Immense tabou dans les sociétés arabe et maghrébine
On n’en parle pas trop souvent, et pourtant c’est une réalité. Dans ces sociétés, le Noir est stigmatisé et considéré moins qu’un citoyen de seconde zone. Durant le mouvement BLM « Black Lives Matter », presque tous les pays arabes et maghrébins sont restés silencieux sur la mort abjecte de George Floyd. Parce que dans ces pays-là, le racisme est un cancer qui structure la vie sociale et les propos ultra-moyenâgeux ne manquent pas pour ostraciser la population noire en l’affublant de tous les sobriquets vexants : « Kahlouch », au féminin « kahloucha » qui veut dire esclave ou encore « Atig » qui veut dire « affranchi par ».
Négrophobie dans le monde arabe
Il faut également dire que, chaque jour qui passe, le racisme à l’égard des Noirs prospère sans que personne n’en parle. Quand il est question du racisme anti-Noirs au Maghreb ou dans les pays arabes, la presse comme la littérature dédiée s’intéressent plus à l’expérience des personnes migrantes subsahariennes qu’à celle des personnes noires en général. Le racisme anti-Noir dans le monde n’est pas un phénomène détaché du contexte mondial.
C’est une réalité qu’il va falloir désormais questionner.
Il suffit de parcourir certains réseaux sociaux pour se rendre à l’évidence. Tout se passe comme s’il n’existait pas d’arsenal juridique pour punir cette pluie de haine et d’exactions dont les Noirs sont victimes dans ces pays. Comment justifier l’esclavage et le racisme, pourtant interdits dans l’islam ? Comment concilier africanité et arabité, si on considère qu’elles n’appartiennent pas au même territoire ? Comment reconnaître la dignité des Noirs toujours vus comme des descendants d’esclaves ? Ce sont là autant de questions auxquelles il faudra désormais répondre.
Le racisme anti-Noirs est systémique au Maghreb et dans les pays arabes
Les migrants subsahariens sont les plus vulnérables ; les femmes et les enfants en particulier, parce qu’ils sont criminalisés dans l’imaginaire populaire maghrébin et arabe. En plus, ils sont confrontés à toutes formes de violences : attaques armées, rixes, enfermements, tortures, assassinats, esclavage ou viols. Les exemples font florès en Algérie, au Maroc, en Tunisie, en Lybie, au Liban, en Arabie Saoudite, pour ne citer que ces pays-là.
Condamnation timide
Dans l’ensemble du monde arabe, le mouvement BLM « Black Lives Matter » n’a fait aucun écho malgré un meurtre en pleine lumière du jour qui a arraché les œillères au monde entier. Malgré une adoption timide de quelques lois çà et là, le racisme est toujours prégnant, caractérisé par le mépris des autres êtres humains à cause de leur couleur de peau ou de la texture de leur cheveu, l’interdiction des mariages mixtes, l’apartheid dans cimetières et les transports publics (en Tunisie). Quelle hérésie ! Alors que le bus de la ségrégation de Rosa Parks date de 1955. Imaginez si cela se déroulait en France, en Belgique ou en Suisse, que ne diraient pas les Maghrébins et les Arabes ? Les mêmes qui se plaignent du racisme en Occident font preuve d’une fourberie intellectuelle et d’un niveau de dénégation ahurissant lorsqu’il s’agit de questionner l’oppression systémique, les agressions et l’invisibilisation des populations noires dans leur pays d’origine.
Soyons sérieux !
Nous sommes en 2023 et bientôt en 2024 ! Nous devons questionner l’obscurantisme qui règne encore dans ces pays. Pourquoi l’opinion publique de ces pays demeure indifférente à cette laideur sociale ? Le système esclavagiste de la Kafala au Liban permet aux employeurs des migrants à Beyrouth d’avoir le plein contrôle sur les employés (abus sexuels, violences, maltraitance…). En Lybie, les migrants sont soumis à l’esclavage opéré par des bandes criminelles et, pendant ce temps, les Palestiniens noirs subissent la ségrégation.
Un fléau qui mérite d’être combattu
Les discriminations ne doivent pas être minimisées ni réduites à de simples plaisanteries. La mort abjecte de George Floyd devrait susciter des interrogations dans le monde entier. Chacun doit aussi réaliser qu’il peut être à son tour bourreau et victime. Le déni et l’hypocrisie ne doivent plus être des choix. Aimer les autres, c’est noble mais lorsque notre intégrité est attaquée, sachons la défendre. Le racisme ne disparaitra pas par décret, car c’est un fléau qui touche tout le monde et qui mérite d’être combattu au quotidien.