Mag-Afriksurseine-Mars-2024

Le désamour entre la jeunesse africaine et la politique

A qui profite l’Afrique

Par Michel Lobé Etamé

Journaliste indépendant

L’Afrique bouge. Sa jeunesse aussi. Est-ce un effet de mode ? Certainement pas, car l’actualité africaine nous offre à profusion les mêmes thèmes : les putschs militaires, leurs condamnations unanimes par toutes les prétendues démocraties et gâteau sur la cerise, les sanctions économiques et financières contre certains putschistes. Car il y a de bons et de mauvais putschs. Suivez mon regard. L’Afrique souffre de maux récurrents qui ne favorisent pas l’épanouissement de sa jeunesse qui aspire à la liberté, à la démocratie, mais surtout au bien-être matériel et social. Ses dirigeants n’ont pas vu émerger une nouvelle génération de citoyens qui a développé une conscience citoyenne. Cette jeunesse est en train d’écrire le prochain chapitre de l’Afrique pour mettre fin à la gabegie des dirigeants encore en place.

Si nous nous penchons sur le berceau de cette Afrique, nos conclusions révèlent les mêmes maux à partir d’un diagnostic approfondi : la corruption, l’impunité, le clanisme, la soumission des dirigeants face aux néo colons, l’influence des loges ésotériques occidentales et les mandats politiques à rallonge. Ces maux sont connus de tous et ils perdurent. Dès lors, comme le corps humain, n’est-il pas envisageable de proposer des remèdes communs pour endiguer un mal hérité de la colonisation ? Les échecs économiques, politiques et sociaux résultent de l’incurie sans bornes de nos dirigeants et de la faillite des élites qui font de la politique la voie royale pour s’enrichir. Ils ne servent pas leurs pays. Ils l’appauvrissent triplement, car ils trahissent leurs idéaux, leurs pays et leurs familles.

Les putschs militaires en cours sont-ils une réponse à la mal gouvernance ? Dans tous les cas, sans s’évertuer à les justifier, ils font partie des solutions. La communauté internationale complice a tort de cautionner la mal gouvernance. Elle est responsable du mal-être de la jeunesse africaine sans perspectives et dont l’horizon est bouché. Oui, le mal est là. Il est profond, structuré, systémique et entretenu pour maintenir dans la pauvreté tout un continent. La solution ne viendra donc pas de nos amis occidentaux accrochés à leurs prébendes. La liberté ne viendra non plus des putschistes qui promettent, comme les professionnels de la politique, monts et merveilles. La liberté ne viendra que d’une prise de conscience capable de résister aux appâts tendus par nos prétendus amis.

La lutte en cours de cette jeunesse est le salut attendu. Nous ne pouvons l’oublier, un peuple ne se libère que par lui-même. Notre histoire encore fraîche nous décrit la vaillance des panafricanistes des premières heures. Ils ont été froidement liquidés par nos maîtres. Nous n’avons pas su transformer ces essais en victoire du peuple. Nous avons sciemment choisi la voie de l’oisiveté. La corruption à outrance est devenue une vertu dans les clans de nos gouvernants. Ce cancer ronge les dirigeants africains qui s’accrochent à leurs mandats alors que les pays sombrent dans la misère et dans le désespoir. Ceux qui se déclarent nos amis ont la même détermination : nous maintenir dans l’assistance et boucher tous les horizons qui mèneraient à la souveraineté de l’Afrique.

Nous assistons à l’heure actuelle à l’émergence d’une nouvelle génération décidée à briser les chaînes coloniales bien entretenues par les dirigeants actuels de l’Afrique. Cette jeunesse, abreuvée de culture et d’informations, est décidée à lutter pour se libérer. Elle exprime ouvertement son désamour avec les politiques en cours. Elle souhaite se prendre en main et décider souverainement de son avenir. Nos prétendus amis ont désormais l’obligation de tenir compte des luttes en cours et de l’élan de panafricanisme au grand jour qui ne cache plus ses ambitions de souveraineté et d’émancipation. Elle veut une autre politique basée sur le respect et l’équité. La jeunesse africaine est sacrifiée par ses dirigeants irresponsables, haineux et véreux. Cette jeunesse est en train de développer une profonde conscience politique. Elle compte écrire le prochain chapitre de son histoire à la gloire de ses héros lâchement assassinés. Nous avons tort d’ignorer les revendications justifiées de cette jeunesse. Elle est décidée à s’approprier la gestion de son avenir en investissant tous les champs de bataille. Elle y parviendra, car plus rien ne saurait briser son élan.

 

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