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LA GEOPOLITIQUE DE LA DETTE

LA GEOPOLITIQUE DE LA DETTE

Par Yana Bekima

La géopolitique de la dette est un problème planétaire avec un accent plus marqué sur certains pays plus fragiles. A l’heure actuelle, beaucoup de pays se retrouvent dans des situations délicates. Nous irons même plus loin, certains ne peuvent plus rembourser leurs dettes et se mettent dans des situations de cessation de paiement.

Les dettes publiques ne sont pas nouvelles.

Ce qui change aujourd’hui, c’est que les taux d’emprunt ont sérieusement augmenté depuis environ deux ans. Et cela a un impact pour tout le monde. Mais, Pour les États, c’est la fin l’argent gratuit ou de l’argent très peu cher. La période où les taux étaient des fois à 1% et rendaient la charge de remboursement aisée est désormais révolue. A une époque, pas si lointaine, certains pays avaient lancé des projets de  constructions immobilières, d’infrastructures et de génie-civil qui auraient été impossibles sans ces taux extrêmement bas.

Projets pharaoniques ?

 Seuls les pays qui ont les moyens et les deniers pour lancer des projets pourront être suivis par les institutions bancaires ou des Fonds internationaux. On le voit d’ailleurs avec les crédits hypothécaires. Actuellement, les banques rechignent de plus en plus à accepter les dossiers déposés car ces institutions ne désirent plus prendre des risques comme avant. Deux facteurs se cumulent donc : des taux de remboursement qui ont été multipliés et un appétit pour le risque réduit, quasi à néant.

L’emprunt fait partie du quotidien des États

Les États n’ont pas d’autre choix que de se faire aider par des banques pour initier des projets en faveur de leurs populations. Cela ne voudrait pas dire que les États ne vont plus investir. Cependant, certains d’entre eux, plus en difficulté, vont jusqu’à modifier leur stratégie, leur plan d’investissement et surtout le type de projet qu’ils lanceront. Ainsi, ils s’allient avec le secteur privé pour des « Partenariats-Public-Privé » que nous appelons des projets « PPP ».

 De grandes difficultés à l’horizon

L’Afrique et l’Amérique latine sont les deux continents où les pays sont en grave difficultés financières et où les dirigeants n’arrivent plus à rembourser, dans certains cas, les dettes contractées. Ce phénomène n’est pas nouveau plus que la Banque Mondiale en avait déjà parlé dans son rapport de 2022.

Elle avait alors alerté la planète.

A l’époque l’institution internationale alertait sur le fait que des dizaines de pays n’allait plus être capables de rembourser leurs dettes, mettant donc le système financier en grande difficulté. Pire quand on sait que les marchés fonctionnent sur une base de confiance et lorsque les investisseurs n’ont plus confiance en tel ou tel pays, ils s’en vont au plus vite. Cela laisse donc les pays d’Afrique et d’Amérique latine en grande difficulté.

Ce phénomène s’est amplifié avec la remontée des taux d’emprunt.

Et, c’est là que le bât blesse, la Banque Mondiale a aussi alerté en 2023 sur les dettes des PVD (Pays en voie de développement) qui ont explosé. Le remboursement de la dette publique extérieure a été multiplié. En d’autres termes la flambée des taux d’intérêt a accentué les vulnérabilités liées à la dette dans tous les pays en développement. Avec pour conséquences les situations de défaut de paiement souverain. Ces États se trouvent en incapacité de rembourser leurs créanciers.

Tous les pays sont touchés, du plus grand au plus petit.

En prenant l’exemple de l’Éthiopie qui n’a pas honoré son remboursement le mois dernier, alors qu’il n’y a pas longtemps il était encensé pour sa croissance économique. Que s’est-il donc passé ? Déjà, il faut savoir que l’Éthiopie est le second État le plus peuplé en Afrique. Donc tout impact de la dette se fait ressentir sur une plus grande échelle avec plus de ramifications à l’étranger. Mais c’est surtout les contrecoups de la pandémie Covid-19 et de la guerre civile dans le pays qui ont mis l’économie à genoux.  Alors qu’entre 2004 et 2019, la croissance moyenne du PIB/h était à 7%, une croissance vigoureuse qui est retombée comme un château de cartes. Certains analystes se posent d’ailleurs des questions sur la solidité du modèle économique à Addis-Abeba. Autre épine dans le pied, on parle de l’inflation qui touche des records sur place avec des pics à 30%.

Défaut de paiement souverain dans d’autres pays

Deux autres pays, la Zambie et le Ghana, ont eu des difficultés à rembourser leurs dettes, ceci à cause de la pandémie de Covid-19 qui a laissé des traces dans l’économie à tous les niveaux. Ces deux pays se sont lancés dans une restructuration de leur dette. En Zambie on doit remonter en 2020 et au Ghana en 2022 via une initiative du G20 appelé le « Common Framework », mais les négociations piétinent entre créditeurs et débiteurs. Ce qui n’est pas un bon signe pour des futurs défauts de paiement des dettes souveraines sur le continent africain dans un avenir proche.

 Un véritable casse-tête

Il n’y a pas longtemps, La Banque Mondiale soulignait que 60% des pays à bas revenus à travers le monde devrait se retrouver en défaut de paiement souverain. Ce Signal d’alarme dans les pays en voie de développement devrait être mieux considéré dans leur gestion des deniers publics mais aussi dans leurs investissements.

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