Cette interview il y a longtemps, je l’ai réalisée, la diffusion n’avait été faite comme je l’espérais, l’artiste est toujours là et elle souhaite une ample diffusion ce que je ferai maintenant. Il s’agissait donc de la chanteuse M.Julie. Autrefois danseuse et chorégraphe, très connue dans le cercle du ballet national du Cameroun. M JULIE au moment de notre rencontre à l’époque préparait la sortie de son nouvel album intitulé « United Soliers.» Un album explosif, mais moderne. Cette percée dans le monde du show-Biz par celle qui a connu un remarquable parcours, aujourd’hui, c’est le site Afriksurseine qui actualise la rencontre et remet en ligne une interview qui fut riche en enseignement.
Bonjour M Julie et merci de nous accorder cette interview. Après avoir énormément tourné comme danseuse, peux-tu te présenter à nos internautes ?
Bonjour, je suis une ancienne danseuse du ballet national Camerounais, qui a fait ses preuves avec neuf sélections. J’ai porté le drapeau du Cameroun durant plusieurs carnavals et festivals.
A l’époque de notre rencontre, tu préparais la sortie d’un album. « United Soldiers » peux-ton savoir comment le public a accueilli cette chanson ?
L’accueil fut impressionnant. C’était une chanson qui avait pour objectif de conscientiser notre peuple à l’unité. Il a fait long feu et j’ai été satisfaite par l’accueil chaleureux de mes fans. J’ai fait de nombreuses tournées en Afrique et en Europe. Vous pouvez trouver la chanson sur Youtube et apprécier.
Le public aimerait connaître ton parcours comme danseuse d’abord et surtout savoir pourquoi tu as laissé la danse pour la musique ?
Comme on le sait, avant j’étais danseuse au ballet national du Cameroun. Ici, j’ai eu l’opportunité de voyager et de m’afficher en tant que danseuse un peu partout dans le monde ! Je suis d’avis que la danse va main dans la main avec le chant, et donc j’ai tenté ma chance dans la musique.
Les danseuses sont généralement peu connues du grand public, parce qu’elles surgissent sur la scène, donnent leur prestation et disparaissent. La danse et la musique, sont-elles vocationnelles chez toi ? Est-ce pour se faire connaître du grand public que tu préfères chanter à présent ?
-A vrai dire, j’ai de tout temps dansé avec des stars, et à force de les voir sur le devant de la scène, je me suis demandée « pourquoi pas moi ? » ; c’était l’occasion de tout changer. Au fil du temps, j’avais de plus en plus envie d’être au premier plan, donc à chanter au lieu d’être pour danser. Danser, c’était mon rêve de base, chanter est devenu ma passion continuelle.
Peux-tu nous parler de ton style de musique et les influences qui ont bousculé ton instinct musical ?
Mes influences viennent des musiques traditionnelles du Cameroun (afro-bantou) que j’ai connues, avec des influences sud-africaines, je regroupe l’aspect ancestral de mon pays avec une touche de modernité (afro-beat).
Dans ton premier album, tu écris un titre «Duma Mandela» c’était une déclaration de ta flamme à Madiba ? Sa vie, a-t-elle marqué l’écriture de cette chanson ?
-Bien sûr, Madiba a été une puissante source d’inspiration pour ma musique en général. Pour le monde, aussi, c’était un grand modèle, voilà pourquoi cette chanson a ce titre-là (Duma = Dieu, ici ce n’est pas dans le sens Divin, mais dans le sens de Grand Sage ou Grande Inspiration). -C’était surprenant, l’ambiance qu’il eue autour avec des retours positifs, ça donnait l’impression d’avoir accompli ce que je souhaitais faire en la chantant.
Cette chanson s’accompagne d’ailleurs d’un excellent clip très créatif qu’on trouve sur YouTube. Il n’en fallait pas plus pour susciter une grosse attente autour de toi ; pourquoi après cet album il y a eu un long silence qu’on qualifierait de mélancolique ?
-Ce silence, ce n’était que le temps de préparation pour les prochains titres, il me fallait l’inspiration en ces temps qui peuvent être difficiles, et je voulais être bien prête pour mon prochain album plutôt que d’y aller au feeling, ce qui pourrait ne pas me plaire.
Dans le titre Duma Mandela, tu mets en scène des danseuses et des danseurs avec des tenues particulières qui rappellent les rythmes sud-africains, c’était pour casser un peu les codes de la musique bantoue ?
Pour le coup, non. J’ai varié les styles de tenues comme pour unir l’Afrique, je n’entends pas faire du communautarisme alors que des figures importantes dans TOUTE l’Afrique m’ont inspiré. Si je me limitais à une seule culture africaine dans mes designs, ça serait comme si je me l’appropriais ; ça ferait bizarre.
Quel est ton regard sur la musique africaine et camerounaise ?
