Mag-Afriksurseine-Mars-2024

L’intellectuel camerounais selon Afriksurseine.

Par Calvin Djouari

Cet article que j’ai écrit, il y a quelques années pour d’autres sites avait suscité de nombreuses critiques qui m’obligent à l’actualiser et à  le republier. A l’époque j’avais titré les 11 intellectuels de l’intelligentsia camerounaise. »   L’Afrique est un continent d’actualité. Son parcours est marqué par les guerres, les coups d’état, les terrorismes, les mauvaises élections, les mandats prolongés, les scandales financiers. Ces maux ont provoqué l’ingérence des intellectuels dans les affaires de l’état. L’intelligence est un écho intérieur. Les intellectuels un outil du développement. Ils se sont illustrés dans de nombreux domaines et font parler d’eux. Ils cherchaient un micro, ils le recevront dans les réseaux sociaux. Ils s’attaquent à toutes les questions, surtout celles liées à la politique et le sociale. L’espace qu’on leur a offert est suffisant pour se déployer. La raison en est d’ailleurs élémentaire. Ce sont ses valeurs, ses normes apprises et partagées qui permettent à l’intellectuel, de contribuer à la formation d’une société sans cesse en interaction avec les compatriotes d’un pays et ses dirigeants. Par son courage et sa détermination, il symbolise la grandeur de toute société qu’il tente de représenter dignement. Sa fonction sociale est de dénoncer là où il y a injustice.

L’intellectuel, tel que je le conçois, est celui qui s’exerce dans la vie sociale en utilisant des idées. Pour le faire, il doit avoir reçu dans le passé une convenable formation dans une discipline donnée, dans une spécialisation donnée, et sortir maître dans cette discipline. Celle qui  lui confère une notoriété, qui lui permet de s’engager et prendre une certaine position sur le plan social afin d’œuvrer à son amélioration. Il peut être un éminent médecin, un influent enseignant, un prestigieux avocat, un puissant homme d’église. A partir du moment où il sort un tout petit peu du cadre de sa formation et prend position en dénonçant les injustices de la société, il peut être désigné comme un intellectuel. Cette catégorie débute avec la science, avec l’université. Un analphabète ne saurait être considéré comme un intellectuel. Lorsqu’une personne est qualifiée d’intellectuel, c’est une personne qui s’est engagée dans la société, qui risque tout son être, à cause de son sens critique.

Habituellement, il refuse quel que soit le prix, les idées commodes, les certitudes complaisantes, les démarches des cercles du pouvoir et autres esprits routiniers qui visent à l’introduire dans le système, tout simplement parce qu’il n’a pas de remords pour lui-même. En effet, sa mission est une mission accusatrice contre le système frelaté et décadent. Il est là pour analyser et expliquer jusqu’aux énigmes sociales, afin de mobiliser les ressources rares qui conduiront vers une solution face aux multiples souffrances des hommes. C’est pourquoi, il n’est pas contraint d’être distant de la masse populaire. Parfois déporté, expulsé, banni, tenu comme un hors-la-loi, un insoucieux, il maintient son langage offensif, provocateur et ses idées inouïes. Ces idées sont pourtant stupéfiantes pour la modernité. Autrefois, on parlait de la défaite de pensée, ou la démission du scribe, face à des dictatures, défaite qui serait l’une des causes de nos malheurs. Ce constat de mépris à l’égard de L’intelligentsia expliquait notre état de déliquescence actuel en Afrique. C’était exact à l’époque. C’est parce que les intellectuels étaient combattus. L’intelligentsia n’avait pas d’arène pour s’exprimer. On parlait alors de complot contre L’intelligentsia qui s’inscrivait dans une seule démarche : celle d’empêcher le savoir d’exploser. Il a fallu un sursaut international dans le tremplin de l’investissement du savoir pour atteindre ce stade d’émancipation intellectuelle qu’on voit aujourd’hui. Les réseaux sociaux ont libéré le savoir. Nous sommes entrés dans l’âge moderne du savoir explosif. La nouvelle génération a pris ses responsabilités. Même les pouvoirs ne sont plus allergiques à leurs paroles savantes et constructives.

Le temps où les élites étaient muselées, suspendues et livrées à l’ivresse dans les bistrots ou à l’immobilisme de la pensée unique est passé. Les réseaux sociaux ont permis l’intellectuel à lever le voile sur certaines énigmes. Parfois iconoclastes, dichotomiques, ils se tirent constamment entre eux. Mais ils sont là et jouissent d’une extraordinaire popularité. Ils tentent de décrypter des grands dossiers du moment. Chacun mène son combat dans son camp, et tout ce savoir et cette culture enrichissent la jeunesse africaine noire. J’avais autrefois énuméré ceux de notre diaspora, ils étaient 11 à l’époque. Ces personnalités qui s’étaient vraiment distinguées dans les discours publics en temps réel, ils étaient au courant de toutes les négociations. Ils détenaient des informations inédites. Ils connaissent les alliances les plus secrètes et ont la primeur des données d’un pays. Ils sont parfois dans toutes les campagnes de diabolisation. Ils sont dans les débats essentiels qui sculptent notre époque. Ils n’attendent pas l’actualité, ils sont experts en tout. Plus que les acteurs sociaux formés dans le métier. Un intellectuel ne s’autoproclame pas. On le désigne par son action. J’avais choisi autrefois 11.

