Mag-Afriksurseine-Mars-2024

PULSE KENYA OFFRE SA TRIBUNE A ISACCO

PULSE KENYA

Nous avons eu le privilège de recevoir cette interview d’ISACCO, qui sera publiée en anglais sur une plateforme kenyane. Nous avons obtenu l’autorisation de la partager sur notre site Afriksurseine.

Pouvez-vous partager avec nous votre parcours de réfugié à chanteur à succès ? 

Tout d’abord, je souhaite revenir sur les circonstances qui m’ont poussé à devenir réfugié dès l’âge de trois ans. Le conflit qui a ravagé mon pays natal, le Rwanda, m’a contraint à trouver refuge au Kenya. La guerre m’a arraché à mes parents alors que j’étais encore un enfant. Au Kenya, j’ai vécu une enfance marquée par la tristesse et la solitude, sous la tutelle de mon grand-frère Kubwimana, qui a pris en charge mon éducation et a rempli le rôle de mère et de père à la fois. Je lui suis profondément reconnaissant pour tout ce qu’il a fait pour moi. Dans ce pays d’accueil bienveillant, j’ai souvent passé des heures dans le studio de mon cousin, un producteur du nom de RUKUZ PRO. Grâce à lui, j’ai eu l’opportunité d’assister à de grands concerts et de rencontrer des artistes renommés.

C’est là que s’est enracinée ma passion pour la musique, et c’est grâce à mon cousin que j’ai enregistré ma première chanson sur une musique qu’il m’a proposée. La musique m’a beaucoup aidé à surmonter ma tristesse et ma timidité. À cette époque, l’artiste EKO DYDDA a profondément marqué ma vie par son succès et son talent. Il m’a fait découvrir une nouvelle dimension de la musique et m’a apporté un soutien précieux, tant sur le plan personnel que musical. Il m’invitait à faire la première partie de ses concerts. Plus tard, j’ai dû partir en France pour poursuivre mes études, où j’ai rencontré un groupe d’amis passionnés de musique, dont certains étaient chanteurs.

J’ai commencé à les accompagner et à leur prodiguer des conseils lors de leurs enregistrements en studio, fort de mon expérience précédente. Un jour, ils m’ont proposé de collaborer avec eux sur l’un de leurs titres, ce que j’ai accepté. Ils ont été séduits par ce que j’ai enregistré et m’ont suggéré de former un groupe, proposition que j’ai acceptée. C’est ainsi qu’en 2012, nous avons créé le groupe IC-KS, composé de trois membres. Ensemble, nous avons produit plusieurs titres. Cependant, vers la fin de l’année 2015, les contraintes liées au travail et aux études ont rendu difficile la poursuite de notre aventure musicale en groupe. Pour ma part, j’étais déjà profondément engagé dans la musique. J’ai donc décidé de continuer en solo. En 2016, j’ai sorti mon premier single, « NONAHA », qui a rencontré un franc succès, suivi de nombreux autres. C’est un parcours enrichissant que mon équipe et moi-même nous efforçons de poursuivre avec détermination, prêts à relever tous les défis qui se présenteront sur notre chemin.

Quels ont été les plus grands défis auxquels vous avez été confrontés en tant que réfugié, et comment les avez-vous surmontés pour poursuivre votre passion pour la musique ?

L’un des défis les plus importants que j’ai dû relever était de surmonter la profonde solitude dans laquelle je me sentais enfermé, entravant ainsi mon épanouissement durant mon enfance. À l’école, je me rappelle être souvent isolé, relégué à l’écart, vivant des moments parmi les plus difficiles de ma jeunesse. Cependant, comme je l’ai mentionné précédemment, la musique a été un vecteur essentiel de changement pour moi. Elle m’a permis de m’ouvrir à d’autres horizons. Face à l’absence de mes parents, j’ai trouvé un réconfort auprès de ceux qui m’entouraient et me soutenaient, que je considérais comme mes propres frères et sœurs.

C’est ainsi que j’ai pu retrouver un semblant de vie, grâce à l’amitié et au soutien que j’ai trouvés auprès des amis rencontrés lors de mon séjour au Kenya.  Comment votre expérience en tant que réfugié a-t-elle influencé votre musique et les messages que vous véhiculez à travers vos chansons ?  En tant que réfugié, vous recevez une leçon de vie d’une ampleur considérable. Sortir de cette situation vous confère une expérience inestimable, et cela a été mon cas. Les épreuves et les souffrances que j’ai traversées ont forgé ma personnalité et ont indéniablement influencé ma carrière musicale. Si vous écoutez mes chansons, vous remarquerez que j’aborde des thèmes tels que l’amour et la joie de vivre.