-Actuellement, la musique camerounaise est un peu en baisse, contrairement à une époque récente, où je pouvais qualifier de l’ « âge d’or », notre musique camerounaise avait influencé le zouk , le « coupé-décalé » et d’autres domaines, comme la mode, une autre esthétique quoi. Je pense que la musique camerounaise reviendra à la mode, avec des influences contemporaines nouvelles.
La musique camerounaise, est-elle continuellement au top comme qu’autrefois ?
-La musique camerounaise est parfaitement connue pour son aspect ambiance. J’estime qu’elle est toujours écoutée durant des fêtes ou pour s’amuser. La musique a beau avoir un peu disparu, l’aspect festif de celle-ci est certainement resté et son influence est toujours importante.
Quelles sont les chanteuses camerounaises qui te servent de modèle ?
J’ai côtoyé plusieurs chanteuses camerounaises comme Anne-Marie Nzié, qui avait une voix que je trouvais merveilleuse, ce n’est pas pour rien qu’on la considérait comme la voix d’or du Cameroun. Janet N’diaye, Bébé Manga et Marthe Zambo. Toutes ces grandes dames ont eu une immense influence.
Es-tu une chanteuse engagée si oui quels sont tes combats ?
Je suis une guerrière libérale, je protège ma langue, mon pays, et la mémoire de celui-ci. Je ne lutte pas contre quelque chose, j’œuvre pour la paix.
A quel moment de la vie artistique éprouves-tu le sentiment de faire œuvre d’art ?
Au moment de la production ; quand je fabrique mes costumes ou que j’écris mes chansons, rien que ça, c’est des pièces d’art à part. Ma performance sur scène est également la pièce maîtresse de mon art, se dévoiler dans toute sa grandeur !
Quelles sont les difficultés rencontrées dans ce métier ?
Les difficultés sont immenses, ce n’est pas tout le monde qui a la chance de pouvoir continuer dans l’art : des difficultés techniques, ou financières : on n’est pas forcément accompagnée par son équipe jusqu’au bout en plus d’être auto-édité. Nos studios et notre inspiration ; ils sont tous au Cameroun, donc ce n’est pas aisé de faire les allers-retours.
Dans ces moments de balbutiements démocratiques quel peut-être le rôle d’une chanteuse dans la société ?
Une chanteuse est une porte-parole en général, dans ces moments tendus, c’est encore plus crucial. Elle doit oeuvrer pour adoucir les moeurs avec ses chansons dans les moments de peine.
Jacques Brel disait que « la chanson, c’est un métier de femelle ou d’enfant, on se sent suivi par une masse de gens qui ont le même âge que vous et brusquement, vous avez 40 ans et plus personne n’est là ; il vaut mieux abandonner. » As-tu, auparavant, eu une telle réflexion ?
Je n’abandonne jamais. Je fais de la musique depuis presque plus de vingt ans et jamais je n’ai abandonné, j’ai beau avoir eu des moments rudes, je n’ai jamais abandonné, ma détermination et ma passion m’ont tiré jusque-là, j’ai toujours cru en moi et du moment qu’on a un projet qu’on sent vivre à travers soi, on a plus envie d’abandonner.
En tant que danseuse et chanteuse… Y a-t-il une dimension mystérieuse dans l’art ?
-C’est très mystique l’art, ce n’est pas tout le monde qui le comprend et qui peut le comprendre. S’inspirer de culture et de traditions ancestrales, c’est très spécial comme sensation ; il faut se mettre dans un certain état d’inspiration, quelque chose de personnel.
Cela fait 22 ans actuellement que tu es dans l’art, comment te sens-tu dans le showbiz ? Quel bilan peux-tu dresser après toutes ces années ?
Vu mon expérience et ce que j’ai vécu, je suis bien posé dans le showbiz, je n’ai rien à perdre, et rien ne me ralentit, je n’ai plus qu’à foncer.
Les chanteurs musiciens, brefs les artistes sont-ils des personnes distinctes ?
On a une philosophie de vie distincte, souvent étrange, parce que la renomée est une phase de la vie des stars qu’elles doivent gérer. c’est difficile de revenir dans la vie normale, car tu peux te sentir « star » pour un rien, ça nous impacte beaucoup, et ça nous dérange un peu, tu ne te permets plus certaines choses, car tu te dis que tu te retrouveras sur les réseaux.
Un message à tes fans.
J’embrasse mes fans, vous êtes ma force et mon espoir : je compte sur vous, continuez à me soutenir, car on va y arriver ensemble, je reste votre M Julie ! J’embrasse mes enfants et ma famille, toute mon équipe qui travaille dans l’ombre, mes musiciens, les studios BDA. Les infographes et les managers… On est tous ensemble !
M Julie, je te remercie pour ce temps que tu as bien tenu à m’accorder.
Merci, à toi, ce fut plaisir d’avoir été invitée et interviewée.