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LE BOME FRANCOIS « HUISSIER DE JUSTICE » BIENTOT RETIRE DU MARCHE CAMEROUNAIS

L’Ordre National des Pharmaciens du Cameroun (ONPC) vient de monter au créneau à l’issu de la rencontre tenue le 9 mai dernier avec le ministre de la Santé Publique du Cameroun pour exiger le retrait immédiat du marché camerounais du célèbre « Bome François », un médicament traditionnel très prisé. Les raisons évoquées par l’ordre sont multiples, le non-respect des normes de fabrication, après une série de contrôles et d’analyses approfondies, il apparaît que le « Bome François » ne respecte aucun des standards de qualité, de sécurité et de traçabilité exigés pour tout médicament distribué sur le territoire national,  auxquels s’ajoutent des soupçons sur la composition exacte du produit, dont la formule reste un mystère bien gardé par son concepteur.

François EKOUMA  le « Docteur Bome » comme l’appellent affectueusement ses clients, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une polémique qui risque de ternir durablement son image ; lui qui avait bâti sa réputation sur son accessibilité, son écoute et ses tarifs défiant toute concurrence, se voit aujourd’hui accusé de mettre en danger la santé de ses concitoyens avec un produit opaque et potentiellement dangereux.

Un coup dur pour ce naturopathe autodidacte, qui revendique plus de 30 ans d’expérience dans le traitement des affections les plus diverses, tels que le paludisme, le  diabète en passant par les troubles de l’érection. Une success-story à la camerounaise, qui avait fait du « Bome François » un véritable phénomène de société, plébiscité par toutes les couches. Pour la petite histoire en date du 2 mai dernier le Président de l’Ordre National des Pharmaciens du Cameroun  le Dr NANA Franck, reçoit en audience le promoteur de Bome François,  M. François Désiré Ekouma ANANGA par ailleurs Président Directeur Général de la société François Santé. Cette rencontre avait pour objectif de discuter de l’accompagnement de l’ONPC dans la mise en conformité du produit Bome François avec la réglementation pharmaceutique en vigueur au Cameroun. À l’issue de cette audience des recommandations pour une meilleure mise en conformité ont été formulées :

* La désignation d’un pharmacien interlocuteur au sein de la société François Santé.

* La collaboration avec le Professeur Nnanga Nga pour identifier le pharmacien ayant le profil requis pour ce rôle.

* Une communication claire auprès du grand public sur l’usage de Bome François, notamment en indiquant que le produit ne doit pas être administré aux enfants âgés de moins de 6 ans.

* La mise en place d’une agence de distribution pour que le médicament quitte le circuit informel et soit commercialisé dans le circuit formel après son Autorisation de Mise sur le Marché.

* La constitution d’un dossier de demande d’homologation du produit auprès du Ministère de la Santé Publique, en vue de son examen par la Commission Nationale d’Homologation des Médicaments et des Produits Médicinaux Traditionnels Améliorés.

* La visite de l’usine de fabrication de Bome François pour se rassurer de la matière première, du processus de fabrication, et du respect des normes. 

En résumé L’ONPC s’engage à accompagner François Santé. Pourquoi en espace de quelques jours l’étau se resserre entre les deux parties.  Au-delà du seul cas du « Docteur Bome », c’est tout le système de santé camerounais qui se trouve interrogé par cette affaire. Car si des produits comme le « Bome François » rencontrent un tel succès, c’est bien parce qu’ils viennent combler les failles béantes d’un système de soins à deux vitesses, qui laisse sur le carreau les populations les plus vulnérables.

Des hôpitaux sous-équipés, personnel médical en sous-effectif, médicaments hors de prix, autant de maux bien connus qui poussent des millions de Camerounais à se tourner vers la médecine traditionnelle, au risque parfois de tomber sur des charlatans ou des produits frelatés. Une situation explosive, qui appelle une réaction forte des autorités sanitaires pour endiguer les dérives et restaurer la confiance. Néanmoins cette annonce suscite d’énormes réactions chez les consommateurs, qui affirment avoir trouvé satisfaction après avoir utilisé le produit.

Vendu pour la somme de 500 FCFA, le Bome François, selon son producteur, soigne pas moins de 200 maladies telles que le rhume, les maux de tête, les maux de nerfs, la fatigue…Cet affaire doit servir de déclic, il est temps de mettre de l’ordre dans la jungle des médicaments traditionnels, en imposant des normes strictes de fabrication, de contrôle et de traçabilité. Mais aussi de repenser en profondeur notre système de santé, pour le rendre plus juste, plus accessible et plus efficace. En attendant la réaction officielle du ministère de la Santé publique, ce serait un véritable coup dur pour la marque et les consommateurs.

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