Ayant connu la tristesse et les difficultés, je ne souhaite pas voir d’autres personnes dans cet état. Ainsi, mes compositions visent à apporter de la joie aux auditeurs, à leur procurer des instants de bonheur et d’évasion.

Quel rôle la musique a-t-elle joué pour vous aider à faire face aux difficultés liées au statut de réfugié et à vous adapter à la vie dans un nouveau pays ?

Je vais me répéter, mais la musique a été un pilier essentiel dans ma vie, surtout dans les moments les plus difficiles. Elle a joué un rôle primordial en me permettant de surmonter mes épreuves et mes peurs, dissipant ainsi ma tristesse. Grâce à elle, je me concentrais sur les aspects positifs de la vie, ce qui me procurait un immense bonheur. La musique m’a également permis de rencontrer des personnes formidables et de tisser des liens d’amitié, alors qu’au départ je me sentais seul. Elle a été la source de ma confiance en moi et a contribué à me donner le courage de prendre en main ma destinée, m’entraînant même dans une aventure en France.

Y a-t-il des moments ou des expériences spécifiques qui vous ont inspiré à poursuivre une carrière dans la musique ?

Mon vécu en tant que réfugié et les défis qui l’ont accompagné sont une source constante d’inspiration pour moi. La musique est devenue un véritable remède contre la tristesse et les obstacles que je rencontrais. Peu à peu, je me suis retrouvé profondément accro à cette forme d’expression. Elle est devenue bien plus qu’une simple passion ; elle est devenue un pilier essentiel de ma vie. Je me demande souvent si j’aurais pu surmonter mes épreuves sans elle.

En tant que personne ayant connu le succès dans l’industrie de la musique, quelles sont les leçons les plus importantes que vous avez apprises en cours de route ?

(Rire) Mon objectif ? Chercher encore plus de succès ! Ce que j’ai appris tout au long de mon parcours en tant qu’être humain, c’est l’importance de l’humilité, du travail acharné et de l’écoute attentive des autres. Surtout des critiques, car elles sont cruciales pour notre progression et notre évolution.

Pouvez-vous partager des projets ou des collaborations à venir que vos fans peuvent espérer compte tenu de votre premier projet « massif » ?

Je suis actuellement en plein travail sur mon deuxième album, qui est pratiquement finalisé. Sa sortie est prévue pour la fin de cette année 2024, et mes fans peuvent s’attendre à quelques surprises. Quant aux collaborations, je préfère réserver la surprise aux mélomanes, mais je peux déjà annoncer des collaborations de grande envergure avec des artistes renommés du Kenya et d’autres pays. En termes de projets, je prévois plusieurs prestations et concerts. D’ailleurs, le 6 AVRIL 2024, je convie chaleureusement mes fans à me rejoindre lors d’une SOIRÉE DANSANTE BAL MASQUÉ, où je partagerai la scène avec d’autres artistes, notamment MANI BELLA, la star camerounaise.

Pouvez-vous nommer un artiste kenyan qui vous a tenu la main ou qui vous a influencé de quelque manière que ce soit pendant votre séjour ici ?

Lors de mon séjour au Kenya, j’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreux artistes du gospel, et beaucoup d’entre eux sont devenus de bons amis, en grande partie grâce à EKO DYDDA, comme je l’ai mentionné précédemment. Il m’a présenté à des personnalités influentes de son cercle d’amis. Cependant, c’est au moment où je commençais à tisser des liens avec eux que j’ai dû quitter le Kenya pour poursuivre mes études ici, en France. EKO DYDDA a joué un rôle majeur dans ma passion pour la musique et m’a permis de faire de grandes scènes au Kenya.

Je tiens à profiter de cette opportunité pour lui exprimer toute ma gratitude… Peut-être pense-t-il que ses actions étaient insignifiantes, mais pour moi, elles ont réellement changé ma vie. Je ne peux pas non plus oublier NAMELSS, que j’ai souvent croisé lors de concerts et qui m’a prodigué de précieux conseils à chaque fois. Son soutien et ses encouragements m’ont poussé à persévérer dans ma voie, à poursuivre mes passions. Ainsi, j’espère que ces deux artistes exceptionnels seront fiers de voir mon nouveau projet et les efforts que je déploie, fiers de ce que je suis devenu.

Enfin, comment espérez-vous utiliser votre plateforme et votre influence pour avoir un impact positif sur le monde, en particulier pour les réfugiés et les communautés marginalisées ? Je considère la musique comme un moyen de permettre aux gens de retrouver la joie de vivre et de réaliser que tout n’est pas perdu. Tant que nous respirons, il y a de l’espoir pour un avenir meilleur. Chaque fois que possible, j’apporte mon aide aux enfants réfugiés en leur offrant un soutien financier pour leurs études ou pour certains de leurs besoins personnels.

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