Mag-Afriksurseine-Mars-2024

L’Afrique n’a pas besoin d’aide

 

Par  Yana Bekima

Les Africains tiennent à prendre leur destin en main. Ils ne souhaitent plus qu’on prenne leurs richesses pendant qu’ils crèvent de faim. Le Mali, le Burkina-Faso et maintenant le Niger sont d’illustres exemples. « L’occident doit regarder le monde avec le regard des peuples du monde. » La réalité est que l’Afrique est encore pillée. On y intervient simplement pour la piller et rien d’autre. Il ne faut pas que nous nous voilions la face. Toutes les nations présentes en Afrique sont là pour satisfaire leurs intérêts. Elles sont là pour prendre ce qu’il y a à prendre, et même un peu plus s’il le faut. Cessons de parler de plan d’aide pour l’Afrique.

Contrairement aux pays occidentaux, l’Afrique dispose d’immenses richesses. Il n’y a aucun continent qui soit aussi riche, car l’Afrique est un vieux socle géologique qui présente l’intérêt d’avoir à peu près toutes les ressources dont le monde a besoin pour entamer la nouvelle révolution digitale. Pour qu’elle se développe, elle a besoin simplement qu’on cesse de la piller au quotidien. Son développement passe par l’industrialisation, autrement dit la transformation de ses matières premières par les Africains pour approvisionner en priorité le marché de l’Afrique. La dignité des Africains est en rapport avec ce qu’elle a dans ses sols et sous-sols. « Une grande partie de l’argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de l’exploitation, depuis des siècles de l’Afrique… », dixit Jacques Chirac, président de la France entre 1995 et 2007.

L’uranium : une solution au défi énergétique mondial ?

L’élan croissant pour l’énergie nucléaire, notamment en réponse aux défis énergétiques provoqués par des événements géopolitiques, place aujourd’hui l’uranium au centre des préoccupations mondiales. Avec une volonté de diversifier les sources d’énergie, de minimiser la dépendance aux combustibles fossiles, l’uranium, malgré les défis d’approvisionnement, semble être au cœur de la transition énergétique.

Le coup d’État au Niger fait flamber les prix.

L’impact du récent coup d’État au Niger, l’un des principaux fournisseurs d’uranium, se fait ressentir fortement sur les marchés mondiaux en provoquant la volatilité de ces derniers. Le Financial Times vient de rattacher le Niger parmi les grands producteurs mondiaux de l’uranium, en contribuant à hauteur de 5 % de la production mondiale, il joue un rôle pivot dans l’équilibre offre-demande. Mais plusieurs experts refusent ce narratif, car disent-ils, le Niger n’a pas les moyens de mesurer sa contribution au niveau mondial, et même de connaître les quantités vendues.

Il faut arrêter avec la prédation.

Au Congo Brazzaville, les dirigeants du pays ignorent quelle quantité de pétrole est extraite de son sous-sol. « Nous ne savions rien de ce qui se passe et nous n’avions même pas la quantité de pétrole qui sortait de notre pays », dixit le président Pascal Lissouba. C’est loin des regards que les navires viennent charger le pétrole. Au large des plages, des quantités importantes sont acheminées sans que les officiels congolais ne soient au courant, parfois même des navires entiers. De surcroît, les autorités ne disposent pas de moyens pour aller vérifier ce qui s’y passe. Zéro bateau ou pirogue pour aller contrôler ! Dans le cas du Niger, estimez-vous que les autorités nigériennes connaissent la quantité d’uranium vendue ?

Soyons sérieux, cela crève les yeux !

Les Nigériens ne profitent que très peu des sites miniers. La contribution au développement des pays qui exploitent son uranium n’est qu’une goutte d’eau au regard des nombreux profits engendrés.

Le Niger pourrait devenir un Eldorado.

Le besoin de ce combustible dans les pays qui utilisent l’énergie nucléaire pourrait accélérer la demande et faire du Niger un Eldorado si et seulement si tout est bien géré. En effet, ce pays, comme la plupart des pays africains est richement doté en réserves de nombreux minerais. Le coup d’État militaire survenu fin juillet dans ce pays a provoqué une flambée des cours de ce métal radioactif. Le prix du concentré d’uranium a atteint en fin août un record de 58,8 dollars la livre. Certains analystes estiment que la nécessité croissante de réduire les émissions de carbone et le désir d’indépendance énergétique pourraient propulser le prix de l’uranium à 70 dollars la livre à moyen terme.

En outre, l’uranium est un combustible capable d’éclairer pendant plusieurs années le Niger, mais ironie du sort, il peine à couvrir sa demande d’électricité car il dépend énergétiquement à 70% du Nigeria voisin. Et cela est une incongruité lorsqu’on classe ce pays parmi les 7 producteurs mondiaux de l’uranium alors qu’il est l’un des pays les plus pauvres au monde.

Changement de paradigme 

En Afrique, il suffirait d’un déclic au niveau de la gouvernance pour que nos pays soient à l’abri des profiteurs de tous bords. Le jour où les Africains apprendront à gérer intelligemment leurs ressources tout en contribuant au développement économique et social de leurs États, ils se passeront de l’aide internationale qui les maintient actuellement dans une situation de précarité et de dépendance malsaine.

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