Pierre Dydi Tchakounté Honoré, figure intemporelle de la musique camerounaise, appartient à cette génération d’or qui a marqué les âmes et les cœurs : celle des Tchana Pierre, Isidore Tamwo, Elvis Kemayo, Tim et Foty, Prince Nico Mbarga, Ekambi Brillant, ou encore des Black Styl. Avec son légendaire Magambeu, il a traversé les frontières, faisant résonner les rythmes du Cameroun jusqu’aux confins du monde. Homme discret et d’une élégance rare, il laissait sa musique parler pour lui. Son concert, en 1980 à Nkongsamba – j’y étais – reste gravé dans les mémoires. Ce jour-là, la ville vibrait d’impatience, et les motos sillonnaient les rues en une joyeuse effervescence.
Dès dix heures du matin, un public fervent s’était pressé dans la salle du cinéma le moungo. Nkongsamba, où il jouait en terre familière – fief des Bangangté, son peuple – lui ouvrait grand ses bras. Mais au-delà des racines, c’était aussi la ferveur d’un acteur de cinéma que l’on célébrait : il venait de briller dans le film Danse My Love d’Alphonse Béni. Toujours dans la retenue, sans tambours ni trompettes, il a suivi sa route. Sa voix, discrète mais profonde, continue de chanter pour ceux qui savent écouter. Aujourd’hui, Pierre Dydi Tchakounté Honoré mérite cette prestigieuse distinction car il est un patriarche, le gardien d’une tradition musicale qui a traversé les âges. Une distinction qui lui sied, tout en sobriété et en lumière, comme un hommage à son héritage mérité.