Par Michel Lobé
Journaliste Indépendant
Nous avons tous en tête les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à l’horizon 2035. Cet engagement aurait dû galvaniser les pays pauvres, dont l’Afrique, à élaborer des programmes ambitieux pour sortir de la pauvreté et du mal-être qui nous caractérisent. En ce début du troisième millénaire, un discours récurent envahit l’espace médiatique et affole les réseaux sociaux. Le troisième millénaire est celui de l’Afrique. Il est devenu viral, un slogan, une propagande qui nous déstabilise et qui nous éloigne de l’effort. Mais peut-on sortir de la pauvreté par un slogan ? L’histoire moderne de notre civilisation est faite de conquêtes, de réalisations et très souvent de progrès technologiques.
Dans cette affirmative, peut-on dire aujourd’hui, sans sourcilier, que l’Afrique choisit cette voie ? Notre continent, plus particulièrement l’Afrique subsahélienne est très loin du compte. Elle n’a pas fait les bons choix qui s’imposent pour garantir à ses enfants l’exploitation inclusive de ses richesses. Elle s’appuie sur l’Occident et depuis peu sur la Chine et la Russie pour se développer. Face aux nouveaux enjeux de la mondialisation, elle doit prendre en main son destin. L’Afrique subsahélienne continue sa marche en avant en s’appuyant sur des programmes qui, à moyen et long terme, la rendent dépendante de ses courtisans.
Il ne fait aucun doute que sa jeunesse résiliente dénonce, à juste titre, cette faiblesse qui remet en cause nos engagements de développement. Sortir de nos dépendances à l’égard de nos créanciers nous conduirait à des choix ambitieux et nobles. Dans ce contexte, de quoi avons-nous besoin ? Nos priorités, pour sortir du marasme économique, démocratique et social sont connus de tous :
– Les infrastructures ;
– L’énergie ;
– La sécurité alimentaire ;
– Des institutions solides ;
– L’enseignement du numérique et des sciences de l’informatique, etc.
En priorisant ces conditionnalités qui sont des prérequis, l’Afrique peut et doit transformer en réalités objectives, ses ambitions qui mènent inéluctablement vers une sécurité sociale. Ce climat est propice aux affaires. Il permet de matérialiser les projets de développement. En effet, n’est-ce pas une aberration qu’un continent qui possède 62% des terres arables au monde importe son alimentation de base et exporte le cacao, le café, la banane, le bois et autres épices ? Ce paradoxe est à la source de nos échecs et rien ne laisse croire que nous avons changé notre fusil d’épaule. Nous poursuivons notre marche en avant en bradant nos terres agricoles à des multinationales agro-alimentaires qui produisent et rapatrient leurs récoltes. Nous créons consciemment les conditions de la faim et de la malnutrition de nos peuples.
Les contrats signés auprès des multinationales véreuses par des pouvoirs politiques véreux conduisent inéluctablement à des crises sociales qui se transforment en émeutes de la faim. Plusieurs pays subsahéliens en ont fait les frais. Ces tristes événements se poursuivront tant que les monarchies en place, soutenues par les « ennemis » de l’Afrique, poursuivront leur règne autocratique. Aujourd’hui, l’Afrique est focalisée sur sa sécurité. Elle devrait s’interroger, car cette insécurité est la conséquence des facteurs connus de tous :
– La mal gouvernance ;
– La corruption ;
– Le tribalisme ;
– Le non-respect des institutions, etc.
Ne nous réjouissons pas des slogans qui circulent sur la toile et qui font de ce millénaire une voie royale pour l’Afrique. Nous devons résister à la pression de l’agro-industrie des pays riches. Le développement ne se réalisera que par le travail et non par les voies du saint esprit, des cercles ésotériques, des petites combines décriées et surtout des dirigeants qui prennent en otage le pouvoir du peuple. La sécurité alimentaire est garante de la sécurité économique et politique. L’Afrique a besoin de tous ses enfants pour faire de ce siècle « une nouvelle lumière » qui va éclairer nos chemins. Nous le pouvons tous, sans oublier la diaspora disposée à apporter sa pierre à la construction de cet édifice nommé AFRIQUE.