Mag-Afriksurseine-Mars-2024

REORGANISATION DE L’ARMEE FRANCAISE EN AFRIQUE

Par Yana Bekima

Quelle condescendance, Monsieur le Président ! « Nous avons proposé aux chefs d’État africains de réorganiser notre présence. Comme on est très polis, on leur a laissé la primauté de l’annonce. Mais ne vous y trompez pas : parfois il a fallu les pousser ! Ce n’est pas parce qu’on est polis et corrects et qu’on se réorganise nous-mêmes qu’il faudrait que ce soit retourné contre nous en disant : « ils sont chassés d’Afrique ! » Je peux vous dire que dans bien de ces pays, on ne voulait pas enlever l’armée française ou même la réorganiser. Mais on l’a assumé ensemble. C’est ça le partenariat. » Dixit Monsieur Macron. Suite à vos propos, en lisant en filigrane, vous devez vous avouer vaincu décidément. La France n’est plus guère que l’ombre d’elle-même en Afrique surtout avec le départ des pays de l’AES (Mali, Burkina et Niger) de son giron.

Encore un gros mensonge !

« Non, la France n’est pas en recul en Afrique, elle est simplement lucide, elle se réorganise », Vous l’affirmez en ouverture de la conférence des ambassadeurs, ce 6 janvier 2025 à Paris. Vous avez notamment évoqué dans votre discours la fin récente de partenariats militaires sur le continent : « Je crois qu’on a oublié de nous dire merci. Ce n’est pas grave, ça viendra avec le temps. L’ingratitude, je suis bien placé pour le savoir, c’est une maladie non transmissible à l’homme. ». Sachez que vos propos ont suscité la colère des Africains qui ont pointé vos relents colonialistes don’t vous êtes devenu coutumier du fait : de déverser votre venin sur eux.

« Je crois qu’on a oublié de nous dire « merci ».

Vous le dites comme si les Africains avaient craché dans la soupe. En effet, « Les Africains, on les aimait à une époque et ils nous faisaient beaucoup rire », diriez-vous. Comme si depuis, nous avions bénéficié de l’ascenseur social et que nous étions devenus prétentieux et arrogants. Vos propos sont scandaleux et frisent le mépris pour l’Afrique et les Africains. En exaltant une supériorité imaginaire, votre discours ne fait que révéler les fragilités de celui qui le tient, tout en exposant les Français que vous prétendez célébrer à des critiques acerbes. Plus grave encore, cette rhétorique porte en elle les germes de la provocation et de la suffisance.

Oui Monsieur Macron, la France est en recul en Afrique

Nous ne dirons pas « merci » car vous savez très bien que « L’ingratitude » est une maladie « non transmissible à l’homme ». Laissez-moi rire ! Comme si au Sénégal il n’y avait qu’un char et bateau, au Congo des sarbacanes et au Mali des lances pour se défendre. Monsieur le président vous vous trompez d’époque. Votre sémantique ne peut justifier votre propagande.

C’est une grosse maladresse

Mais quelle absence d’élégance ! Le mépris est indéniable lorsqu’on vous écoute. Nous ne sommes pas surpris par votre liberté de ton car vous êtes coutumier de ce type de déclaration, et particulièrement en Afrique et c’est quelque chose qui a beaucoup contribué au recul de l’influence et de la présence française sur le continent. D’ailleurs, s’adresser ainsi et de manière maladroite aux pays africains est devenu depuis quelque temps votre fonds de commerce. Une maladresse qui arrive une fois, ça peut passer. Deux fois, trois fois ça commence à faire beaucoup… Vous avez aggravé la situation par vos déclarations, par une arrogance intempestive que vous peinez à démentir.

Un bras de fer diplomatique

À l’analyse, vous n’avez pas eu le choix de faire cette sortie parce que le pot aux roses a été vite découvert par une bonne partie des Africains. Nous savions qu’il s’agissait d’une réorganisation, alors vous avez peut-être trouvé inutile de continuer avec le mensonge éhonté. Nous savons que des accords ont été passés avec le Gabon et La Côte d’Ivoire contrairement avec le Tchad et le Sénégal. Vous étiez si poli que vous étiez à deux doigts de nous dire qu’on vous a presque supplié de quitter des pays souverains (mais des colonies pour vous diriez-vous). Nous avons cru que vous alliez refaire comme à Mayotte, le coup du « sans nous, vous êtes dans la merde »…

 C’est le vent de l’Histoire

Il va falloir que vous appreniez la géographie car beaucoup de pays africains ne sont pas concernés par cette diatribe. Je vous comprends, c’était pour mieux dissimuler une réalité gênante : l’exaspération des peuples face à une présence militaire perçue comme néocoloniale. Le malheur de la France ne saurait être celui de l’Afrique. Ce sont les Français qui vous ont élu et non les Africains. Dans votre allocution, vous avez oublié de dire aux ambassadeurs, que vous êtes aujourd’hui le président d’une France ingouvernable et qui emmenez votre peuple dans le mur. L’Afrique ne veut plus se faire biberonner. Elle a la maturité et peut se prendre en charge sans avoir des concessions concernant sa souveraineté, avec qui que ce soit !

Recadrage du premier ministre sénégalais

« La France n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l’Afrique sa sécurité et sa souveraineté. Bien au contraire, elle a souvent contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Libye avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel », a répliqué Ousmane Sonko en apportant un contredit cinglant à vos déclarations fustigeant « l’ingratitude » de dirigeants africains qui ne seraient plus à la tête de pays souverains sans le déploiement de l’armée française.

Et enfin, de vous rappeler que « si les soldats africains, quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s’étaient pas déployés lors la Seconde Guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut-être, aujourd’hui encore, allemande ». Nous en avons assez de ces discours paternalistes. L’Afrique n’a rien à attendre de personne et elle est libre de choisir ses amis, de nouer des partenariats avec qui elle veut. La mentalité souverainiste des Africains n’est pas forcément et ne signifie pas la haine de l’autre. Ce qui était valable en 1960 n’est plus valable aujourd’hui. Il faut que la France et l’occident de manière générale apprennent à respecter les États africains.

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