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LE CINEMA CAMEROUNAIS, UN ART QUI TOURNE EN ROND

LE CINEMA CAMEROUNAIS

Le cinéma se présente comme le premier langage universel de l’art, tandis que l’acteur incarne le premier artisan de cette forme d’expression. La puissance évocatrice de l’image transcende les barrières linguistiques et scripturales, révélant quotidiennement de nouveaux talents en Afrique. Chaque individu poursuit son rêve de devenir acteur, mais le cinéma africain navigue dans cette quête sans une définition claire de ce que signifie être acteur ou actrice. La véritable essence de la mission de l’acteur semble échapper à nombre d’entre nous. Dans le domaine cinématographique, l’imaginaire doit se conjuguer avec le réel, et je suis un fervent critique de l’art africain.

L’acteur doit être ancré dans son contexte sociétal pour être authentique, c’est évident, on le constate dans tous les films. D’ailleurs mon  attrait initial pour les films africains reposait sur cette  authenticité, mais j’ai rapidement constaté les artifices de leur réalisme. L’auteur doit s’immerger dans les personnages qu’il décrit. Des artistes comme Michel Goyou, Michel Bohiri et Edoudoua, Takam, Mitoumba et Bigmup  incarnent ce tempérament que je m’efforce de dépeindre. La contrainte de budget ne facilite pas notre rupture avec le schéma narratif classique, souvent réduit à des triades conventionnelles. Il semble que les mêmes thèmes reviennent sans cesse, où que l’on regarde.

Si ce n’est pas le mari qui sort avec sa voisine, c’est la polygamie qui est évoquée, en tout cas tout tourne autour de l’amour ou l’argent. Rien d’autres. Si on pouvait  incarner les rôles authentiques des paysans, dans leur gestes les plus naturels avec des éléments psychologiques et philosophiques à la chinoise. On pouvait  même recruter des acteurs sur place. Il est crucial de comprendre que le talent pour le cinéma ne se limite pas aux professionnels du métier. Des gens ordinaires peuvent exprimer leurs émotions avec une sincérité et une spontanéité qui dépassent parfois celles des acteurs expérimentés. Cela demande parfois du temps et la volonté de briser les conventions établies.

Un acteur doit pouvoir ressentir un coup de poing plutôt que de simuler. À mes yeux, le cinéma est une fusion entre l’imagination et la réalité. Il est essentiel de capturer la magie temporelle du cinéma, cette alchimie qui rend les aspects intellectuels tangibles à travers des expériences concrètes et émotionnelles. Souvent, le cinéma doit guider le spectateur, lui tenir la main tout au long du récit. Pour comprendre l’essence d’une chose, il faut remonter à ses origines, car son impact est perceptif et dynamique.

Des émissions telles que « Ça va se savoir » présentaient des scénarios originaux ; si les présentateurs n’avaient pas révélé qu’il s’agissait d’acteurs, personne ne s’en serait douté, bien que leurs performances aient été basées sur des événements réels. En Afrique, les Ivoiriens et les Sénégalais sont en pointe, tandis que les Nigérians, dans leurs débuts, ont su compter sur de talentueux acteurs. Du côté Cameroun on a encore beaucoup à faire. Le cinéma camerounais semble encore en quête d’un élément essentiel. Trop souvent, il se contente de reproduire les schémas du théâtre. Certes, le cinéma, par sa nature ubiquiste, reflète certains aspects du théâtre, mais il est impératif de comprendre qu’il lui est nettement supérieur.

Dans un monde en perpétuel mouvement, le cinéma évolue également. Il est crucial qu’il nous montre à la fois ce que la vie quotidienne dévoile et ce qu’elle laisse dans l’ombre, car sa mission première est de nous éduquer en utilisant nos yeux, en nous guidant « par la main », nous invitant à toucher du doigt la forme et le contour des choses, et en nous offrant une multitude de perspectives insolites. Il est, de loin, l’un des moyens d’expression les plus puissants qui soit, et les mots doivent servir à nous ramener vers le connu. Ce que je souhaite surtout souligner, c’est que le cinéma est poésie ; le dialogue ne devrait jamais étouffer cette poésie.

Même lorsqu’un acteur ne parle pas, ses gestes devraient transmettre cette essence poétique. De la prise de vue à l’interprétation des acteurs, en passant par la direction, l’objectif de la caméra doit être un œil surréel, doté d’une capacité analytique inhumaine, dépourvu de préjugés ou de morale, transcendant toute influence extérieure. À l’écran, les acteurs se retrouvent souvent relégués à de simples figurants ou bien ils monopolisent tout l’espace. Des lieux sans rapport avec la scène sont parfois capturés par la caméra. Le cinéma est quasiment un art majeur, et dans chaque visage, il devrait saisir un mouvement humain.

 

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