monde. Afriksurseine a décidé de le rencontrer pour un échange à bâtons rompus. Nous vous livrons ici l’essentiel de cet entretien.

Bonjour Président. C’est un insigne honneur de vous rencontrer aujourd’hui. Il y a longtemps que notre équipe attendait cette opportunité. Avant toute chose, pouvez-vous vous présenter à nos différents lecteurs qui vous découvriront pour la première fois ?

Bonjour à l’équipe d’Afriksurseine qui me fait l’insigne honneur ce jour,  de parler de l’association pour la sauvegarde du patrimoine culturel Vùté et assimilés (ASPACVA). Je suis BOVOUM NNAHOU Antoine Patrice, Vùté de père et de mère, fils de Bovoum Jean, originaire de Mbandjock et de Edong Mvehe Bernadette originaire de Ndjoré. J’ai passé mon enfance à Ndjoré puis à Mbandjock ou j’ai fait mes études primaires et secondaires avant de continuer à Yaoundé. Dans la vie active, j’ai officié comme Directeur Général dans une société privée de BTP de la place pendant une décennie avant de m’installer à mon propre compte. Je suis également Directeur de Publication du journal « Forum Infos ». Très croyant, marié et père de deux superbes filles.

Après cette présentation, pouvez-vous maintenant nous présenter ASPACVA ?

ASPACVA est née de la volonté de ses pères fondateurs de mettre sur pied une association du peuple Vùté – notre peuple – afin de sauvegarder et de promouvoir notre riche patrimoine culturel d’où l’appellation « Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel Vùté et Assimilés », assimilées parce que l’homme Vùté de nature à toujours prôner le vivre-ensemble avec les autres communautés sœurs qui l’entourent. On peut dire qu’ASPACVA est officiellement née lors de l’assemblée générale constitutive du 6 mars 2021 ou les textes officiels ont été adoptés et le bureau exécutif présidé par ma modeste personne a été élu. Toutefois, une année ou deux au paravent, elle a connu une période de réflexion pour sa mise sur pied avec la création d’un forum de réflexion ASPCVA qui deviendra après l’assemblée générale du 6 mars 2021 ASPACVA.

Quel a été votre parcours au sein de l’ASPACVA jusqu’à la présidence ? Pourquoi est-elle née et surtout quelle est sa vocation actuelle après des années d’existence et quel objectif principal poursuit ASPACVA ?

Officiellement légalisée le 7 avril 2021, ASPACVA a à nos jours 2 ans 5 mois d’existence officielle. On n’est vraiment pas en situation de parler de parcours parce que je suis le tout premier président d’une association naissante. La communauté m’a juste fait confiance au vu peut-être pour certains des échos de ce que j’ai eu la possibilité de faire ailleurs. Les objectifs fixés par l’association sont :

  • Unir ses membres autour des activités culturelles, sociales et communautaires propres à la tradition Vùté;
  • Cultiver les valeurs de solidarité et de fraternité entre ses membres ;
  • Mettre sur pied un cadre de réflexion en vue de la promotion et de la sauvegarde du patrimoine culturel Vùté.

Quelle a été votre première idée lorsque vous avez pris la présidence au sein de cette association ?

La première idée qui m’est venue dans la tête en ce moment précis lors de mon élection était un questionnement celui de savoir si j’arriverais. Car c’est en ce moment qu’on se rend compte de l’immense responsabilité qui pèse désormais sur ses épaules. La responsabilité d’amener toute la communauté Vùté de tout bord au tour de leur riche patrimoine culturel. Il est impératif de dire que cette responsabilité n’incombe pas uniquement au seul président. Le bureau exécutif d’ASPACVA est une équipe dynamique qui a été élue pour conduire à bon port les objectifs à elle assignés pour la promotion de notre culture. A côté d’elle (cette équipe) il y a un comité des sages constitué de nos chefs traditionnels donc l’objectif est de prodiguer des conseils au bureau et des membres d’honneurs avec à leur tête un Président d’honneur.

Comment abordez-vous vos différentes responsabilités au sein de l’association et  quels  sont vos   grands  chantiers ?

Comme je l’ai dit plus haut, ASPACVA a une équipe à sa tête à savoir le bureau exécutif. Ma responsabilité est d’amener ce bureau à réaliser les objectifs qui lui ont été assignés par l’assemblée générale. Il faut noter qu’au lendemain de l’élection de notre équipe à la tête de l’association, nous avons entrepris de faire une tournée de prise de contact et de sensibilisation auprès de nos élites politiques, culturelles et traditionnelles des différents départements qui regorgent les communautés Vùté (Le Mbam et Kim, la Haute Sanaga, le Ndjerem et le Mayo Bagno).

