Le vendredi 11 août, à l’occasion de la commémoration de l’autonomie du pays, l’homme vigoureux de N’Djamena s’est appesanti sur des aspects nocifs au progrès de la République. Que retenir de la vie politique tchadienne de sa première année de souveraineté à nos jours ? L’emprise de la France sur le Tchad a pris fin le 11 août 1960 suite à un accord qui fait de ce pays d’Afrique centrale un État souverain. La position actuelle de la Nation, telle que décrite par l’autorité suprême au moment du souvenir de son indépendance, donne un aperçu des obstacles auxquels font face à les populations et le gouvernement. « Nous traversons des temps incertains et rudes, des épreuves inédites et sérieuses, des menaces réelles et croissantes… Nous sommes entourés de tous les dangers ». Depuis son indépendance, le Tchad évolue en permanence dans les guerres, les coups d’état militaires, les crises sécuritaires et politiques. Son armée, habituée aux fronts, bataille à l’intérieur et au-delà de ses frontières.
Neuf dirigeants se sont succédé à la tête du pays. François Tombalbaye, premier dirigeant du Tchad indépendant et leader de l’unique formation politique le Parti progressiste tchadien (PPT), ambitionnait une accélération du développement dans tous les secteurs de la vie nationale. Inexpérimenté, Moins regardant sur le processus et obsédé par l’idée des résultats immédiats, il cumule parfois, en dehors de ses fonctions présidentielles, les postes de chef de gouvernement et de plusieurs départements ministériels. Accusé d’avoir classé au second plan l’armée nationale qu’il critique et manie à sa guise, il est renversé par les militaires en 1975 après avoir passé près de 15 ans au pouvoir. Noël Milarew Odingar assure l’intérim. L’histoire du Tchad sous le régime de Hissène Habré, s’apparente au règne de la terreur. Principal acteur des deux guerres civiles qui ont paralysé le pays, il accède au trône en 1982 et exerce la dictature à travers le parti unique nommé Union Nationale pour l’Indépendance et la Révolution (UNIR).
Les populations périssent pendant sa gouvernance ; il instaure un climat de peur au sein des communautés et piétine les droits de l’Homme et des libertés. La France et les Usa lui apportent leur soutien pour combattre Mouammar Kadafy, l’ennemi juré des Occidentaux. Le coup d’état fomenté par Idriss Déby, son frère d’armes et ex allié, le pousse à l’exil. Idriss Déby prend les commandes du Tchad et engage des initiatives pour réhabiliter les victimes de l’ancien système. Les prisonniers et exilés politiques ont de nouveaux droits à la liberté. Dans la sous-région et partout en Afrique, il exerce une influence au plan militaire ; l’armée tchadienne est déployée dans les pays voisins pour lutter contre le terrorisme. De même, il feint d’ouvrir le Tchad à la démocratie, mais reste le seul maître du jeu politique. Assassiné en avril 2021, son fils le remplace au pouvoir au nom de président du Conseil National de la Transition(CNT).