La présence de la violence au sein des établissements scolaires est source de nombreuses difficultés, et pour beaucoup, elle témoigne de l’échec des responsables chargés de l’éducation des jeunes enfants. Les élèves sont prêts à se conformer aux règles de discipline, mais une mauvaise gestion peut les pousser à la rébellion, transformant ainsi l’école en un foyer de violence. Après tout, nous parlons d’enfants, et dès lors, l’influence du groupe peut rapidement s’exercer. Face à ce dilemme, les chefs d’établissement se retrouvent souvent dépassés. C’est ce qui s’est passé hier au Lycée d’Etoug-Ebe où on a vu des élèves en colère enclin à toutes sortes de débordements.
Dans ce lycée, la proviseure avait émis des directives stipulant que le lever des couleurs et l’exécution de l’hymne national devraient avoir lieu chaque lundi matin, avec une obligation pour tous les élèves d’être présents à 7 heures. Ces instructions devaient entrer en vigueur hier. Cependant, il est important de rappeler que le lundi n’est pas un jour ordinaire, mais le début de la semaine, chargé d’une grande énergie. Pour comprendre une vie scolaire dans une ville comme Yaoundé, il est essentiel d’analyser la vie quotidienne des élèves qui s’y trouvent. Exiger la présence des élèves avant 7 heures du matin témoigne d’une méconnaissance des problèmes auxquels ils peuvent être confrontés.
Eh bien évidemment ce qui devait arriver, arriva. De nombreux élèves sont arrivés en retard ce lundi matin et se sont retrouvés massés devant le portail en attendant son ouverture, normalement prévue après la cérémonie du lever des couleurs. Ce qu’on semble avoir omis de prendre en compte, c’est que les grandes villes sont particulièrement touchées par les distances à parcourir et les embouteillages.
Certains élèves habitent à Tshinga et fréquentent à Etoug-Egbé, d’autres viennent de Biyem-Assi ou de Mvog-Ada. Tous ces élèves, qu’ils marchent à pied ou qu’ils prennent un taxi, peuvent être confrontés à des obstacles devant les les itinéraires parfois boueux. Prendre des décisions aussi rigides ne fait que mettre en avant la quête de notoriété de certains, au détriment de la discipline réelle, et cela conduit à des décisions malavisées.
La proviseure n’avait peut-être pas évalué pleinement cet aspect des choses. Par ailleurs, les raisons de cette masse d’élèves devant le portail peuvent être variées. Nous sommes en période de Coupe d’Afrique des Nations (CAN), et de nombreux élèves restent éveillés tard dans la nuit en raison de leur passion pour le football. Ils sont souvent accablés par l’angoisse et la déception liées aux performances de l’équipe nationale, les « Lions Indomptables ». Après cela, ils se tournent vers les réseaux sociaux pour lire les disputes entre influenceurs, ce qui peut encore retarder leur sommeil et les amener à arriver en retard à l’école.
Lorsqu’une majorité des élèves se trouve à l’extérieur du portail un lundi, cela pose un sérieux problème, et la proviseure ne devrait pas tolérer cette situation. Elle doit s’assurer que les élèves entrent dans l’enceinte de l’école. Laisser tous les élèves dehors était une erreur, et le surveillant général, responsable de la surveillance des élèves, ne doit pas accepter une décision erronée. En dehors de l’école, les enfants peuvent se comporter de manière imprévisible : ils crient, hurlent, pleurent, courent, et les élèves en difficulté scolaire ne demandent parfois qu’à perturber l’ordre établi. Ils doivent donc être encadrés à l’intérieur de l’école, que ce soit dans une salle d’étude ou même sur une partie macadamisée de la cour. Lorsque l’on a la responsabilité des enfants, une vigilance constante est de mise, car ils sont imprévisibles.
Les dirigeants de l’établissement, tant sur le plan pénal que civil, sont tenus responsables de ce qui s’est passé. Il est important de reconnaître que, tout comme il existe de mauvais élèves, il y a aussi de mauvais enseignants et de mauvais dirigeants. Certains responsables se comportent comme si les élèves étaient leurs adversaires ou leurs ennemis. Parfois, les actes de violence perpétrés par les élèves à l’encontre de ceux qui les encadrent résultent de leur frustration. Ils ne comprennent pas comment un adulte, chargé de les guider, peut les plonger dans une situation infernale de punition. En tant qu’enseignant, j’ai été témoin de malentendus entre les élèves et les surveillants généraux ou les professeurs, et une analyse plus approfondie révélait souvent que les élèves avaient raison parce qu’il y a des élèves qui connaissent leur droit.
Madame les proviseures, toujours des dictatures. Lorsqu’elles occupent ce poste de cheffes d’établissements, elles cherchent à surpasser leur devoir en visant une hégémonie personnelle. Elles ont de grandes ambitions et sont prêtes à écraser les autres pour atteindre leurs objectifs. Il faut qu’on les appelle la dame de fer. Elles privilégient souvent la force plutôt que la réflexion et agissent comme si elles détenaient toutes les réponses. Elles imposent leur approche dictatoriale à l’ensemble de l’établissement, outrepasse leur fonction et impose leur vision sur tout. En conséquence, les élèves et le corps professoral et administratif, se retrouvent opprimés où la moindre faute peut entraîner des sanctions sévères, allant jusqu’à l’exclusion. Plus elles sanctionnent, plus elles se font remarquer pour leur discipline stricte, sans aucune considération elles ignorent la veuve et l’orphelin, pas d’humanisme, elles ne montrent aucune empathie envers les élèves en difficultés, ignorant la réalité des nouveaux enseignants sortis de l’école. Ce sont des dames qui exercent leur pouvoir sans aucune compassion, tenant le marteau et l’enclume prêts à frapper à tout moment.
Il est évident que ce que nous avons vu hier est très regrettable pour nos enfants qui étaient en détresse, et je crois que cela devrait nous amener à réfléchir sérieusement et à reconsidérer certaines hypothèses. La première réflexion concerne la nécessité de revoir les horaires des cours. Nous ne sommes plus dans les années 50, et il est impératif de tenir compte des distances et de la pauvreté de certains pour leur permettre d’arriver à l’école à l’heure, surtout dans nos grandes métropoles. Il est essentiel de promouvoir l’humanisme au sein de l’école et de rappeler que l’enfant n’est pas notre ennemi, mais notre responsabilité collective. Il faut promouvoir les systèmes de sécurité et d’assistance à personne dans tous les écoles collèges et lycées, il faut des infirmeries. Il faut les policiers en faction dans toutes les écoles du Cameroun. Voilà où l’état est responsable.