Il y a quelques jours, un tribunal de Nouakchott a prononcé une condamnation à cinq ans de prison ferme contre l’ancien président de la Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz. Cela fait suite à son procès qui a débuté en janvier 2023 pour des allégations d’abus de pouvoir au départ puis accumulation d’une immense fortune par des blanchiments de capitaux. Dans le même élan, la cour a également ordonné la confiscation de ses biens. Cette décision judiciaire a suscité diverses réactions, certains de mes amis restés en Mauritanie la qualifiant de kafkaïenne. J’ai personnellement résidé dans ce pays pendant quatre ans, y ayant été témoin du coup d’État du général Aziz.
À l’époque, ce coup d’État était considéré comme salvateur car le président élu avant l’arrivée du Général Aziz, avait été la cible de la colère populaire, montrait des signes d’incapacité à diriger le pays. Heureusement, le général Aziz est intervenu sous les acclamations des mauritaniens. Le beau général avait œuvré en rétablissant la démocratie, avec le soutien de Kadhafi et du président Abdoulaye Wade. Le pays a alors retrouvé son honneur et sa réputation. Durant ce processus de rétablissement de l’ordre constitutionnel, on a assisté pour la première fois à l’ascension d’un Noir à la plus haute magistrature, même si c’était à titre intérimaire.
La Mauritanie, en raison de sa diversité raciale et linguistique, est un pays complexe à gouverner, mais il est aussi incroyablement riche. Les mines de fer, avec leur train qui transporte des cargaisons de Zouerate vers le port de Nouakchott depuis les années 60, pourraient à elles seules contribuer au développement du pays. Les eaux côtières regorgent de poissons, capables de remplir les navires de Johannesburg à Casablanca. Le pétrole, la plus grande réserve au monde, ainsi que l’élevage, sont d’autres atouts. Cependant, cette immense richesse ne profite pas suffisamment à la Mauritanie, qui demeure fondamentalement sous-développée.
L’esclavage persiste, même s’il est discret, et la population noire est encore marquée par les événements malheureux de 1989. Le général Aziz est venu restaurer la paix dans ce pays. Il fut un président charismatique qui, contrairement à d’autres présidents, n’a jamais eu recours à la violence pour gouverner. Bien qu’il ait été condamné pour enrichissement illicite et blanchiment d’argent, la justice a tenu à préciser son innocence concernant d’autres accusations telles que la corruption, le détournement de fonds publics, l’abus de fonction et le trafic d’influence. Cette affaire semble être une distraction pour le nouveau gouvernement qui n’a pas encore véritablement commencé à travailler.
Une question me vient à l’esprit : qui ne cherche pas à s’enrichir en Mauritanie compte tenu des opportunités offertes ? Les Mauritaniens ont un penchant pour l’argent, tout comme une poule chérit ses œufs. La condamnation du général Aziz est une honte pour le nouveau régime et représente une première du genre. Un mauvais exemple pour l’Afrique qui oblige les autres présidents en fonction à se maintenir au pouvoir si telle est la retraite qui leur sera réservée. Un procès orchestré pour cibler uniquement l’ancien président, avec des allures de manipulation politique. Un vrai scénario à la Kafka, typique des manœuvres opaques des Mauritaniens corrompus. Les accusations portées contre lui sont odieuses, comme l’a souligné un ami dans les réseaux sociaux.
Ce procès semble manquer de cohérence, et la justice semble perdre son sens. Le dossier est mal construit, créant un précédent de vide juridique avec des accusations infondées qui ressemblent clairement à une vendetta, visant à exclure définitivement l’ancien président de toute possibilité de retour en politique. Il ne serait pas surprenant de voir une grâce présidentielle être accordée dans les mois à venir, ou peut-être même après un an, lorsque la pression sur le nouveau pouvoir commencera. Avec les Mauritaniens, les périodes de répit ne durent généralement pas plus de six mois. La Mauritanie est un vaste pays, chaleureux et accueillant, qui ne connaît pas de problèmes majeurs. J’espère que le nouveau gouvernement retrouvera rapidement son cap.