Mag-Afriksurseine-Mars-2024

O.I.F ET VISION ETRIQUEE

Par Yana Bekima

ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE

Les pays francophones sont « co-propriétaires » de la langue française au même titre que la France. Prôner une séparation entre « les auteurs français » et « auteurs francophones » alors qu’ils ont tous les deux cette belle langue qu’est le français en partage est une hérésie surtout lorsqu’on sait l’apport indéniable des derniers. La langue française n’appartient plus à la France -d’ailleurs elle n’a jamais appartenu à la France-. C’est une langue qui a évolué au fil du temps. Elle est aussi variable chez les auteurs. Dans l’imaginaire de certains, l’écrivain francophone venu d’ailleurs est celui qui possède un accent quand il écrit. Comme si Marcel Pagnol n’avait pas d’accent en écrivant ! La langue française une et unique est un mythe. Comme toujours chez Alain Mabanckou, l’écriture est politique. C’est un moyen romancé d’éclairer la réalité et d’autant plus l’Histoire. L’auteur congolais Alain Mabanckou fustige la vision de l’OIF en estimant que cet ostracisme ne doit pas exister. Il marque son opposition à l’idée d’un recul de la langue française et soutient comme la plupart des écrivains francophones que, s’il y a recul, il est uniquement politique.

Redéfinition du centre de gravité de la langue française

Congolais par la naissance, français par le passeport, enseignant aux États-Unis, Alain Mabanckou, auteur des Mémoires de porc-épic, de Petit Piment, Les cigognes sont immortelles (Éd. du Seuil), et Cette femme qui nous regarde Angela Davis – L’Amérique et moi (Robert Laffont) a refusé d’entrer, à juste titre, dans le collectif de réflexion sur l’avenir de la francophonie. Ce dernier a toujours estimé, pour sa part, qu’on assistait plutôt à « une redéfinition du centre de gravité de la langue française, tout à fait apte à garder une place centrale à travers ses créateurs. »

Quel est le rôle de l’OIF ?

L’OIF est une personne morale de droit international public qui possède une personnalité juridique, dont le siège est à Paris (France).  Cette organisation apporte à ses États membres un appui dans l’élaboration ou la consolidation de leurs politiques et mène des actions de politique internationale et de coopération multilatérale, conformément à ses 4 grandes missions :

§  Promouvoir la langue française, le plurilinguisme et la diversité culturelle

§  Promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’homme

§  Appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche

§  Développer la coopération économique au service du développement durable

OIF et la mondialisation

La mondialisation fait peser un risque d’uniformisation des cultures, la Francophonie, avec la langue française comme trait d’union et levier de toute son action, est engagée depuis ses origines pour la diversité culturelle et linguistique. Pour que le français soit plus utilisé, mieux parlé et compris à travers le monde, l’OIF met en place un dispositif d’apprentissage massif du français transversal, adapté aux différents publics et conçu dans le respect du multilinguisme.

Accointance avec certains Chefs d’État.

Alain Mabanckou est également critique sur l’Organisation internationale de la francophonie dont il dénonce une « accointance » avec certains États africains qui ne respectent pas les libertés.  En effet, l’OIF n’a pas suffisamment pris ses distances par rapport à certains États africains francophones qui ne veulent pas répondre aux quêtes de liberté de leurs peuples. Elle a plutôt conservé une accointance avec des régimes dictatoriaux alors que la francophonie est d’abord celle des peuples.

« C’est triste de voir que cette belle langue est prise en otage par des autocrates alors que c’est le français qui nous a permis de lire Montesquieu et d’entendre Senghor, pour qui la francophonie était avant tout une conscience », dixit Mabanckou. Il est urgent que le secrétaire général de cette organisation parle aux peuples et en faveur de la démocratie, si l’OIF ne veut pas devenir une coquille vide. Par la même occasion, « il faut autonomiser la francophonie, qu’elle cesse d’être l’apanage des chefs d’État » et la continuation de la politique étrangère de la France, par une voie détournée, dans ses anciennes colonies. Enfin, une décision populaire sur la francophonie est souhaitable surtout lorsque l’Organisation Internationale de la Francophonie vote son Secrétaire Général ou sa Secrétaire Générale car, comme le souligne Alain Mabanckou, « la langue française appartient aux peuples ».

 La francophonie doit vaincre les fanatismes au nom de la liberté

Étendre les limites de l’imaginaire en français.

Les djihadistes sont les ennemis de la démocratie. La francophonie doit vaincre les fanatismes au nom de la liberté. « Mais il ne faut pas concevoir non plus la francophonie comme un espace défensif » dit Mabanckou qui, aujourd’hui, enseigne la littérature française en Californie et dont les livres écrits en français sont traduits dans bien d’autres langues.

 « Conquérir les espaces qui ont faim de langue française ».

À quoi ça sert d’enseigner le français à ceux qui le maîtrisent déjà ? On n’enseigne pas la Bible à des prêtres ! Il faut au contraire conquérir les espaces francophiles qui ont faim de langue française (les espaces anglophones, lusophones, hispanophones et autres…).

Une chance pour l’Afrique ? 

On estime qu’il y aura 900 millions de francophones à l’horizon 2050, dont plus de la moitié en Afrique. Mais avant de plaider en faveur de l’Afrique de demain, il faudrait penser à celle d’aujourd’hui. Le bassin du Congo, qui regroupe le Cameroun, la République centrafricaine, le Gabon, la République du Congo et la RD Congo, est devenu le cœur des ténèbres. Et pourtant, 90% de sa population y parle le français. Il y a beaucoup à faire ! Le plus dur est de faire en sorte que les Africains francophones n’aient plus de doutes sur la France lorsque la nuit tombe.

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