Par Michel Lobé
Le Nigéria vient d’élire démocratiquement un nouveau président de la république. Cette élection s’est déroulée sans passion, sans violence et sans les influences extérieures. Le pays est habitué à l’alternance politique. C’est le signe d’une grande maturité démocratique pour le Nigéria qui veut être un modèle, un symbole et une vitrine d’une Afrique malade du syndrome du troisième mandat, des successions monarchiques et des mandats illimités. Le président Tinubu parait sincère. Il n’a pas triché pour arriver au pouvoir. Fort de ce crédit, il peut s’exprimer en toute liberté et donner le ton sur sa gouvernance. C’est dans ce contexte qu’il a aussi affirmé que la CEDEAO qu’il préside maintenant va s’opposer aux coups d’états militaires. Quelle noble tâche ! L’Afrique attend de tous ses vœux la concrétisation de ces promesses pour une paix sociale durable, favorable aux investissements et à la productivité. En effet, si monsieur Tinubu a été élu au suffrage universel et que son élection ne fait l’objet d’aucune tâche, il ne peut ignorer que ses confrères francophones sont mal élus. Ils sont au pouvoir par des compromis qui ne relèvent pas de la démocratie participative.
Mais souhaitons bonne chance au président Tinubu. Il sera confronté à des problématiques initiées par la nébuleuse françafrique qui n’est pas disposée à voir son pré carré se prendre en main et s’émanciper. La démocratie ne se décrète pas. C’est un long processus qui permet à un peuple de vivre en paix, en harmonie et de choisir librement ses dirigeants au cours d’un suffrage universel. Ce processus ne se négocie pas. C’est un droit fondamental du citoyen. Si les règles démocratiques sont observées, le pays aspire à la paix sociale. Une constitution est alors élaborée par des parlementaires élus démocratiquement où le pouvoir central et l’opposition s’affrontent pacifiquement. Les idées prennent ici le pas sur l’injustice, l’arbitraire, le népotisme et la gabegie. La démocratie n’est pas seulement piétinée en Afrique de l’Ouest par des coups d’états militaires. Elle est aussi balayée par les coups d’états constitutionnels. En Afrique centrale, les présidents s’éternisent au pouvoir. Quand ce n’est pas le cas, ils transmettre le pouvoir à leurs rejetons. Ces actes antidémocratiques ne sont-ils pas anticonstitutionnels ? Dans l’affirmative, ce sont aussi des coups d’état. Aujourd’hui, la jeunesse africaine aspire à une vie normale avec des dirigeants au service de leur bien-être et de leur liberté. Elle veut scruter l’avenir avec sérénité dans un contexte mondial plein de perspectives.
Si le président Tinubu prend en compte ces aspirations, il aura la caution de toute une jeunesse muselée et qui ne supporte plus son embrigadement. Les résolutions du président Tinubu sont excitantes. Elles augurent d’une nouvelle gouvernance qui respecte les institutions. Le président Tinubu devrait être plus clair sur ses résolutions. Il devra dénoncer tous les coups d’état en treillis ou pas. Les coups d’état militaires peuvent se justifier par la mauvaise gouvernance des pouvoirs en place qui ne supportent pas la critique. Ces présidents mal élus ne tolèrent aucune opposition politique. Les prisons sont remplies de femmes et d’hommes qui ont dénoncé les maux inhérents aux dictatures. Les coups d’état militaires et les coups d’état constitutionnels ne sont pas justifiés si l’alternance est respectée.
Il faut donc combattre sans réserve tous les coups d’état, les successions monarchiques et les mandats illimités. Le président Tinubu devra mieux s’expliquer s’il veut faire adhérer toute l’Afrique de l’Ouest à son projet. Si c’est le cas, c’est l’Afrique toute entière qui est gagnante. Le Nigéria, un géant du continent africain peut-il relever les défis de liberté et de souveraineté qui font de l’Afrique un continent décrié ? Ne doutons pas de la détermination et du projet du président Tinubu. Il sera jugé aux actes. Aidons-le à réaliser un rêve si cher pour pacifier sans armes les états en délicatesse avec leur constitution. Les ennemis de l’Afrique ne sont pas disposés à libérer notre continent. Ce combat est le nôtre, n’en doutons pas. Les multinationales insatiables ne sont pas disposées à lâcher prise. Nous devons, dans ces conditions, adhérer aux combats de libération de l’Afrique confrontée à des guerres internes et externes. Dans tous les cas, l’Afrique est la pauvre victime des mêmes prédateurs qui la saignent depuis des siècles.
Par Michel Lobé Etamé
Journaliste indépendant