L’homme que je vais décrire aujourd’hui est un patriarche connu de tous les Vutés, les générations d’hier l’ont vu et celle d’aujourd’hui ont appris à le connaitre, il ne restera qu’à la génération future de chercher à l’étudier. Laissez-moi dont vous parler d’un homme dont mon respect se mêle à la passion de ma narration. Aujourd’hui. Valentin Yakoura puisqu’il s’agit de lui est une figure incontournable du peuple Vuté, et il reviendra à la génération future comme je le dis au tout début, de se plonger dans les méandres de son histoire pour le comprendre pleinement. Nous parlons comme cela d’un homme d’une grande lucidité, doté d’un réalisme profond, et qui porte une reconnaissance sincère envers son peuple qui a émergé au cours de ces dernières mois. Lorsque je l’ai rencontré pour la première fois en 1994 à Yoko, son plus grand rêve était de voir tout le peuple vuté du Cameroun rassemblé.
Lorsque j’ai vu la dernière fois tous les Vutés unis dans un grand festival à Yaoundé, c’était monumental, j’ai pensé à cet homme qui épousait le rêve autrefois conçu par Roger Moindou. Nous comprenons tous comment le temps peut apporter son lot de surprises, de joies, d’épreuves et d’événements inattendus. Il est important de rendre hommage à ces élites qui, malgré les épreuves, ont traversé cette longue période avec effervescence. Aujourd’hui Valentin Yakoura continue à jongler avec les mots et les couleurs, à jouer avec la culture pour l’élever au plus haut sommet. Un visionnaire qui se présente comme le gardien de notre patrimoine culturel, et ils méritent toute notre gratitude pour leur engagement infatigable envers leur peuple et leur art. Valentin Yakoura aurait pu embrasser une carrière de journaliste, et il aurait été un véritable virtuose dans ce domaine.
De même, l’enseignement aurait été une voie qui lui aurait parfaitement réussi, d’autant plus que son grand frère brillait déjà dans ce domaine. Dès sa jeunesse à Yoko, alors qu’il animait le journal « Djenné Ton », il se démarquait par son talent inné pour relater les événements de manière captivante. Il faut voir en Valentin un esprit exceptionnel, car il est bien plus qu’un simple journaliste ou enseignant, il est un historien. Pour moi, c’est le pionnier qui détient avec certitude le chemin emprunté par les ancêtres Vutés du Soudan occidental, depuis les temps anciens jusqu’à leur emplacement géographique actuel. Il par ailleurs celui qui a la plus grande influence dans la complexité de cette histoire. Pour comprendre son peuple, il faut le connaître intimement, l’aimer profondément, et avoir une intelligence active.
Valentin Yakoura a créé et dirigé des centres culturels qui ont contribué au développement de la langue et de la tradition Vuté. Mais sa passion va bien au-delà de la culture ; elle englobe aussi l’esthétique. Valentin est un travailleur acharné, pragmatique et efficace. Il n’aime pas parler en vain. Il a une vision claire de la tradition, une relation profonde avec la réalité, un talent pour simplifier les choses, et une mémoire exceptionnelle de son peuple.
Ces dernières années, il mène une bataille, celle qui lui reste à gagner : révéler l’essence même de la culture Vuté, si riche et précieuse. Les moments où il trouve vraiment sa véritable essence sont dans la lecture, et chaque jour de sa vie, il se lève et se couche avec le cœur et l’esprit nourris d’oxygène. Valentin mérite une reconnaissance pour son dévouement en faveur de la valorisation de notre culture.
Pourquoi ne pas lui décerner une médaille symbolique en reconnaissance de sa contribution inestimable à l’édification de son peuple ? Après tout, il est depuis près de 35 ans un avocat infatigable de notre peuple devant le tribunal de ce destin lourd qu’il a traversé. Quoi qu’il en soit, Valentin Yakoura répondra toujours présent à l’appel de son peuple, prêt à continuer son combat avec passion et détermination.