Après plusieurs années à la tête de l’association. Pensez-vous avoir atteint vos objectifs ? Peut-on avoir une idée de votre bilan ?

Il serait très prétentieux de dire qu’après 2 années d’existence, nous avons atteint nos objectifs. Loin de là, je pense que nous nous efforçons de faire de notre mieux avec les moyens que nous avons, car comme vous le savez, aucune organisation ne peut atteindre ses objectifs si elle n’a pas un minimum de ressources financières puisque la ressource humaine, je pense que ASPACVA l’a. C’est l’occasion pour moi de lancer un vibrant appel à l’endroit des fils et filles de la communauté Vùté de tout bord (au pays comme à la diaspora) d’apporter leurs soutiens au bureau exécutif de ASPACVA pour lui permettre de réaliser les objectifs qui lui ont été assignés.

En tant représentant de la plus vaste communauté des Vutés sur le plan mondial, quels sont les problèmes qui minent notre peuple ? En d’autres termes qu’est ce qui empêche le développement de grand Mbam ?

Il y a entre autres comme souci, les problèmes d’Ego sur le pourquoi adhérer à une association qui n’est pas créée par soi ou par un proche. Il y a donc des clans selon les intérêts. Il y a d’autre part des soucis de compréhension. Certains désirent rester quelque peu primitifs. Ils ne s’expriment pas publiquement quand l’occasion leur est donnée pour élaborer un projet, mais critiquent quand les résolutions prises ne les arrangent pas. Il est aussi nécessaire de déplorer la multiplication tout azimut des associations dans la communauté. Ce qui à la fin disperse les énergies et les ressources. Avoir plusieurs associations n’est en soi pas une mauvaise chose, mais si celles-ci sont dans l’obligation de poursuivre les mêmes objectifs, il y a problème. Concernant la question sur ce qui empêche le développement du grand MBAM, je dirais qu’ASPACVA ne s’occupe que de tout ce qui est lié à la culture de la communauté Vùté toutefois à l’observation, nous pouvons affirmer que les ressources naturelles n’aident pas à développer les contrées Vùté du Mbam et Kim ceci dû à l’enclavement, mais le passage de la route devra booster davantage ce développement. Il est cependant indispensable que les populations prennent en compte les conseils que nous donnons concernant le fait de brader les terres.

On a constaté que c’est lors des décès qu’on voit la capacité des adhérents à montrer leur véritable volonté d’assister ? Est-ce que l’association a été créée pour enterrer les morts ?

ASPACVA est philanthropique et ne peut être indifférent au décès d’un Vuté d’où qu’il soit, de même nous ne voulons pas manquer à la distinction positive d’un frère. Il se trouve que les gens remarquent davantage les activités menées lors des malheurs. Ainsi, on a l’impression que nous nous manifestons plus dans ces cas pourtant d’autres activités ont été menées.

Un autre fait qui a été aussi marquant, c’est le calendrier Vuté, qui a été fabriqué à grand renfort de publicité. Il a même été remis à nos chefs de villages comme un butin en or ou une œuvre colossale. Est-ce cela que les chefs des villages attendent de ses élites ?

Le calendrier en lui-même fait sa publicité dans la mesure où il reste afficher attirant la curiosité. En fait, ceux qui avaient reçu un exemplaire étaient tellement contents de voir leur nom comme St patron du jour qu’ils ont demandé d’immortaliser le moment de cette réception. Les chefs des villages garants de la tradition savent que la sauvegarde du patrimoine culturel que nous pratiquons est une façon de les aider. D’ailleurs, nous travaillons avec eux dans la mesure où le comité des sages qu’ils constituent contrôle nos activités. C’est l’occasion pour moi de remercier du fond du cœur leurs Majestés qui nous ont accompagnées dans la réalisation de ce projet ainsi que tous les frères et sœurs qui ont apporté leur soutien matériel et financier sans oublier la grande équipe de production.

Est-ce facile de diriger une association comme ASPACVA.

Il n’est pas aisé de diriger une association comme la nôtre dans la mesure où il y a trop de préjugés tendant au repli-identitaire et des personnes éprises d’intérêts.

Votre mot de fin.

Comme mot de fin, je ne peux que lancer un vibrant appel à tous les frères et sœurs d’ici et d’ailleurs à la mobilisation autour d’ASPACVA pour le bien de notre culture.

 

 

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