Il y a quelques années, nous avons eu l’opportunité d’interviewer deux jeunes dames prometteuses, les jumelles MAWASA (Canelle et Anaïs). Malheureusement, en raison de la perte de données sur le site camer.be, cette interview n’est plus disponible. Toutefois, grâce à nos archives méticuleusement conservées, nous avons décidé de rédiger un article résumant leurs propos et leur ascension en tant que jeunes talents de la musique camerounaise au sein de la diaspora.
Voici ce qu’elles exprimaient il y a quelques années. « Nous sommes des jumelles monozygotes, Anaïs étant la première à voir le jour, suivie de près Canelle, environ 3 minutes plus tard. Pendant notre enfance, il était difficile pour les autres de nous différencier, mais aujourd’hui, nous aimons jouer sur cette incertitude lorsque les gens nous posent la question. Nous les laissons deviner, car c’est devenu un jeu amusant pour nous.
Tout a vraiment commencé lorsque nous avons remporté le prix des jeunes talents de la mairie de Paris à l’époque du maire Delanoë. Ce succès nous a valu divers prix, dont un concert pour assister à celui des Destin’ys Child et une session d’enregistrement en studio qui a donné naissance à notre titre « Nos amis, nos ennemis ». Ensuite, nous sommes devenues des habituées de la scène, apparaissant même dans le clip de TINA TURNER « What ever you want » lorsque nous avions 8 ans. Cet événement a été un véritable déclic pour notre carrière. Par la suite, nous avons enchaîné les concerts pour différents événements tels que les mariages, les anniversaires, etc.
C’est au Cameroun que notre talent a été remarqué par Mme Foning lors d’une présentation à Makepe, puis par Jean Yves Mbome qui nous a invitées à participer à un concert des brasseries du Cameroun. C’est là que nous avons commencé à nous produire régulièrement. Canelle est titulaire d’un BTS MUC (Management des Unités Commerciales) avec une spécialisation dans les produits de luxe, et elle prépare actuellement une licence en Digital. Anaïs, quant à elle, a passé deux ans à la faculté de langues pour approfondir ses compétences en anglais, et elle prépare un BTS Esthétique et bien-être.
Notre musique appartient au genre World music, un style qui transcende les frontières et qui trouve écho chez un large public. Notre inspiration provient d’un mélange éclectique de divers artistes tels que Whitney Houston, Destiny’s Child, Alicia Keys, mais aussi des sons que nos parents écoutaient durant notre enfance, comme Eboa Lotin, Henri Njoh, ou encore Dina Bell. Nous avons un profond respect pour la musique camerounaise, et nous sommes des auditrices régulières de Grâce Decca et de la regrettée Mama Nguéa. Notre titre « OA » est sorti il y a près de 2 ans. Cependant, nous ne pouvons pas maintenir une promotion permanente, d’autant plus que cela a un coût.
Nous devons également nous concentrer sur nos études. Lorsqu’on investit dans une promotion auprès d’un média, on s’attend à ce que notre titre soit inclus dans leur playlist. Il revient également à ces médias de continuer à diffuser notre musique sans que nous ayons à payer à chaque fois. De plus, cette promotion doit avoir un impact concret, générant des opportunités de concerts, sinon elle perd de son intérêt. C’est pourquoi nous avons sorti un autre titre, afin d’avoir du contenu pour nos futurs concerts. C’est un maxi single comprenant quatre titres, enregistré à Buéa sous la direction de Monsieur Emile Ngumbah Molindo.
Le choix de la langue anglaise pour ces chansons était crucial, compte tenu de notre large fan base dans les régions anglophones du Cameroun. En tant que bilingues, nos interviews en anglais nous rendent accessibles à tous les Camerounais, sans distinction. « One Day » a été écrit pendant le premier confinement, alors que nous étions au Cameroun, en pleine réflexion sur l’orientation à donner à notre carrière musicale. Notre MumNager, Jeanne Louise Djanga, a suggéré d’exprimer nos ressentis après toutes nos expériences passées. Elle a commencé à composer le titre « One Day », qui est devenu à la fois le nom de l’album et d’une chanson emblématique. Emile Ngumbah a également arrangé le titre « Burning ». Nous avons aussi proposé les titres « Love Pass Motor » et « We’ll never stop ».
Travailler dans un environnement anglophone a été une expérience enrichissante, marquée par un professionnalisme et une efficacité remarquables, l’acoustique était impeccable. Les retours positifs sur YouTube et les plateformes de téléchargement officielles témoignent de l’accueil favorable réservé à notre travail. Maintenant, il est temps de présenter ces titres en concert, et la balle est dans le camp des promoteurs. Par ailleurs, nous sommes conscients que notre musique peut parfois prendre une direction qui ne nous convient pas, notamment au niveau des paroles.
Nous aspirons à ce que nos chansons véhiculent des messages d’espoir et d’amour, et nous souhaiterions les entendre chantées dans les écoles. Parallèlement, nous nous intéressons beaucoup au « Ngosso », une musique traditionnelle qui nous permet de rester connectées à nos racines ancestrales. Cependant, nous constatons que la musique camerounaise peine parfois à s’exporter aussi efficacement que d’autres artistes africains, tels que Fally Ipupa, Koffi Olomide ou Youssou Ndour. Dans les taxis au Cameroun, on entend souvent de la musique congolaise, tandis que les mélomanes écoutent Richard Bona et Charles Lembé dans leurs voitures personnelles, en plus du jazz et du gospel.
Ce métier est souvent compliqué par le manque de soutien des médias camerounais, qui ne diffusent notre musique que lors de nos périodes de promotion. Par ailleurs, les promoteurs de festivals et de concerts publics privilégient généralement des musiques plus festives, reléguant celles plus introspectives et réfléchies au second plan. Il est impossible de rester en promotion indéfiniment. La question des droits d’auteur reste un défi, car nous n’avons jamais rien touché. Chacun évalue sa musique à sa juste valeur, et ceux qui peuvent se le permettre paient pour l’apprécier.
La musique est un art thérapeutique, capable d’élever et de guérir à différents niveaux de spiritualité. Cependant, nous sommes conscients que l’écoute constante de grossièretés et de bruit peut être nocive. Ceux qui souhaitent écouter une musique plus enrichissante sont prêts à investir davantage. La musique est un art médical, et chacun choisit la manière dont il souhaite se soigner en fonction de sa propre valeur. Les artistes qui réussissent sont souvent soutenus par leur public, mais aussi par leur amour pour leur art. Ils offrent des performances visuellement attrayantes, alliant musique, danse et chorégraphie.
Ils abordent des thèmes tels que la souffrance et les réalités sanitaires, mobilisant et sensibilisant leur auditoire. Concernant l’âge, il ne doit pas être un obstacle à l’appréciation de la musique. Des artistes tels que les Beatles, Jean Jacques Goldman ou Alain Souchon ont su transcender les générations. Nous sommes dans une ère où les réseaux sociaux sont essentiels pour notre promotion, permettant à nos fans de nous suivre en temps réel et de poser des questions. Notre musique, bien que principalement de style world avec des sonorités africaines, attire un public diversifié. Notre titre « ONE DAY » véhicule un message d’espoir et de persévérance, et nous sommes impatients de présenter nos concerts au Cameroun en 2022. En attendant, nos fans peuvent nous suivre sur les réseaux sociaux.