Comme capitaine, j’avais donné le brassard Franklin Nyamsi Wa Kamerun. Jamais, dans l’histoire de l’Afrique, on aura vu un homme aussi passionnant, un ami admiratif du personnage m’avait dit que lorsque Franklin s’exprime, il a envie de casser son écran pour le voir de prêt. Quel brillant professeur ! Quel humanisme ! Franklin Nyamsi donne la mesure du génie camerounais. Il a fait rêver l’Afrique. Toute l’Afrique, il a acquis une réputation désormais mondiale et s’impose comme l’intellectuel incontestable et incontesté. Il est partout, l’ampleur de son œuvre littéraire le place au premier rang et il sera nécessaire d’attendre longtemps pour voir un autre. Son habileté à parler la langue française, touche à la virtuosité. Les générations futures avec l’immensité de son travail disponible sur Internet peuvent être fier.

Banda Kani. Installé au Cameroun, mais particulièrement suivi par la diaspora, c’est un homme à l’intelligence explosive, dynamique et prodigieuse. Il a une tournure d’esprit synthétique, il comprend dès les premiers instants les faits. Doté d’une intuition captive, il sait ce qui va se dérouler dans les prochains jours, les mois ou années à venir dans un contexte politique. Comme un lion, il ne redoute personne, il affronte tous ses contradicteurs avec la même assurance.

Jp Remy Ngono. C’est le Totem de la lignée, séduisant et délicieux, il est sans réserve ; l’homme s’est distingué dans l’affaire Amougou Belinga, il ressemble à un homme de l’ombre qui s’est envolé avec des infos. Il détient des secrets d’état qui se révèlent à cent pour cent exacts. Je le suivais auparavant. son émission « Condrey Show ». Ce Monsieur a suscité chez de nombreux Camerounais la culture générale avec ses citations qu’il cite à tout moment.

Nathalie Yamb. C’est une femme vigoureuse, c’est la représentante de la femme noire du passé qui se manifeste au présent. On pourrait dire une Amazone comme à l’époque de Behanzin. Son intelligence est pure, charmante et sincère. Elle donne envie d’être écouté jusqu’à la fin du discours. Même ses adversaires la regardent passionnément avant de prendre la décision de la pourchasser. Elle parle du présent et du futur avec fermeté, si on avait dix femmes comme Nathalie Yamb en Afrique. L’Afrique est un continent complexe, difficile à secouer. Calixte Beyala, c’est la fine fleur, c’est la mère de tous les combats. Elle a toutes les couleurs. Toutes ces couleurs brillent. Elle a gardé sa verve et reste toujours la marraine de toutes les intelligences. Elle est incontournable dans notre diaspora dont elle reste la véritable porte-parole.

Owona Nguini. C’est le savant du droit camerounais à l’heure actuelle de Johannesburg à Casablanca. Il entre dans la même lignée que son père et d’autres savant comme Augustin Kontchou, Gabriel Lep, Adolphe Minkoa She, Bipoum Youm. Owona Nguini est un fidèle interprète de la pensée politique camerounaise. Confiant en lui, il forge le goût de l’étude et surtout la maîtrise des concepts, mais malheureusement, il s’est tu dernièrement sur l’affaire Amougou Belinga. C’est là où on attendait les intellectuels. C’est pourquoi il est déclassé. Charles Onana, il n’est pas à proprement parler convaincant, mais c’est un homme qui a une volonté ferme de chercher, il tente des explications, il clarifie, et cela est suffisant pour avoir une aura positive au sein d’une société. Ses investigations font de lui un homme remarquable.

Alain Foka, c’est le papa de la jeunesse, c’est le père de tous ceux qui ont été cités jusqu’à présent. ce que les jeunes d’aujourd’hui cherchent, Foka l’avait   à ses débuts. C’est l’authentique porte-parole de la jeunesse. Le commissaire Zogo, un homme offensif, stratège-né, il a pris un recul, et a rebondit pour laisser son nom ; très suivi dans la diaspora, c’est l’âme camerounaise même qui est en ébullition, patriote de tous les temps, il est le leader de ce groupe et sa valeur intellectuelle est polyvalente ce qui l’oblige à s’orienter au gré de ses inspirations.

Stephane Tchoumbou, c’est un jeune qui monte qui a de l’avenir, le seul souci est qu’il se trouve dans une nasse du magma groupal qui le détériore et le tire vers le bas. Tchatchouang Carole Modestine la courageuse. Elle a donné le ton au moment où les gens avaient encore peur de parler. Elle s’est mise debout comme Rosa Park pour les droits civiques aux États-Unis. Mais elle a montré des mœurs légères qui ont joué sur elle en allant s’accoupler avec un homme de petite vertu.

Le docteur Njoya Moussa, homme limpide, sa culture est profonde, il parle comme un vieux pourtant nous avons affaire à un jeune qui use d’un langage approprié aux nécessités pédagogiques. Nous avons antérieurement cité onze mais d’autres personnes qui mènent une bataille très intéressante comme Wilfried Ekanga, Adelhaziz Moundé et Marie Chantal Tchualem, Bessala, et docteur Monod, tant d’autres camerounais peuvent entrer sur cette liste.

L’intellectuel camerounais a réussi son éducation populaire. Le jeune camerounais doté d’un petit bon sens ordinaire, ne comprend pas les choses qui se passent. Ils ont la chance de voir et de comprendre à cœur ouvert des personnalités qui ressemblent à peu de chose près à ces leaders de l’indépendance. Les nationalistes camerounais étaient des ébranleurs des corps constitués et des bâtisseurs d’idées. Ils ont leur substitut. Bien que tous soient des bords politiques différents, ils peuvent constituer les deux faces d’un même travail. Analyser et critiquer la réalité sociale permettent de contribuer à sa transformation. Les intellectuels ont l’obligation de se montrer utiles à la communauté et s’engager davantage. Les Camerounais ont suffisamment du savoir à exporter. Quant à moi, j’affirmerai que j’ai eu la chance de vivre, de bout à bout, une des aventures les plus exaltantes du génie camerounais.

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